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Il est souvent plus jouissif de rêver d'un objet que de le posséder.
Afficher en entierOn ne va pas chercher la chance. C'est elle qui vient vous prendre. Et elle vous quitte quand bon lui semble, creusant dans son sillage un grand trou dans lequel peuvent se glisser des démons odieux.
Afficher en entier- Tu sais, j'adore les marmots, confia Norman d'une voix douce. Je crois qu'ils arrivent sur Terre tous égaux, avec un esprit pur. De nombreux passages de la Bible rapportent que les bébés naissent sans péché. Ce sont les parents qui créent des monstres. Combien de fois sommes-nous intervenus dans des familles où les maris, les mères parfois, tabassaient leurs enfants à coups de pied dans la figure ? Ces petits êtres ne demandent que le réconfort d'un sourire, la chaleur d'une main. Et que leur apportons-nous ? Nos peurs, notre haine, notre colère. Ils deviennent le miroir cassé de nos propres tourments.
- Tu veux dire que nous créons leurs vices ? Qu'ils absorbent nos défauts ?
- Bien sûr. Tu vois, ma nièce, Sophie, a quatre ans. Un jour, je la regarde s'amuser avec une araignée dans un jardin. Le minuscule insecte grimpe sur son bras et la petite rit comme seuls savent le faire les enfants. Ses gestes sont déliés, délicats, elle a déjà conscience du rapport des forces et de la fragilité des vies. D'un coup, sa mère arrive et se met à hurler, complètement hystérique. Sophie ouvre grand la bouche, ses yeux écarquillés, trahissent son incompréhension. "Que m'arrive-t'il ? Pourquoi maman hurle-t'elle ? Est-ce à cause de cette petite bête ?" La mère saisit alors une serviette, frappe sur le bras de Sophie pour en chasser l'araignée et l'écrase ensuite avec une rage inouïe, ordonnant à sa fille de ne plus jamais approcher d'araignées, que les araignées sont méchantes, dangereuses, et qu'il faut en avoir peur. Il faut en avoir peur, c'est comme ça : je crains les arignées, tu dois les craindre aussi ! Depuis ce temps, Sophie se met à pleurer à chaque fois qu'elle rencontre une fourmi, un scarabée ou une araignée...
Afficher en entierMais une bulle finit toujours par éclater. Aujourd’hui, une start-up fermait chaque heure dans le monde. Les grands groupes industriels, à la chasse aux pertes, s’allégeaient de leurs agences régionales, regroupant les activités sur Paris. Air Littoral, Alcatel, France Télécom… Les Taïwanais qui fabriquaient hier les vêtements concevaient aujourd’hui les programmes informatiques à moindre coût
Afficher en entierNathalie se réfugia dans les bras de son homme. Trouver une solution ? Laquelle ? Voilà deux ans qu’ils avaient arraché le prêt de justesse pour se payer la flamande de leurs rêves, en proche campagne de Lens. Le grand jardin, les dépendances, le tournis des volumes intérieurs. À l’époque, la bulle internet avait porté les informaticiens au rang de demi-dieux.
Afficher en entier— Ne change rien à tes habitudes. Poursuis ta recherche d’emploi et continue à nourrir tes poules. Demain j’ai un entretien d’embauche, je m’y présenterai, comme si de rien n’était. Nous ne sommes jamais allés à Dunkerque cette nuit. On jouait chez moi aux échecs sur internet, comme tous les jeudis soirs
Afficher en entierDes pans d’inquiétude obscurcissaient le visage du jeune papa. Désormais, ce bonheur pouvait s’arrêter à tout moment. Un jour, demain peut-être, les uniformes débarqueraient, le braqueraient, lui écraseraient un revolver sur la tempe. On l’enlèverait à ses chéries pour une éternité de repentir
Afficher en entierLa torche éventra les épaisseurs d’aulnes et d’herbes sauvages. Sylvain tenait le cadavre par les chevilles, Vigo par les poignets. La jambe gauche flottait sans gêne dans la charpente refroidie, comme heureuse d’être enfin libre
Afficher en entierNon ! Faut limiter les risques. Si sa disparition est signalée, des plongeurs vont draguer les environs. Ils le retrouvent et on est cuits ! Écoute, cette route, on se l’est avalée des milliers de fois. On n’a jamais vu un flic après dix-neuf heures. On passe par les départementales, dans les bleds paumés. On se débarrasse de ce… bandit et l’argent nous appartient ! Imagine ! Imagine notre avenir avec une fortune pareille ! C’est la providence divine ! Une chance inespérée ! Finis les entretiens, les factures, les serrages de ceinture ! Pense à ça
Afficher en entieres lèvres pincées, Sylvain bascula le corps sur le dos. Rien ne différenciait le visage inconnu d’une coulée de lave. Ses yeux fixaient le néant, les jambes décrivaient des angles impossibles. — Vi… Vigo ! Viens ! Je crois que ce… ce type est… mort ! Il est mort putain
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