Extraits

— Tu représentes ce qu’il y a de plus important dans mon monde depuis six mois, continué-je. Je t’aime, et tu m’aimes. Acceptes-tu…

— De t’épouser ? souffle-t-elle.

Je souris. C’est devenu une sorte de tradition, pour elle, de m’interrompre dans ce genre de situations. Elle l’a fait aussi quand je lui ai proposé d’emménager avec moi.

J’étreins sa main fine dans la mienne, dans un geste plein d’affection.

— En fait, j’allais dire : Acceptes-tu de faire de moi le vampire le plus heureux de l’Histoire en me laissant enfin te transformer, pour que nous puissions passer l’éternité ensemble ?

Elle écarte les doigts de sa main libre et répond :

— Oui. S’il te plaît. J’ai toujours voulu briller au soleil.

— Alors, Vénus, j’ai entendu dire que vous chantiez à l’opéra, dit Vlad une fois que la serveuse est partie.

Il sort son téléphone et ajoute :

— Peut-on trouver l’une de vos performances en ligne ?

Elle hoche la tête avec enthousiasme.

— Tapez mon nom, mais ignorez les paquets de rasoirs et de lames qui apparaîtront en haut des résultats de recherche.

Deux secondes plus tard, la voix mezzo-soprano de maman émane des haut-parleurs du téléphone de Vlad.

— Ah, dit-il après deux notes de musique à peine. La Habanera, de Carmen.

— Épouse-le, dit ma mère dans un murmure pas très discret.

— J’ai eu envie de te plier en deux sur une table dès la première fois que je t’ai vue dans ce Starbucks.

Erreur. Erreur. Surcharge d’hormones. Fonctions vocales compromises. Reboot nécessaire.

— Satisfais la dame, dit sévèrement Natasha à Vlad avec un geste vers les plats.

Me satisfaire ? Peut-être s’il passait sous la table, mais ce serait extrêmement embarrassant.

— Je te montre le mien si tu me montres le tien.

Je rougis aussitôt en réalisant ce que je viens de dire.

La caméra devient floue alors qu’il se lève. J’aperçois une pièce de la taille de mon salon, mais remplie de rampes, de jouets, de haies et autres objets sympathiques pour cochons d’Inde. Au milieu de tout cela se trouve une créature orange pelucheuse, avec de la fourrure longue jusqu’aux pattes.

— Voici Oracle, dit-il. C’est une Coronet.

Oh. J’ai l’impression d’être une mauvaise mère de cochon d’Inde, maintenant. Je ne sais même pas quelle est la race de Monkey

Alors que je regarde son visage sur l’écran, je manque de la faire, cette crise cardiaque.

C’est officiel.

Je viens de donner un orgasme au patron de ma patronne.

Oui. C’est exactement ce qu’il vient de se passer.

En tout cas, je pense qu’il a eu un orgasme.

Mieux vaut vérifier.

— Tu as été jusqu’au bout ? demandé-je, ma voix à peine plus qu’un murmure. Il faut que je le sache, pour le dossier.

Voilà. Ça semble semi-professionnel… surtout si j’étais une courtisane.

— Oui. C’était intense, répond-il d’une voix plus enrouée que d’habitude. Ça l’était moins quand j’ai utilisé ce même jouet directement.

— La programmation, c’est de l’art autant que de la science.

Je souris.

— Ne dites jamais ça à mes parents.

— Je n’oserais pas, répond-il en feignant le sérieux. Laissons-les souffrir en sachant que leur fille a obtenu un diplôme qui lui garantit quasiment un emploi bien payé, en plus d’avoir toutes les chances de la stimuler intellectuellement. Quelle horreur.

Mon sourire s’agrandit.

Qu'est ce que c'est que sa ? J'appuie sur le bouton "stop".

Rien ne se passe. L'écureuil continue son petit bout de chemin.

J'appuie frénétiquement sur le bouton "dehors ".

L'écureuil s'arrête.

Ouf.

Un moment.... L'écureuil recommence à pivoter, comme s'il cherchait quelque chose en moi. Il ne semble pas le trouver, car il s'enfonce encore plus profondément.

C'est quoi, ce bordel ? Est ce que "P" signifie pancréas ? Je crois qu'il s'agit d'un organe du système digestif, en tout cas ,il n'y a absolument rien de fun là-dedans.

Je scrute l'écran, paniquée.