Extraits

Tout le temps que j’ai consacré aux reliques attribuées à Jésus, depuis l’Evangile de Jimmy jusqu’à la rédaction du présent texte, en passant par les mois d’enquête, d’obstacles et d’acharnement qui ont donné naissance au film d’Yves Boisset, j’ai été partagé entre la rage de comprendre et le refus d’être manipulé, l’enthousiasme et le doute. L’émerveillement parfois, le malaise souvent.

Ces légers soupçons de censure politico-religieuse mis sur le tapis, revenons à nos trois pièces du puzzle. Où en est-on réellement, aujourd’hui, sur le plan scientifique ? Des biologistes ont donc démontré que le Linceul de Turin, le Suaire d’Oviedo et la Tunique d’Argenteuil présentent un sang du même groupe AB. Le Professeur Danin, de l’Université hébraïque de Jérusalem, a établi que les pollens trouvés sur le Suaire d’Oviedo sont les mêmes que ceux du Linceul de Turin, certains spécifiques à la région de Jérusalem, d’autres antérieurs au VIIIe siècle. Restait à comparer ces pollens avec ceux de la Tunique d’Argenteuil. Restait aussi à confronter l’ADN de ces trois reliques. En 2005, un homme allait tenter cette mission impossible

Sur le trottoir d’une banlieue parisienne, un jeune homme en djellaba porte une croix. – Moins raide, lance une voix au-dessus de lui. Laisse-toi aller en avant. – OK, papa, répond le jeune homme en modifiant sa position dans une grimace. Les passants se retournent, dubitatifs, jaugent avec méfiance la silhouette qui, titubant sous le poids, zigzague entre les pavillons. Ils pensent à une publicité, cherchent les caméras. – Trouve un appui naturel, fils, déplace ton centre de gravité. Penché à son balcon, le grand barbu à lunettes continue à mettre en scène le chemin de croix.

Jésus comme Marie, si ce sont eux, à travers les signes matériels qu’ils nous envoient, nous incitent à reprendre le pouvoir sur la matière qui nous fige ou nous dégrade. Ils ne se contentent pas de violer nos lois physiques pour se faire remarquer : ils nous fournissent les indices et l’élan destinés à nous faire découvrir de nouvelles lois physiques, un nouveau mode d’emploi du monde et de nous-mêmes. Ils nous proposent d’achever notre propre construction, au lieu de simplement détruire notre planète. Ils nous rappellent la métamorphose programmée en nous, mais qu’il nous appartient de valider. Ils nous suggèrent un plan d’évasion, nous offrent les moyens de sortir, si nous le voulons, de nos prisons intérieures – peur de la mort, fanatisme aveugle ou incroyance obtuse, carcan du désespoir, valeurs refuges de l’égoïsme et du rapport de force… Ils nous invitent à nous cloner spirituellement, pour donner naissance à un autre nous-même qui nous prolonge et nous transcende. Ils nous encouragent à désactiver nos gènes-verrous, comme disent les biologistes. Ils nous donnent des clés.

A chacun de trouver, dans son cœur ou son intelligence, les serrures qu’elles ouvrent. p. 176

Juan Diego fut canonisé par Jean-Paul II en juillet 2002. Deux miracles au moins sont obligatoires pour un futur saint, avant de pouvoir instruire le dossier. L’un de ceux qui furent retenus, parmi des centaines d’autres, est celui du 3 mai 1990. Un jeune homme se jette dans le vide, sous les yeux de sa mère, s’écrase la tête la première sur le bitume. On le transporte à l’hôpital, où le diagnostic ne laisse aucun espoir. Fracture à la base du crâne, rupture de la colonne vertébrale : c’est la paralysie totale et la mort imminente. Sa mère se précipite à la basilique de Guadalupe pour invoquer la Vierge et Juan Diego, réputé très efficaces dans les cas désespérés. Sept jours plus tard, le jeune homme se retrouve en parfaite santé physique et mentale, sans aucune séquelle. p. 173

Si Jésus nous incite à le cloner, c’est d’un clonage spirituel qu’il s’agit. Remplacer notre vieux noyau cellulaire par celui qu’il nous offre, et le reprogrammer. C’est déjà au centre de la pensée de saint Paul, éclairée par le grand théologien Claude Tresmontant, qui y voit une « perspective génétique » dont la résonance a pris toute son ampleur aujourd’hui.

« Ne vous conformez pas aux schémas, aux modes, aux idées régnantes de la durée de ce monde-ci, écrit Paul dans sa Deuxième Epître aux Romains, mais métamorphosez-vous par le renouvellement de l’intelligence. »

C’est ainsi que le « vieil homme » doit mourir en nous, afin que naisse l’homme nouveau. Tresmontant y voit le sens de la Résurrection, pour ne pas dire son mode d’emploi. Ce « vieil homme », toujours logé dans notre cerveau, c’est celui de la « première création ». Celui que Paul nomme le « préhominien ». L’homme devait être créé inachevé, afin de croître et de se développer par l’intelligence, le cœur et la foi. Quand Jésus se fait appeler le « Fils de l’Homme », il se définit ainsi comme le prototype de celui que deviendra l’homme à la fin de la seconde création, lorsqu’il aura accompli la métamorphose programmée en lui. p. 159

Je pense aux stigmatisés, ces gens travaillés par le mysticisme qui reproduisent dans leur chair les plaies du Christ – le fait est avéré, constaté médicalement depuis des siècles, et les quelques farceurs qui tentent de le simuler en s’émoustillant sont aisément démasqués : à moins de cacher des clous dans sa manche, on ne truque pas un tel phénomène psychosomatique. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Même si certaines de ces personnes, en toute simplicité, pensent que c’est Jésus qui se glisse en elles pour revivre sa Passion, c’est en fait leur inconscient qui inflige à leur corps, par ferveur imitatrice, les conséquences du martyre. p. 157

Pour eux, Jésus ne se serait pas contenté de nous montrer le chemin d’amour qui mène à Dieu ; il aurait jalonné en sus, à titre posthume, la voie conduisait les scientifiques des siècles futurs aux découvertes sur l’origine et la nature du monde physique que nous appelons réalité. p. 106

Pour eux, Jésus ne se serait pas contenté de nous montrer le chemin d’amour qui mène à Dieu ; il aurait jalonné en sus, à titre posthume, la voie conduisait les scientifiques des siècles futurs aux découvertes sur l’origine et la nature du monde physique que nous appelons réalité. p. 107

Toujours est-il que c(est l'impératrice Irène de Constantinople qui, en 800, aurait offert la relique à celui qu'elle désirait épouser, Charlemagne, lequel refila le cadeau à sa fille Théodrade, abbesse du monastère bénédictin d'Argenteuil. Après la mort de Charlemagne, en 814, un service y fut célébré chaque mois pur le repos de son âme, "en mémoire des bienfaits dont il a enrichi le monastère, et spécialement la Tunique sans couture du Notre Seigneur Jésus-Christ", précise un vieux martyrologe d'Argenteuil.