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Nicolas
« Ma sœur et ses amies se présentent au bar pour payer et je leur annonce la note.
—Comme prévu, les desserts sont offerts, nous avons donc trois sandres et trois cafés.
—Encore merci Nicolas, dit Clara en souriant. Je vais avoir besoin d’une bonne sieste digestive après ce repas.
—De rien, ça me fait plaisir, répliqué-je, amusé.
—On te fera un pourcentage au salon cet après-midi, ajoute Anaïs en sortant des tickets restaurant de son portefeuille.
—Je lui en fais déjà un, rétorque Maëva, hilare.
—Eh bien, reprend Anaïs sans se démonter. Je me chargerai personnellement de ton shampoing, tu auras droit à un massage relaxant.
Tout en parlant, elle me donne ses chèques et m’adresse un clin d’œil appuyé.
—Tu vas te calmer ? s’agace Maëva. Mon frère est gay et en couple. Arrête de draguer tout le monde, c’est pénible.
Je rougis violemment alors que Clara et Anaïs éclatent de rire.
—Que veux-tu, continue Anaïs une fois de nouveau sérieuse. Nicolas est trop canon, laisse-moi lui faire du charme.
—Cette meuf est tarée, grogne Maëva en payant sa part.
—Ça, c’est de notoriété publique, ajoute Clara. »
Afficher en entierMartin
« Je n’ai pas le temps de répondre que la tête de Richard apparaît entre nous. Il me regarde, les yeux ronds comme des billes. Il va dire une connerie.
—Attends, t’es homo ? s’exclame-t-il en me pointant du doigt.
J’éclate de rire alors que Baptiste lui claque le crâne.
—Tu écouterais les autres au lieu de toujours la ramener, lui explique-t-il, tu l’aurais compris depuis un moment.
—Wouah, bah ça alors, ça me troue le cul ! reprend Richard. Merde, faut pas que je dise ça ! Si je peux ? Enfin, faut pas imaginer que ça me gêne, hein, je m’en fiche. Non, en fait je ne m’en fous pas, mais j’approuve quoi, j’ai rien contre.
Je me pince le nez, déjà fatigué par toutes les bêtises que Richard va prononcer dans les prochaines heures.
—Je crois que c’était mieux quand il n’avait pas capté, râlé-je.
Pascal et Baptiste sont morts de rire alors que Richard continue ses élucubrations à l’arrière et que je décide d’accepter mon sort. Cette journée, qui avait pourtant bien commencé, est soudain devenue... étrange »
Afficher en entierMartin
- Martin, t’es avec nous ?
Je relève la tête et hausse les sourcils en direction de mon chef d’équipe qui me regarde en souriant.
—Tu disais ? demandé-je, perdu.
—Bah alors Martin, tu rêves ? se moque Richard, un de mes collègues. Une fille là-dessous ?
—Oui, elle a cinq ans, couillon, répliqué-je, du tac au tac. C’est ma nièce.
—Ah merde, mal vu, rétorque-t-il en grimaçant.
—Tu ne crois pas si bien dire, ajouté-je en me marrant.
Pascal, notre chef d’équipe secoue la tête en riant. Je bosse avec ces gars depuis plus de deux ans, mais à part Pascal, personne n’a capté que j’étais gay. Ou alors ils font la sourde oreille. Je ne le cache pourtant pas, mais je ne suis pas non plus du genre à étaler ma vie privée à tout va.
Afficher en entierYanis est un magicien, les plats sont prêts en un temps record. J’apporte leurs assiettes à nos quatre retardataires et remarque que l’un d’eux me fixe de manière un peu trop appuyée. Une vague d’embarras m’envahit. Je leur souhaite un excellent repas en leur adressant un sourire contrit, puis m’enfuis vers les cuisines, l’endroit où je me sens le mieux, en essuyant mes paumes moites sur ma veste. Je lance la plonge pendant que Yanis nettoie son plan de travail.
— Ça va ? me demande mon second. Tu fais une drôle de tête.
Je me gratte le nez avant de me tourner vers lui.
— Un des gars me regarde bizarrement, avoué-je alors.
Ses yeux bleus s’illuminent. Il abandonne sa tâche et s’approche de moi en souriant.
— Et ?
— Et ça me gêne. Il me mate de haut en bas, comme si… je sais pas en fait. Il voulait me bouffer ?
Yanis éclate de rire, ce qui m’agace au plus haut point.
— Quoi ? râlé-je. Y’a rien de drôle. Ce n’est pas agréable de se faire mater de la sorte.
— Si, c’est hilarant, s’esclaffe-t-il. Parce que tu ne t’es même pas dit que tu lui plaisais sans doute.
Là, c’est moi qui me marre. Comment pourrais-je intéresser ce type ? Il a tout d’un apollon, de son visage à son corps qui paraît bien bâti et ferme, contrairement au mien qui rentre plus dans la catégorie, flasque et sans saveur.
— Franchement, ajouté-je une fois calmé. Je ne vois pas ce qui pourrait l’attirer, à moins que ce soit un fétichiste des gros.
Yanis soupire, blasé par ma réflexion avant de retourner à son espace de travail.
— Tu n’es pas gros, me sermonne-t-il. T’as un peu de bide, et alors ? Où est le problème ? T’es un bel homme et si tu ouvrais un peu les yeux, tu te serais aperçu depuis un moment que tu as un petit succès auprès de certaines de nos clientes.
Afficher en entierAlors que je me perds dans mes préparations, je repense à ces dernières vingt-quatre heures et à tout ce qui s’est produit durant ce laps de temps. L’intime conviction que tout se met enfin en place me traverse et me laisse pantelant.
J’espère que rien ne viendra se dresser en travers de mon chemin, car j’ai bien l’impression que je ne suis pas loin du bonheur.
Afficher en entierJe ne peux m’empêcher d’imaginer qu’ils se foutent de moi, je balbutie donc quelques mots pour leur assurer qu’il n’y a aucun souci et me sauve vers mon refuge, leurs assiettes en mains.
Lorsque je passe la porte battante, je me sens si pitoyable que j’en ai envie de pleurer. Voilà pourquoi je suis mieux derrière mes fourneaux. Au moins eux ne me jugent pas.
Afficher en entierSes traits sont fins, il fait à peu près la même taille que moi et semble plutôt bien portant.
Il est à tomber.
Mon cœur bat la chamade alors qu’il réalise que cet homme parfait existe bel et bien et qu’il se tient bien droit devant moi, en train de discuter avec mon chef.
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