Extraits

— Putain, est-ce qu’il va s’en sortir ? murmurai-je entre deux sanglots.

— Oui, répondit Balto sans me regarder.

— Comment le sais-tu ?

Il se tourna vers moi en positionnant la perfusion près du lit.

— Parce qu’il a une raison de vivre.

— On ne choisit pas qui on aime. Je sais que c’est dur. Mais on ne choisit pas qui on déteste non plus.

— Dis-moi que tu m’aimes.

Je soutins son regard et sentis mon souffle accélérer. Soudain, ce fut comme une révélation. Toute la colère que j’avais nourrie envers lui avait disparu, comme si je lui avais déjà pardonné sans rien dire. J’éprouvais de nouveau chaque émotion avec dix fois plus d’intensité ; les braises de mon âme étaient redevenues une fournaise. Toute apathie s’envola, et je pus alors tout ressentir…

— Je ne t’ai pas dupée… Je t’aime.

— C’est ça, oui, fis-je en levant les yeux au ciel.

— Mais c’est vrai…

— Un homme comme toi est incapable d’aimer. Tu n’aurais jamais fait de mal à mon père si tu n’étais pas diabolique.

Il me regarda sans rien dire pendant plusieurs secondes.

— Tu as raison. J’étais incapable d’aimer. Jusqu’à ce que je te rencontre.

— Ouah. Tu m’épates, là.

— Je suis sérieux, siffla-t-il. Je jure devant Dieu que, dès que je t’ai rencontrée, que j’ai posé les yeux sur toi… j’ai changé. Je t’ai libérée parce que tu t’étais frayé un chemin dans mon âme. Je me bats pour toi parce que je sais que ce qu’on avait en valait la peine. Je comprends que tu sois fâchée et que tu aies besoin de temps, mais je veux qu’on arrange les choses. S’il te plaît.

Je lui pris les fleurs et les portai à mon nez pour humer leur parfum. Elles sentaient si bon, l’air frais, comme si l’été était toujours présent. Il me regarda faire, ses yeux bleus rivés dans les miens.

— Tu es mon tournesol.

J’ouvris les yeux et le regardai en serrant les longues tiges.

— Tu es mon été, toute l’année.

Je baissai les fleurs, incapable de comprendre ce qu’il venait de dire. C’était la chose la plus romantique que j’aie jamais entendue, même dans des films, des romans ou n’importe où. Et le fait que c’était un homme austère et froid qui me l’avait dit rendait ce moment encore plus poétique.

À chaque moment de la journée, je me sentais fort mais, chaque fois qu’elle était dans mes bras, je me sentais curieusement faible. Elle était ma perte, les pétales de rose autour de mes épines.