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Noah avait déjà été embrassé. Il avait embrassé Sarah assez passionnément pour embuer les fenêtres de sa Focus, assez pour lui faire se poser des questions sur l’absence de réaction de son corps, assez pour la faire panteler contre son cou, ses mains cherchant davantage que ce qu’il était en mesure de lui offrir. Il avait embrassé maladroitement, et il avait embrassé avec tendresse. Et il n’avait jamais, jamais rien connu de tel que le fantôme de baiser d’Adrian.
Les lèvres d’Adrian surplombaient les siennes, son souffle chaud lui chatouillant la barbe. C’était plus une invite qu’un baiser.
Le cerveau de Noah était embrumé de sommeil, ses membres lourds et chauds d’avoir été enroulés autour d’Adrian. Enroulés autour d’Adrian ? Oh mince. Il fut soudain davantage conscient, vraiment conscient du pétrin dans lequel il était : les bras d’Adrian qui le tenaient tout contre lui, et sa jambe qu’il avait jetée autour de lui à un moment ou à un autre. Il devrait se sentir mortifié : il avait transformé Adrian en coussin géant.
Mais il ne l’était pas. Il se sentait… bien. Tout était parfait. Presque prédestiné. Et Noah acceptait religieusement ce que le destin lui envoyait : il avait suivi la volonté de Dieu avec la fac, Sarah, Ulysse, Landview et maintenant le sort envoyait Adrian sur sa route. Que pouvait-il faire d’autre que d’accepter cette invitation ?
Il écarta les lèvres, sa langue soulignant la lippe inférieure d’Adrian, reproduisant un geste que Sarah avait fait des douzaines de fois. Adrian émit un léger son animal. Ça, c’était nouveau.
Et la manière dont Adrian le dévora le fut tout autant. Ses lèvres s’écrasèrent sur lui, effaçant tout ce que Noah connaissait sur les baisers en moins de cinq secondes. Les lèvres d’Adrian étaient fermes et impérieuses contre les siennes. Adrian l’embrassa comme s’il était aux commandes. Comme s’il s’attendait à être aux commandes. Et quelque chose s’ouvrit en Noah et dit oui. Oui, comme jamais auparavant. Oui, dans un millier de petits soupirs. Oui, de ses lèvres s’ouvrant pour accueillir la langue d’Adrian lorsqu’il s’empara de sa bouche, de son être.
Le laisser mener était sans doute la chose la plus terrifiante et merveilleuse jamais tentée.
Afficher en entier« On ne devrait pas faire ça » étincelèrent les yeux de Noah en un avertissement, avant que son bras ne s'éloigne du torse d'Adrian. Ce fut son seul geste et il ne produisit pas le moindre son.
« J'ai envie de toi » lui renvoya le regard d'Adrian, plus caressant cette fois. Il laissa Noah sentir son envie, il le laissa voir le désir qui s'était construit ces dernières heures. Ces deux derniers jours, plus précisément. Par le plus grand des miracles, Noah ne tressaillit pas. Lentement, si lentement, comme pour ne pas briser l'instant, Adrian caressa la mâchoire de Noah. Son visage était à quelques centimètres à peine au-dessus du sien maintenant.
« Je vais t'embrasser » lui dit-il d'un regard, de ses doigts caressants et d'un bras ferme passé autour de lui. Toujours aucun tressaillement. Il était possible que Noah soit toujours à moitié endormi. Également possible qu'il ne parvienne pas à lire son intention. Mais le pari le plus sûr était qu'il en avait envie lui aussi, et qu'il voulait Adrian autant qu'Adrian avait envie de lui.
Inclinant la tête, Adrian souligna les lèvres de Noah des siennes.
Et attendit.
Afficher en entierIl pouvait trouver du sexe partout, mais ce qu’il partageait avec Noah ne se trouvait pas tous les jours.
Afficher en entierIl devrait se sentir mortifié : il avait transformé Adrian en coussin géant.
Mais il ne l’était pas. Il se sentait… bien. Tout était parfait. Presque prédestiné. Et Noah acceptait religieusement ce que le destin lui envoyait : il avait suivi la volonté de Dieu avec la fac, Sarah, Ulysse, Landview et maintenant le sort envoyait Adrian sur sa route. Que pouvait-il faire d’autre que d’accepter cette invitation ?
Afficher en entierNoah attrapa un sac de croquettes pour petits chiens, tandis qu’Adrian examinait les différents manteaux.
— Ça ira cette marque ? demanda Noah en levant le sac.
— C’est tellement adorable de ta part.
Adrian lui sourit comme s’il venait de lui offrir des fleurs, ou un autre truc aussi nunuche.
— Il ne peut pas se nourrir que de thon, répondit Noah, la nuque en feu.
Afficher en entierNoah mit le clignotant, le visage plus dur que les contours rocailleux qui se découpaient dans le paysage. Adrian savait que rien de ce qu’il pourrait lui proposer comme fonctionnalités supplémentaires dans Space Villager ne pourrait ébranler cette expression.
Afficher en entier— Le mariage est samedi. C’est aussi leur anniversaire, à elle et à son fiancé.
Adrian prit une profonde inspiration. Autant tout balancer.
— Ça serait tellement romantique si elle n’était pas sur le point d’épouser mon ex-petit ami. Et d’avoir son enfant.
— Ton ex ?
Noah battit des cils.
— Mon petit ami du lycée. On est restés ensemble à distance pendant toute la fac, puis on a fini par rompre. Ma sœur l’a consolé en fac de droit et maintenant, je vais être tonton.
Afficher en entierNoah comprit que le chien allait être pénible à la seconde où Ulysse et lui posèrent un pied à l’intérieur du parc à chiens. Le petit bonhomme – une espèce de chihuahua croisé Pinscher nain affublé d’un manteau jaune et vert – se tenait au centre de la pelouse rabougrie, et aboyait comme un fou. Le seul être humain présent était assis à la table de pique-nique à l’autre bout de l’espace réservé aux chiens. Complètement absorbé par son téléphone flambant neuf, il ne semblait pas remarquer que son chien et ses trois kilos tout mouillés se comportaient comme s’ils étaient de taille à tenir en respect n’importe quelle menace.
Ulysse lança à Noah un regard à la « t’espères vraiment que je fasse comme si de rien n’était ? », et ce dernier resserra son emprise sur le lanceur de balles de tennis. Son chien n’avait jamais bien toléré de partager ses jouets avec des plus petits. Il détacha sa laisse, non sans lui jeter un regard sévère :
— Sois gentil.
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