Extraits

-Tu crois que j'aurais imaginé faire ma vie avec un Américain buté? Mais Blake est mon homme.Tout comme Juliet est la femme faite pour toi.

Il l'embrassa sur la tempe.

-Et comment je fais pour l'en convaincre?

Elle lui passa la main sur la joue, riant de plus belle.

-C'est le plus grand baratineur d'Italie qui me pose cette question?Si elle a la tête dure, fais-la-lui perdre.Sers-toi de tes talents, Franconi!

-Vous les hommes,vous êtes tous les même, reconnais -le!

-Mais pas du tout,carissima.

Amusé, il lui adressa un sourire charmeur en lui passant un doigt sur la joue.

-Nous sommes tous différents,unique et Franconi est encore plus unique que les autres.Dans toutes les villes du monde, tu trouveras un échantillon choisi de femmes pour en témoigner.

Summer refusa de se laisser amadouer par l'humour.

-Tu es un mufle absolu,Carlo.

Elle se rapprocha de lui jusqu’à le toucher,sans se soucier des trois étudiantes qui les observaient à quelques mètres de là,buvant chacune leur paroles.

-Ne t'avise plus jamais de me lancer tes conquêtes à la figure,espèce de débauché italien.

-Summer, voyons.....

Carlo lui prit la main pour la porter à ses lèvres , tout en gardant les yeux rivés sur les trois filles.

-Tu confonds tout, ma chérie.Je suis ce qu'on appelle un connaisseur et un esthète.Un homme de gout et de passion.

Summer salua cette remarque en soufflant bruyamment,sans se soucier d'élégance ou de féminité.

-Vous , les hommes, vous considérez les femmes comme des jouets destinés à vous amuser un temps.Je refuse de me preter à ça!

Carlo lui prit les deux mains pour les couvrir de baisers.

-Tu te trompes, mon ange.Une femme n'a rien d'un jouet pour moi.Elle est comme un repas de choix.

Summer lui jeta un regard noir,puis se retint de sourire lorsqu'elle vit les trois filles se rapprocher insensiblement pour mieux suivre leur conversation.

-Un repas? Tu oses comparer une femme à un repas ?

-Pas n'importe quel repas,Summer.Une œuvre d'art gastronomique un festin de roi qu'on attend comme la grâce ,qu'on déguste avec révérence, dont on ce délecte comme d'un nectar divin, qu'on vénère, même.

Elle haussa les sourcils,dubitative.

-Charmante métaphore.... Et une fois que ton assiette est vide,Carlo?Tu fais quoi?

-La beauté de l’expérience illumine ta mémoire.Elle revient hanter tes rêves et tu n'as plu qu'une seule idée en tête: vivre de nouveaux moments d'une intensité sensuelle comparable.

-Très poétique,tout ça,mais je n'ai pas l'intention de servir d'entrée ni même de plat de résistance à qui que ce soit.

-Non, ma Summer.Toi tu serais plutôt comme un dessert interdit.Et en ça, tu es de loin la plus désirable de toutes.

-Tout être humain aspire à l'amour, Juliet,mais certains en ont plus conscience que les autres, c'est tout.

-Non.

Elle secoua la tête avec une conviction née du désespoir.

-L'affection, le respect, l'admiration, oui.Mais pas l'amour.

L'amour nous dépossède d'une part de nous-mêmes.

Carlo soutint son regard.

-Peut-être.Mais tant que nous n'avons pas aimé, rien ne nous prouve que cette"part de nous"que nous perdrions en aimant nous est réellement nécessaire.

-C'est peut-être plus facile pour toi de raisonner ainsi.Tu as eu beaucoup de femmes dans ta vie.

Sa réponse aurait dû l'amuser.Mais elle mit brusquement en lumière un vide dont il avait jusque là méconnu l'existence.

-Des femmes , oui.Mais je n'ai jamais connu l'amour durable.J'ai une amie-il pensait à Summer-qui m'a dit un jour que l'amour était comme un manège, un carrousel.

Peut-être savait-elle de quoi elle parlait.

-Et une histoire brève, qu'est ce que c'est?

Une fragilité particulière dans sa voix lui fit tourner la tête.

Il fit un nouveau pas dans sa direction.Avec lenteur, cette fois.

-Un manège aussi , Juliet. Seulement , nous n'en faisons qu'un tour.

Comme ses mains tremblaient un peu, Juliet posa son verre.

-Je crois que nous nous comprenons.

-Sur certains points seulement...

-Carlo...

Elle hésita à poursuivre.Mais sa décision n'était-elle pas déjà prise au moment où elle avait traversé le couloir?

-Je n'ai jamais eu beaucoup de temps à consacrer aux carrousels , mais je voudrais en faire un tour avec toi.

-Je te désire plus que je ne devrais te désirer, se surprit-elle à lui murmurer.Je te veux plus que je ne te possède.