Commentaires

Je dois avouer n'avoir jamais rien lu sur la guerre d'Algérie avant "Des Hommes" (mis à part peut-être les manuels d'histoire du lycée...).

Plus que sur la guerre en elle-même, c'est d'ailleurs la réadaptation à la vie normale des hommes qui l'ont vécue qu'évoque ici Laurent Mauvignier.

Le style est assez particulier, haché, pas toujours facile à suivre. Il n'en reste pas moins que l'histoire est poignante et qu'on attend le dénouement avec intérêt.

Encore une lecture scolaire et celle-ci m'a beaucoup plu, certainement parce que nous avons dû analyser ce livre en long en large et en travers. Nous avons étudié les effets, les moyens et le type de narration/narrateur.

Je dois dire que je n'avais jamais ouvert un livre sur la guerre d'Algérie.

Le style est bien sûr assez particulier et peut sembler rebutant qu'il est haché, mais c'est un effet voulu par l'auteur.

Le langage est bien familier, non soutenu et les personnages singuliers. Je les avait trouvé antipathiques au départ puis j'ai révisé mon jugement.

Il y a des thèmes auxquels on n'avait pas pensé et qui sont malgré tout abordés: le racisme, la vie figée (notamment dans les petits villages).

Plusieurs points positifs pour ce livre : la très belle plume de l'auteur, le thème de la guerre d'Algèrie (il n'y en a pas tant que ça) et la facilité avec laquelle l'auteur peut faire monter la pression en quelques lignes.

Mais j'ai trouvé le récit inégal de très bons moments et d'autres beaucoup moins (surtout la 1er partie).

Une écriture un peu difficile mais un livre profondément émouvant et proche de nous dans l'Histoire

Quand Bernard offre à sa sœur une broche pour son anniversaire, tous se demandent où il a pu trouver l’argent alors qu’il quémande toujours auprès des uns et des autres de quoi subsister. Surprise, interrogation, colère. Personne ne comprend. Aussi quand Bernard pour se justifier s’en prend à Chefraoui, l’Arabe, on le met dehors prestement. Pour se venger des humiliations subies depuis toujours, Bernard commettra un acte violent envers la famille de Chefroui.

Durant la nuit laissée à la réflexion, Rabut, le cousin, insomniaque, retrouve une boite d’anciennes photos, celles de sa jeunesse, celles où ils étaient tous les deux appelés pour les événements en Algérie. Ces photos qui montrent des instants de joie, de jeux, d’insouciance alors que la vérité est autre : la vermine dans les chambres, la nourriture infecte, les corps mal soignés, la monotonie de la vie au camp, la peur pendant les gardes de nuit, les villages détruits et brûlés, la violence de quelques uns, l’incompréhension, la mort. Les photos ne racontent pas ça, les jeunes ne racontent pas ça quand ils reviennent. D’ailleurs personne ne veut les écouter. Ce n’est pas une guerre qu’ils ont vécu, en tout cas pas la première ni la seconde guerre mondiale. Là c’était autre chose !

Dans le traumatisme et la solitude, Bernard ne voudra pas reprendre sa vie de paysan. Il partira à Paris en compagnie de Mireille si belle et riche en Algérie, si commune et pauvre en France. Désillusions. Mais comment vivre avec le passé ? Comment commencer à vivre quand la jeunesse a été perdue dans un camp où l’odeur de la mort supplante tout ?

Rabut raconte, avec ses hésitations, ses phrases qui ne se terminent pas car les idées, les impressions s’enchaînent sur autre chose. Rabut parle, n’explique pas, ne comprend pas tout. Car que faut-il comprendre dans l’absurdité du monde ?

Ma seconde lecture de l'auteur d'origine tourangelle, dont j'avais beaucoup apprécié "Continuer".

Pour ce roman, je resterai plus mitigée. Je me suis sentie un peu trop oppressée par la plume et le rythme du récit, et c'est surtout la seconde partie du livre qui a retenu mon attention. Un récit percutant qui parle du traumatisme de la guerre (d'Algérie), de la brutalité des hommes, de la rancoeur, et d'une impossible résilience...

Une écriture extrêmement ciselée et incarnée, mais à laquelle je n'ai pas totalement adhéré.