Extraits

Prenant une profonde inspiration, Meredith se dirigea vers le Roi des Lumières et dégaina son épée. Valérian haussa un sourcil croyant qu'elle s'apprêtait à l'attaquer, mais son visage se marqua rapidement d'incrédulité lorsqu'elle s'agenouilla devant lui et posa sa lame à ses pieds.

— Je pourrai te prouver que tu es ma reine, insista-t-il, refu-sant l’idée que Wrey ait raison. Peu importe lequel de nous deux porte la plus grande couronne, je ferai en sorte que tu sois sur un même pied d’égalité que moi au sein de ma Cour, de la tienne… De toutes les autres Cours du royaume, Mery.

— Tu aimes bien trop me donner des ordres pour me laisser agir en souveraine libre. Surtout que tu es contre la majorité de mes décisions, le taquina-t-elle en tentant de le repousser d’une main pour mettre un terme à leur conversation, mais Valérian refusa de battre en retraite.

— Je ne vais pas lâcher l’affaire, Meredith. Je te veux sur le trône avec moi. Alors, ne crois pas que tu vas me faire renoncer aussi aisément. Je pourrais même aller jusqu’à refuser ton ser-ment d’asservissement pour rétablir la balance si tu y tiens tel-lement…

— Tu ne ferais pas ça. Tu désirais l’Ile Ombrée plus que tout.

— Mon père désirait l’Ile Ombrée plus que tout. Moi, c’est toi que je veux.

Meredith se faufila sur la pointe des pieds jusqu’au lit et, après une courte hésitation, s’y glissa. Valérian remua avec un faible grognement et enroula sa main autour de son cou. Son geste fut si rapide que Meredith cligna des yeux, surprise d’être ainsi étranglée. La peur se répandit dans ses veines, mais cela ne dura pas. Entrouvrant les yeux, Valérian la reconnut. Sa main cessa de lui broyer la gorge pour aller aussitôt s’enrouler autour de sa taille.

— Tu es venue me tuer en fin de compte ? marmonna-t-il en l’attirant contre lui.

Sa voix rendue rauque par le sommeil fit frémir Meredith. Son cœur s’emballa en sentant la chaleur de Valérian se répandre en elle et elle dut se racler la gorge pour parler.

— Bien sûr que non ! Tu as bousillé ma chambre…

— Et ça t’a donné envie de me rejoindre dans mon lit ? Si j’avais su que ça marcherait, je l’aurai détruite à ton arrivée au palais…

Valérian rit faiblement et enfouit son visage dans sa crinière blonde mouillée. Il huma son odeur fruitée et inspira avec un soulagement non dissimulé. Meredith rougit devant son attitude espiègle et elle lui pinça le bras avec une moue sur les lèvres.

— Tu n’as pas intérêt à ronfler ou je te foutrai mon coude dans l’estomac, compris ? lâcha-t-elle, tentant de cacher sa nervosité à l’idée de passer la nuit dans le lit du roi.

— Aucune de mes anciennes amantes ne s’est jamais plainte de mes ronflements.

— Et c’est bien ce qu’une femme a envie d’entendre lorsqu’elle est dans les bras d’un homme, grommela Meredith en levant les yeux au ciel.

— Arrête de me pousser, merde ! s’écria-t-elle en balançant le linge de toilette dans ses mains au visage du roi. Si je me casse le cul, tu crois que je pourrai prendre soin du tien ?!

— Tu y arriveras beaucoup mieux si tu restes dans l’eau, marmonna Valérian en entrant dans la baignoire à son tour. Et puis comme ça, je pourrai te noyer aisément si tu insinues encore une fois que Carther est un meilleur amant que moi.

Avec un faible rictus, Valérian lui renvoya le linge et s’installa dos à elle. Puis, il attendit. Meredith haussa un sourcil face à son soudain silence. Est-ce qu’il lui faisait encore la tête parce qu’il était jaloux de Carther ? La Reine des Sombres ne savait vraiment pas d’où il avait sorti cette idée qu’elle entretenait une relation avec le chef de sa garde lorsqu’il était au palais, mais visiblement Valérian ne voulait pas lâcher l’affaire avec cette histoire.

— Et bien ? soupira ce dernier au bout de quelques secondes. Tu vas prendre soin de moi comme une vraie épouse ou est-ce que je dois faire venir de la compagnie dans cette grande baignoire pour me sentir un tant soit peu apprécié en tant qu’homme, Meredith ? Je te préviens, tu n’en sortiras pas, alors tu devras les regarder s’occuper de moi.

— Pourquoi est-ce que j’aurais dû te faire confiance pour m’aider alors que tu ne t’es jamais soucié de ce qui arrivait au peuple de la Cour des Sombres sous le joug de ton père ?

— Parce que je t’avais offert ma loyauté ! beugla Valérian s’agitant de plus en plus face à la défiance de la jeune femme. J’aurais tué tes ennemis non seulement par devoir, mais pour te protéger ! TOI ! MA FEMME ! MA REINE !

— Fous le camp de ma Cour, Carther. La prochaine fois que tu y mets les pieds, mes soldats auront pour ordre de t’abattre à vue.

— Je ne peux pas partir ! s’emporta le fae en forçant sur sa canne pour tenter de le suivre hors de la salle du trône. Pas sans elle ! Il faut que tu libères Meredith ! Dis-moi simplement où elle est et j’irai la chercher moi-même, mais il faut que tu nous rendes notre reine !

À la mention de Meredith, le roi s’arrêta et se retourna vers le conseiller.

— Mon épouse n’ira nulle part, grand conseiller. Tu vois ce lien, fit-il en levant le bras pour montrer à Carther le tatouage doré gravé sur sa peau. Cela prouve qu’elle est à moi. Elle ne quittera pas ce palais. Elle continuera à pourrir là où je l’ai laissée jusqu’à ce que j’en décide autrement !