Ajouter un extrait
Liste des extraits
Au salon de 1800, Marie-Guillemine Benoîst expose un portrait qui fait réagir la critique : il s'agit d'une jeune femme noire drapée de blanc, assise dans un élégant fauteuil comme si elle faisait partie d'une famille aisée. Madeleine est la servante de la belle-soeur de l'artiste, fille de colons de la Guadeloupe, venue vivre en France. Madeleine est théoriquement libre. En peignant une ancienne esclave, Marie-Guillemine Benoîst pose la question de l'égalité des droits, car pour la première fois une femme noire et représentée pour elle-même et non plus comme une servante aux côtés d'un maître ou d'une maîtresse, orgueilleux signe de richesse.
Afficher en entierPeindre la Liberté :
La figure allégorique de la liberté suscite beaucoup d'espoir en période révolutionnaire : d'un côté, c'est une femme aux couleurs de la République, de l'autre elle laisse la place à un génie, la tète surmontée d'une flamme... Pourtant l'allégorie peut aussi prendre une forme plus inattendue, annonçant peut-être les premiers signes d'une émancipation pour tous...
Une liberté bien équipée
L'allégorie de la Liberté de Nanine Vallain, élève de Joseph-Benoït Suvée et de Jacques-Louis David, peinte en 1794, est une figure sans ambiguïté. Vêtue à l'antique, elle tient dans la main gauche une pique surmontée d'un bonnet phrygien, celui de la liberté, et dans la main droit la Déclaration des droits de l'homme, tandis que ses pieds foulent une chaîne brisée. Une urne funéraire, posée au pied de la pyramide, porte l'inscription : "A nos frères morts pour elle". Cette toile, retrouvée dans la salle du club des Jacobins, rend compte de l'engagement de Nanine Vallain, qui croit la liberté à portée de main. La peintre vient d'intégrer la Commune générale des arts, qui remplace l'Académie royale de peinture et de sculpture et qui est, brièvement, ouverte aux femmes. Elle a même l'audace de peindre au-delà des genres conseillés aux femmes, passant avec cette jeune femme aux couleurs de la République de la peinture de genre et du portrait à la peinture d'histoire.
Afficher en entierUn doux vent de liberté parvient tout de même à souffler dans le milieu des arts : en 1791, au nom de l'égalité et de la liberté, par un décret de l'assemblée nationale, il est décidé que le Salon serait désormais ouvert à tous les artistes vivants.
C'est un évènement majeur, puisque pour la première fois le Salon du Louvre n'a ni jury, ni censure : sur le livret les peintres sont nommés puis suivis de la liste de leurs œuvres, on ne se préoccupe plus de savoir s'ils sont académiciens, peintres d'histoire, ou de natures mortes. Les femmes y sont six fois plus nombreuses qu'en 1789 et, parmi elles, on trouve Gabrielle Capet, les sœurs Laville-Leroulx , Aimée Duvivier, Rose Ducreux et Marie-Geneviève Bouliard, qui y fait ses débuts. Ce ne sont pas moins de vingt femmes - peintres et sculpteuses confondues - sur les 172 artistes qui exposent au Salon .
Afficher en entier