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Extrait
L'institution
J'aime autant vous avertir d'emblée : l'institution de Sainte-Estèphe où vont se dérouler les scènes que vous allez lire n'est pas une institution comme les autres. La première fois qu'on franchissait les hautes murailles d'enceinte et qu'on s'y aventurait, on ne pouvait se défendre d'une étrange impression, ou plus exactement, d'une impression d'étrangeté. C'était, à la sortie de Villeneuve, en pleine campagne, cerné par la garenne, un ancien couvent d'ursulines, avec un parc centenaire, de vastes pelouses, une roseraie, un terrain de sport et des courts de tennis que Mme Grimaldi, la directrice, avait fait aménager à la place du potager où autrefois les soeurs maraîchères cultivaient des poireaux et des carottes. Maintenant, au lieu des bonnes soeurs, on voyait de jolis petits culs bien joufflus cavaler derrière la baballe, sous leur jupette blanche qui voletait au vent, et des nénés plus ou moins généreux s'agiter impétueusement sous les polos Lacoste.
Quant au parc proprement dit, son territoire s'étendait sur une vingtaine d'hectares. C'était une vraie petite forêt enclavée dans la garenne, avec plein de sentiers tortueux qui débouchaient sur des clairières fort discrètes où l'on pouvait aisément jouer à cache-cache, ce dont ne se privaient pas les pensionnaires les plus délurées et les «dresseurs d'épouses» chargés de leur protection. C'était là un lieu clos, à l'abri des regards, une sorte de prison à l'air libre en dehors du temps, en dehors du monde... et n'importe quoi pouvait s'y passer sans qu'on en sache rien de l'autre côté des murs.
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