Extraits

C'est une vérité admise que ceux qui ne connaissent pas l'histoire sont condamnés à la répéter. Je ne crois pas que le fait de connaître puisse nous sauver. Ce qu'il y a de constant dans l'histoire c'est la cupidité et la bêtise et un amour du sang et c'est une chose que même Dieu - qui connaît tout ce qui peut être connu - semble impuissant à changer.

Pour moi c'est plutôt à un spectacle de marionnettes que le monde m'a toujours fait penser. Mais quand on regarde derrière le rideau et qu'on lève les yeux pour voir jusqu'où remontent les ficelles on s'aperçoit qu'elles aboutissent dans les mains d'encore d'autres marionnettes qui tiennent elles-mêmes leurs propres ficelles et que ces ficelles-là viennent à leur tour de plus haut et ainsi de suite. Dans ma propre vie j'ai vu ces ficelles dont les origines sont en nombre infini mettre en scène la mort des grands hommes dans la violence et la folie. Mettre en scène la ruine d'une nation.

Et une profonde conviction qu'on ne peut pas prouver quelque chose tant qu'on ne l'a pas fait saigner. Les vierges, les taureaux, les hommes. Dieu lui-même pour en finir.

Les cicatrices ont l'étrange pouvoir de nous rappeler que notre passé est réel.

Dans un monde idéal le bavardage des oisifs seraient sans conséquence.

Si le destin est la loi alors est-ce que le destin est aussi soumis à cette loi ?

Quand j'étais étudiante j'ai fait de la biologie. J'ai appris que pour faire leurs expériences les savants prennent un groupe - de bactéries, de souris, d'humains- et soumettent ce groupe à certaines conditions. Ils comparent les résultats avec ceux obtenus sur un deuxième groupe qui n'a subi aucune modification. Ce deuxième groupe s'appelle le groupe témoin. C'est ce groupe témoin qui permet au chercheur de mesurer l'effet de son expérience. De juger de l'importance de ce qui s'est produit. Dans l'histoire il n'y a pas de groupes témoins. Il n'y a personne pour nous dire ce qui aurait pu se passer. On se lamente sur ce qui aurait pu se passer mais il n'y a pas d'aurait-pu-se-passer. Il n'y en a jamais eu.

Les liens les plus étroits que nous connaîtrons jamais sont les liens du chagrin. La communion la plus profonde est celle de la douleur.

Que c'est toujours à soi-même que le lâche renonce en premier. Après cela toutes les autres trahisons deviennent faciles.

Il peut y avoir une part de mal chez un homme. Où l'a-t-il attrapé? Comment se l'est-il approprié? Non. Le mal est une chose tangible au Mexique. Il se déplace de ses propres pattes. Peut-être q'un jour il viendra vous rendre visite. C'est peut-être déjà fait.