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Adrien gagna le patio de la résidence. Un chêne-reliquaire, colonisé par un ficus étrangleur qui s’enroulait autour de lui, en marquait le centre. Le ficus évoquait une dent de narval sculptée. L’ensemble figurait un des plus beaux ouvrages de design botanique jamais réalisés. Le chêne-reliquaire servait de tuteur au ficus étrangleur, et leur imbrication dessinait une silhouette humaine. Le ficus produisait une variété unique de fruits qui nourrissaient un essaim de papillons tout aussi unique. Deux fois l’an, les papillons, lors de leur danse nuptiale, s’assemblaient sur l’arbre en un vitrail bruissant qui représentait, stylisé, le portrait du Khan.
Afficher en entierCe n’est pas un vaisseau, c’est un écrin !
Il n’aurait su étayer cette subite certitude d’arguments rationnels.
La question de Luiz le ramena à la réalité. Il rajusta sa robe de chambre taillée dans une aile membraneuse d’aitvaras, dont le sang aurique avait laissé dans le réseau veineux des calligraphies de feuille d’or.
« Ce qui m’a poussé à imiter le Khan, répéta-t-il rêveusement. Est-ce que ça a un rapport avec ma manière de me comporter ?
Afficher en entierIl s’était pris d’affection pour son tatouage-IA au point de l’appeler Luiz, du prénom du musicien dramaturge. Ce qui ne l’avait pas empêché de la doter, comme beaucoup d’utilisateurs, d’une personnalité féminine.
Afficher en entierDepuis cinq ans, Adrien avait adopté ce qu’il croyait être sa forme définitive. Il incarnait le héros mythique du plus célèbre opéra de Luiz Zemon, La Folie du Khan. Non sur scène, mais à toute heure du jour et de la nuit. La chirurgie plastique n’avait pas constitué un obstacle, non plus que la greffe sur son avant-bras d’une IA chargée de lui indiquer son comportement quotidien selon le profil psychologique du personnage d’opéra. La famille d’Adrien comptait parmi les plus hauts dignitaires de Fenua. Elle finançait ses frasques pourvu qu’il se tînt tranquille.
Afficher en entierOn avait cru tout d’abord que l’objet en orbite autour de Fenua était un cargo à la dérive. Or l’épave, recroquevillée sur elle-même, ne ressemblait à aucun appareil répertorié, et sa trajectoire indiquait qu’elle n’avait pas émergé d’une Porte de Vangk. Les vaisseaux fantômes n’étaient pas chose courante. À vrai dire, de mémoire d’homme, le cas ne s’était jamais présenté. C’est pourquoi il n’avait fallu que trente-six heures à la Fédération de Fenua pour décider d’envoyer un orbiteur explorer l’épave.
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