Extraits

Il approuve. Il n’a jamais critiqué mon boulot. En même temps, sans mon génie, ce groupe n’existerait pas. C’est moi qui ai lancé ce pari stupide lors d’une partie de poker et maintenant, nous en sommes là. Notre voyage va peut-être se terminer par l’enregistrement d’un album. C’est notre plus grand rêve, alors j’espère vraiment que Tom va nous décrocher un contrat avec un label. Ce dernier bout de chemin sera décisif pour nous. Si rien n’aboutit, nous retournerons à Seattle et nous reprendrons la route du GreenDay pour donner quelques concerts privés dans le bar où tout a commencé.

J’avance un peu jusqu’au chemin que j’ai repéré et m’élance pour entamer ma course. Mes pieds frappent le sol accidenté, mon rythme cardiaque s’affole. Chaque fois que je ferme les yeux, je l’entends murmurer mon prénom. Il faut que je me ressaisisse : cette nuit était une erreur, ça ne se reproduira plus jamais. J’ai flanché comme un débutant ! Les filles sont juste des coups d’un soir. Me caser ? Jamais !

Soudain, Fender tousse et Terry s’étrangle presque en regardant derrière moi. Je me retourne et reste scotché par ce que je vois. Bordel de merde ! Ma frangine est fringuée comme une rockeuse. Bordel de merde ! Bordel de merde ! Quant à Orhan et sa jupe en cuir, je la lui enlèverais bien pour lui faire un tas de trucs peu catholiques. Ma sœur grimace et esquisse le signe du rock. Elle saute dans les bras de Fender, qui rit à gorge déployée comme un gamin. Orhan m’adresse un petit appel discret de la main. Je hoche la tête pour lui répondre. Elle rougit encore avec violence avant de se concentrer sur ma cadette hystérique qui sautille maintenant dans tous les sens.