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Et elle aimerait dire aussi : Nous sommes convaincus que nous décidons de nos vies, mais en vérité nous sommes des vagabonds aveugles qui avancent pas à pas, redécouvrant sans cesse leur propre cécité. Et comprendre pleinement le sens de tout cela revient à accepter quelque chose que la plupart des gens jugeront scandaleux. Seul existe le moment présent, et lorsqu'on se tourne vers les événements du passé, on s'aperçoit qu'ils se sont changés en rêves.
Afficher en entierDétrompe-toi, je suis tout sauf idiot. Tu ne vois pas ce qui se passe autour de toi ? Les nantis, les richards de ce monde, ils se foutent éperdument de ce qui peut arriver au commun des mortels. Tu as vu ce village, hier, comme il était prospère, à l'abri de la malédiction. Et l'arrogance du cocher. Les choses vont ainsi, désormais. Pour les gens comme nous, c'est peut-être la fin du monde, mais eux, ça ne les gêne absolument pas. Tu veux connaître mon opinion ? Les affamés qui errent sur les routes continuent à croire qu'on va leur porter secours. Mais qui va venir les secourir ? Ni Dieu ni les Anglais, assurément, ni personne dans ce pays. L'espoir les fait vivre. C'est le mensonge auquel ils ont envie de croire. C'est l'espoir qui les aide à tenir debout. Qui les convainc de rester à leur place et les empêche de se rebeller. Je vais te dire une chose : moi, je n'espère rien. Je n'ai aucun espoir de rien, parce que espérer te rend dépendant des autres. Et moi, je veux fabriquer ma propre chance. Je crois que les règles ont cessé d'exister. Nous sommes totalement seuls, maintenant. Puisqu'ils ont décidé de nous laisser nous débrouiller, c'est exactement ce que nous allons faire. Et nous devons rester debout pour affronter tout ça. Je crois que si je veux obliger cette foutue voiture à s'arrêter ou à sortir de la route, je suis capable d'y arriver. Je le crois sincèrement. Il n'y aura qu'un gagnant dans l'affaire, eux ou moi. Et je compte bien remporter la partie — comment pourrais-je vivre, sinon ? Ce qui se passe en ce moment ressemble parfaitement à la fin du monde, la seule différence, c'est que les riches continueront à vivre sans souffrir. Les dieux nous ont abandonnés, voilà mon idée de la situation. Et le temps est venu que chacun devienne son propre dieu.
Afficher en entierC'est peut-être cela, grandir. Apprendre les choses qu'on vous a cachées. Que la réalité du monde réside dans ses mensonges et ses tromperies ; dans tout ce que l'on ne peut pas voir, dans tout ce qui échappe à notre connaissance. La voilà, la réalité du monde. Et l'unique bonheur d'une vie est le temps de l'enfance, quand on est encore plein de certitudes.
Afficher en entierRègle numéro deux, ne te presse jamais sur la route. Ça ne sert à rien d'avancer à toute allure, vu que l'homme qui se hâte passe à côté de sa vie. Tous ces gens qui sont nouveaux sur la route, on voit bien qu'ils n'y connaissent rien. Ils marchent en aveugles. Alors que si tu ralentis le pas, ça te permet d'écouter le bavardage des arbres et des oiseaux, il y a peut-être quelque chose à apprendre là-dedans.
Afficher en entierUn fourmillement sur sa peau – comme le chatouillement d’un insecte qui se déplace dès qu’on se gratte. Elle se demande si elle n’a pas attrapé les bestioles de Clackton, mais non, ce n’est que la sensation de la crasse et de la sueur séchées. Tu pues le bouc, se plaint Colly. Quand est-ce que tu t’es lavée pour la dernière fois ? Tu sens à peu près comme le cul d’une vache. Si maman était là, elle te flanquerait à l’eau, toi et tes fesses crotteuses
Afficher en entierUn sentiment d'apaisement qu'elle n'avait pas goûté depuis bien longtemps, l'impression passagère de n'être nulle part, de pénétrer à chaque pas dans une forme d'absence. Comme si l'on abritait entre ses mains un oiseau effrayé qui retrouve la paix.
Afficher en entierPouvoir disparaître de la surface de la Terre sans que quiconque s'en aperçoive.
La liberté, c'est ton âme dans le vide de la nuit.
C'est ce noir aussi vaste que ce qui retient les étoiles et tout ce qu'elles dominent, et qui pourtant semble n'être rien, n'a ni fin ni commencement et pas non plus de centre.
Afficher en entierElle courbe l'échine pour déplacer le chargement de pierres, et ses doigts deviennent des rubans déchirés, ses épaules deux oiseaux hurleurs.
Afficher en entierSous le soleil glacé, elle voit les muscles des chevaux ondoyer sous leur robe comme des diaprures de lumière à la surface d'une rivière fougueuse.
Afficher en entierLà-dessus, Mc Nutt s'engouffre dans la maison tel un ouragan, terrasse l'homme d'un coup de poing et entre comme chez lui en coqueriquant.
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