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Sur ces mots, il se retourna. Où était passée cette Gabriella Haines ? Elle ne l’avait pas suivi. Sans doute s’était-elle arrêtée près de la cheminée pour se réchauffer. Il rédigea le chèque, le détacha du talon, puis retourna dans la salle de séjour. Et, comme il s’y attendait, il trouva la journaliste devant la cheminée, qui observait le haut plafond aux poutres de bois, où se découpaient des lucarnes. Des lucarnes par lesquelles on voyait les étoiles par nuit claire.
Bouche ouverte, les bras frileusement croisés autour de sa taille, elle avait l’air d’une petite fille perdue. Mais pas question de se laisser attendrir. Même si Gabriella Haines réveillait chez lui des instincts protecteurs.
— Vous savez qu’il n’y a plus de service de ferry pour le continent, ce soir ? lança-t-il.
Elle sursauta et reporta son attention sur lui.
— Je sais, répondit-elle. J’avais pris mes précautions en partant de bonne heure ce matin, mais il y a eu un accident sur le pont Tappan Zee et, en sortant de Boston, je me suis retrouvée coincée dans les bouchons des heures de pointe. J’ai vu que le ferry au départ était le dernier, mais je ne voulais pas renoncer… En renonçant, j’aurais eu l’impression de…
Elle se tut et esquissa un rapide sourire.
L’impression de quoi ? Jamison se surprit à vouloir entendre la suite. Qu’avait-elle donc craint qu’il arrive ? Il prit le temps de mieux observer sa visiteuse. A première vue, dans son tailleur très pro, elle avait l’air de contrôler la situation ; mais à voir ses longs cheveux bruns tout décoiffés par le vent, on devinait que ce n’était pas si simple pour elle.
— C’est curieux, fit-il remarquer, étonné. D’habitude, ils envoient les petites nouvelles pour me harceler.
Or, cette jeune femme n’était pas exactement une « petite nouvelle » — elle devait avoir une bonne trentaine d’années, à son avis.
Elle eut une moue dédaigneuse.
— Croyez-le ou pas, je suis bien la petite nouvelle. Du moins dans ce job.
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