Extraits

Il apprenait des pièces entières, se retrouvant dans la peau de Cyrano de Bergerac, de Roméo ou d'Ulysse, déclamant des tirades enflammées sous l’œil imperturbable de l'aigle. Ou bien il sortait la nuit, en douce, pour écrire des poèmes. Bercé par le chant de la mer, assis au bord des falaises abruptes nimbées de la pâle lumière d'une lune débonnaire, il se laissait emporter par la magie du décor.

Un jour, la terre pleurera, elle demandera grâce et versera des larmes de sang.

Tu devras faire un choix: l'aider ou la laisser mourir;

et quand elle viendra à mourir, tu mourras, toi aussi.

Ils ont banni de l'Archebulle la poésie, le théâtre, le dessin… Ils craignent le gout de la liberté que l'on peut y découvrir.

"Après quelques instants de contemplation, elle repartir en soupirant. Le climat artificiel et aspetisé de l'Archebulle lui pesait. Elle rêvait d'un contact physique avec ces phénomènes météorologiques qui semblaient la narguer au-dehors. Elle aurait tant aimé laisser ruisseler sur son visage cette eau douce qu'elle goûterait du bout de la langue. Elle aurait tant aimé savourer la caresse du vent farouche dans ses cheveux, découvrir sa fraîcheur plutôt que de respirer chaque jour un air recyclé. Elle aurait tant aimé explorer ce vaste océan inconnu dans lequel flottait l'Archebulle plutôt que de plonger dans la mer intérieure, toujours trop calme, qu'aucun vent furieux ne tourmenterait jamais. Elle aurait tant aimé dorer sa peau au soleil sans le filtre du champ de forces...Oh! Bien sûr, il était toujours possible de contemple, grâce à la transparence du dôme énergétique, la couleur du ciel, les éléments déchaînés, le scintillement des étoiles. Mais Natanae rêvait d'être autre chose qu'une simple spectatrice de la beauté du monde extérieur. Elle rêvait de vivre à l'air libre..."