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J’avais quatorze ans, Bart en avait neuf et beaucoup d’eau coulerait encore sous les ponts avant que nous ne soyons des grandes personnes, lui et moi. Leur amour me paraissait très différent de l’amour que se portaient les parents de mes quelques rares amis. Il me donnait l’impression d’être plus intense, plus tumultueux, plus passionné. Quand ils se croyaient à l’abri des regards, ils se dévoraient littéralement des yeux et chaque fois qu’il leur arrivait de passer l’un à côté de l’autre, il fallait absolument qu’ils se frôlent, ça ne ratait pas.
Afficher en entier— C’est donc ça l’idée que tu te fais de moi ? Que je suis tellement semblable à elle ? Tu n’as pas le droit de penser une chose pareille ! J’ai peut-être installé les lits. J’ai peut-être monté le panier de pique-nique. Mais jamais je n’ai songé un seul instant à… à… tu sais bien que je ne ferais pas ça, Chris !
Faire quoi ?
Il l’obligea quand même à jurer, lui arrachant littéralement les mots de la bouche. Pendant tout ce temps, elle ne le quitta pas des yeux et je lisais la colère dans son regard.
J’étais couvert de sueur, j’avais mal, j’étais furieux et terriblement déçu par papa. Qu’est-ce qui lui prenait ? Maman ne ferait jamais quelque chose d’aussi saugrenu. C’était impossible ! Elle m’aimait. Elle aimait également Bart, même s’il lui arrivait parfois de le regarder d’un air chagrin, jamais au grand jamais elle ne nous enfermerait dans le grenier !
Afficher en entierLes enfants appartiennent à leur mère, pas à leur grand-mère.
Afficher en entierC'est comme si nous étions toujours prisonniers dans le grenier sans aucun espoir d'en sortir un jour.
Afficher en entierJ'aurais dû me douter qu'un enfant conçu dans ces circonstances tournerait mal. Tu es un monstre, Bart, et cela me fend le cœur.
Afficher en entierIl y a des moments où j'ai l'impression d'être elle - et je me déteste !
Afficher en entierJe les épié vingt-quatre heures sur vingt-quatre. La nuit, je me glisse dans leur chambre redoutant de les surprendre entrain de faire des choses coupables. Mais non, ils dorment dans les bras l'un de l'autre. Maman n'a plus de cauchemar, c'est fini. Le matin au petit déjeuner, le regard de papa est plus bleu qu'il a jamais été parce qu'il s'est libéré de la fascination de sa soeur.
Je les ai sauvés.
Afficher en entierL’ennui, c’était que je m’étais trop plongé dans le passé et que, maintenant, le passé se réveillait. Je me rappelais un homme brun qui n’était pas Papa Paul. Un homme que maman appelait Bart Winslow. Le prénom et le nom de mon demi-frère…
Afficher en entierUne fois de plus, papa se laissa tomber à genoux mais ce fut pour la prendre dans ses bras avec une profonde tendresse et elle se laissa faire. Il couvrait ses joues blêmes de baisers légers, tentant de la bâillonner de ses lèvres pour l’empêcher de parler.
Afficher en entier— Tu te rappelles le jour de mon mariage avec Paul ? fulmina-t-elle. Tu te rappelles ? Souviens-toi… Quand tu m’as tendu l’alliance qu’il devait me passer au doigt, tu as hésité si longtemps que le pasteur a dû te rappeler à l’ordre à mi-voix. Et tes yeux ne cessaient de m’implorer. Mais je t’ai résisté comme j’aurais dû te résister après la mort de Paul. Espérais-tu qu’il mourrait vite pour avoir ta chance ? Ton vœu a été exaucé, Christopher Doll ! Tu as gagné ! Tu as toujours été gagnant ! Tu attends patiemment en faisant tout ce que tu peux pour gâcher ma vie ! Et tu m’as conduite là où tu voulais – dans ton lit comme si j’étais ta femme. Tu es content ? Dis, tu es content ?
Et elle le gifla à toute volée.
Il recula mais ne dit rien.
Mais elle n’avait pas encore fini.
— Ne te rends-tu pas compte que je ne me serais jamais tournée vers Bartholomew, pour commencer, si tu ne t’étais pas tout le temps interposé entre Paul et moi, si, à cause de toi, je ne m’étais pas sentie coupable de ce que maman nous avait fait ? Alors, il a fallu que je lui vole son Bart bien-aimé, c’était le seul moyen que j’avais de la punir. Et maintenant, après toutes les bontés que Paul a eues pour nous, tu n’as même pas assez de générosité pour adopter une malheureuse petite fille qui sera bientôt orpheline, alors que j’ai tout arrangé sur le plan juridique pour qu’il n’y ait pas d’enquête. Tu veux toujours m’avoir pour toi tout seul. Deux enfants, n’est-ce pas, c’est amplement suffisant !
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