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1
La fin de la vie privée
Google vous connaît mieux que vous-même (et cela peut faire mal)
Un rayon jaune et oblique du soleil couchant entra par la fenêtre et tomba sur l’oreiller. Il ferma les yeux. Le soleil sur son visage et le corps lisse qui touchait le sien lui donnaient une sensation puissante, reposante, de confiance. Il était en sécurité.
Julia se réveilla, se frotta les yeux et s’appuya sur un coude pour regarder sa montre connectée. Dire que c’était parce qu’elle ne la portait pas, un jour de meeting annuel de leur boîte, qu’ils s’étaient rencontrés : Winston, qui avait en horreur la notion de quantified self, était venu vers elle, son verre à la main, en constatant qu’elle portait une montre bijou à l’ancienne. Il lui avait dit : « Il y a cinq cents personnes ici, mais je crois que nous sommes les seuls, vous et moi, à penser qu’un être humain, ce sont des qualités, pas des quantités… » La méprise était totale : Julia portait ce jour-là son bracelet connecté à la cheville, et elle n’avait même pas compris son jeu de mots. Mais peu importait : entre eux, l’amour était né au premier regard.
— Waouh ! 20 h 30, déjà. J’aurais préféré ne pas m’endormir.
— Je ne t’ai pas quittée des yeux pendant que tu dormais. Vingt minutes tout au plus. Tu étais belle, je n’avais pas envie de te réveiller.
Julia rosit légèrement. Elle secoua la tête, faisant voler sa tignasse de cheveux bouclés.
— Tu veux une bière, Winston ?
— J’ai faim, surtout. Je commande des pizzas ?
— Cool. Tu me prends une calzone ouverte, amore mio ?
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