Extraits

— Nous voulons que tu guérisses au plus vite pour revenir à la maison, ajouta Eric.

— Encore quelques jours, acquiesça Dav. Mais si je suis ici en train de dormir, vous devez rentrer et dormir dans votre lit. Arrêtez de dormir ici.

— Du moment que ton état n’empire pas, dit Eric.

— Mon état n’empirera pas. J’ai envie de m’endormir dans vos bras.

— Seulement de t’endormir ? le taquina Eric avec un regard lubrique.

— C’est tout ce que je serais capable de faire pendant un temps, mais je peux admirer.

Richard trembla à l’idée de faire l’amour avec Eric pendant que Dav les encouragerait. Il savait exactement comment cela allait finir. Dav commencerait par regarder, mais très vite il ferait une suggestion, puis une autre, et la minute suivante, il orchestrerait le tout et ce serait tout bonnement incroyable.

— Ne fais pas de promesses alors que tu vas rester dans ce lit pour Dieu sait combien de temps.

— Vous n’avez pas besoin de moi pour baiser comme des bêtes.

— Non, Richard l’a déjà prouvé, dit Eric d’une voix sensuelle.

Richard tendit sa main au-dessus du corps de Dav et serra celle d’Eric. Dav retira sa main de celle de Richard et la posa au-dessus de leurs mains jointes.

— Bien. Retournez à la maison et prouvez-le encore une fois. Vous pourrez tout me raconter demain.

Eric laissa échapper un rire bref.

— Tu vas critiquer notre technique ?

Le sourire de Dav apparut doucement sur son visage, espiègle et bien trop tentant.

Apparemment, Eric pensa la même chose, car il se pencha et l’embrassa délicatement. Quand il se redressa, Richard l’embrassa à son tour. Après avoir passé une semaine à craindre qu’il n’ait plus jamais cette chance, il eut du mal à ne pas approfondir le baiser, mais il ne voulait pas déclencher une alarme et pousser le médecin à remettre Dav sous thérapie ventilatoire. Il voulait que son partenaire se rétablisse.

Eric baissa les yeux sur ses mains tremblantes. Même s’il voulait fuir, il ne pouvait pas le faire dans cet état. Il n’était pas certain de pouvoir se lever vu la manière dont son corps tremblait.

Il prit à nouveau une profonde inspiration et se concentra sur le souvenir qui lui avait permis de se calmer ces quatre dernières années : sa première nuit avec Richard et Tim.

Durant un instant, la voix de Tim fit taire celle qui lui disait de fuir ; il lui expliquait que Richard et lui étaient ensemble et que s’il voulait être avec lui, il devait aussi accepter d’être avec Richard. Eric n’avait pas eu le temps de répondre parce que Richard était apparu devant lui, avait réitéré l’offre et l’avait embrassé comme Eric en avait rêvé depuis des années.

Il aime assez Tim pour céder à la moindre de ses envies, même celle d’être avec toi.

Non, Richard l’avait aussi désiré. Il avait voulu l’embrasser et Eric lui avait rendu son baiser parce qu’il n’avait pas pu résister à cet homme, même si son monde venait de chavirer. Tim s’était ensuite placé derrière lui, le coinçant entre Richard et lui, puis il l’avait calmé d’une simple caresse et lui avait chuchoté à l’oreille combien il avait rêvé du moment où ils se retrouveraient tous les trois. Eric avait alors cessé de penser.

Je dois partir. Ils ne veulent pas de toi. Ils n’ont jamais voulu de toi.

Il eut du mal à retrouver le fil de ses souvenirs. Peu importe ce qu’ils ressentaient aujourd’hui, ils l’avaient désiré. C’était indiscutable. Les trois hommes s’étaient rendus dans les quartiers de Richard et Tim, même si Eric ne comprenait toujours pas comment ils étaient arrivés jusque-là, puis ses deux amants l’avaient déshabillé. Depuis, il avait assez souvent fait l’amour avec eux pour savoir qu’ils échangeaient quelques caresses entre eux, mais durant cette première nuit, il ne l’avait pas remarqué.

Cette nuit-là, il avait eu l’impression d’être au centre de leur attention et cela l’avait embrasé comme rien ne l’avait fait auparavant.