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Les événements survenaient par vagues, chacune douchant un peu plus cruellement nos espoirs, mais aussitôt l’alerte passée nous reprenions confiance – après tout, les théâtres jouaient à guichets fermés, les trains et les tramways circulaient, l’écrivain français Paul Morand louait le raffinement de Bucarest dans un livre qui venait d’être traduit et que l’on s’arrachait, les restaurants ne désemplissaient pas et l’on pouvait ignorer les défilés légionnaires en changeant de trottoir.
(p. 78)
Afficher en entierMais plutôt que de m’asseoir, j’avais commencé à ouvrir quelques livres. Tiens, il lisait Proust et Balzac en français, et le Journal de Jules Renard... Camil Petrescu, Max Blecher, Mircea Eliade...
(p. 71)
Afficher en entierJe viens d’arrêter moi-même d’écrire. J’allume une cigarette et je feuillette son [Mihail Sebastian] Journal de l’année 1941, à l’époque à peu près de ce coup de fil :
Cette guerre, avec l’angoisse permanente qu’elle entraîne, a occulté mes vieilles infortunes personnelles, les a remisées à l’ombre. Pourtant, quand je m’en approche à nouveau, elles font encore mal. D’une certaine façon, par une substitution de malheurs, la guerre m’a un peu éloigné de moi et de mes horribles secrets. De plus, elle m’a donné des raisons de vivre et d’attendre – à moi, qui depuis tant d’années n’attendais plus rien.
Ses « horribles secrets ». Que veut-il dire ? Évoque-t-il ce que j’ai deviné de son impuissance à aimer ? De sa peur des femmes qui le poussait à vouloir conquérir celle qui justement était inaccessible ? Toute son œuvre est traversée de cette quête : que tombe un jour du ciel « l’Étoile sans nom ».
Afficher en entier— Le printemps, l’insupportable printemps...
— Pourquoi dites-vous ça ? Le printemps nous montre combien la vie pourrait être joyeuse, et tellement plus généreuse, si les hommes n’étaient pas si bêtes.
Afficher en entier… que Jean-Jacques Rousseau avait eu raison d’écrire que l’homme naît « naturellement bon » et que c’est la société qui « le déprave et le pervertit ».
Afficher en entierC’est un bon camarade, je l’ai constaté à la façon dont son collègue le regardait, il doit être également un bon père et un bon mari – vous auriez vu comme sa chemise était soigneusement repassée ! – et cependant il perd toute humanité lorsqu’il s’adresse à un juif. Mon frère Stefan est pareil. Pourquoi ?
Afficher en entierPuisque la chose avait eu lieu, qu’elle avait horrifié le monde entier, elle ne se reproduirait plus. Ainsi pensons-nous, nous figurant que l’expérience d’une atrocité nous prémunit contre sa répétition.
Afficher en entierPourquoi donc la mort continue-t-elle de nous effrayer quand la vie ne nous offre plus aucune joie ?
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