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L'ange Gabriel
Tout a commencé le jour où Elise s’est amourachée du jeune Gabriel. Elle venait de faire la rentrée scolaire en ce mois de sep- tembre 1986, quand un nouveau au village fit son entrée au lycée.
Gabriel n’avait que quinze ans. Les gamines de la classe l’appelèrent bien évidemment « Ange » à cause de son prénom, de son al- lure juvénile et de son visage si agréable à regarder.
Elise, à peine seize ans, fréquentait le lycée du village depuis la seconde.
Gabriel venait d’ailleurs, mais peu importait d’où, il était un vrai bourreau, des cœurs évidemment. Il était le fils du nouveau garde champêtre du village de Saint-Rémi-de-Nor- mandie qui comptait 2200 âmes.
Elise avait une sœur de deux ans son aînée, qui était aussi sa meilleure amie et sa confi- dente.
Justin Gaillou était le maire du bourg. Il était très apprécié, car il n’adoptait jamais une mesure sans le consentement de ses conci- toyens.
Ca faisait dix-huit ans, déjà, qu’il avait épou- sé la petite Claire. Elle avait fait de courtes études de couturière avant de commencer à travailler chez Adam, le tailleur du village. Leur relation fut rapidement concrétisée par l’arrivée de Mireille, née tambours battants en mai 1968, ce qui était tout à fait normal pour l’époque.
Une fille unique n’étant pas suffisante pour le couple, ils se remirent à la tâche. Ils virent à nouveau leurs efforts concrétisés avec l’ar- rivée de leur deuxième enfant, qu’ils appe- lèrent Elise, née en février 1970 soit un peu moins de deux ans après son aînée.
Les Gaillou était très soudés, les filles tou- jours complices et les parents très aimants. Comme jamais, aucune difficulté n’avait en- travé leur relation, la famille menait une vie tranquille et sans embûche.
Bons paroissiens la messe était suivie tous les dimanches et la prière du soir une habi- tude que rien n’aurait pu leur faire manquer.
Les filles avaient fait toute leur scolarité à l’École publique Jules Ferry, le seul établis- sement du village.
Un jour, le père Glorieux, qui était le garde champêtre, ne supporta pas l’omelette aux champignons qu’il s’était offerte à la fin du premier semestre de l’année. Bien qu’il fût un spécialiste en la matière, certains ont eu vite fait de penser que c’était l’abus de pastis associé à la cueillette des bolets qui lui avaient été fatals. Il allait pourtant sur ses quarante années d’expérience à garder la forêt.
Il mourut après qu’il eût passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et que son visage se déformât suffisamment pour que même ses amis les plus proches eussent du mal à le reconnaître dans de telles souffrances.
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