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Elle s'arrêta sur le pas de la pièce. Les flammes danssaient toujours, hautes et pourpres. Elles éclairaient le dossier du fauteuil d'une curieuse lueur d'opale.
Elle lâcha la cigarette et se baissa instantanément pour ne pas brûler le tapis.
Marc n'était plus là.
"Marc ?"
Elle ressortit dans le couloir et se dirigea vers le bureau, sentant son pas s'accélérer malgré elle.
"Marc !"
Le tintement de la pendule cassa net son troisième appel. Le premier coup de onze heures venait de retenir.
Afficher en entierIl négligea le rétroviseur et se retourna.
Derrière une ondulation de terrain, entre les bouquets d'arbres, il vit le toit.
Son cri de guerre fit rebondir l'inspecteur Smittey entre les ballots informes.
Il fit demi-tour sur place, les roues mordant dans l'herbe des bas-côtés... Le paysage oscilla et pivota dans le pare-brise.
Afficher en entierCinq heures.
Winston Churchill s'arc-bouta, souleva la bûche, frémit sur ses jambes et la bascula dans la cheminée. Il recula dans la ruée endiablée des flammes.
"Le crapaud va se rôtir le cul", affirma-t-il avec une conviction sereine.
Andréa allumait les dernières bougies.
"Vulgarité gratuite, Sir Winston, ce jeune homme a trois ans de moins que vous, il n'a donc pas encore pu atteindre votre niveau de sagesse."
Afficher en entierMarc l'écoutait parler de ce monde qui s'éloignait de lui. Au fond, ce n'était pas très différent de la lutte pour la vie... On allait à la chasse au boulot, pour payer ses impôts, les fourrures à Madame, on cultivait les relations comme on cultivait les pommes de terre pour l'hiver, la pêche aux informations remplaçait la pêche en rivière, mais le résultat était le même, rien ne changeait vraiment, simplement tout se compliquait et devenait moins naturel, peut-être moins agréable.
Afficher en entierMarc vivait l'instant en sachant qu'il s'en souviendrait. Cela s'était produit quelques fois dans sa vie. La dernière remontait à trois ans, dans le tabac de Vincennes, le jour où il avait rencontré Andréa. Elle avait sorti une cigarette de son blouson et les choses étaient devenues précieuses, elles feraient partie des minutes d'or qui composaient le trésor de sa mémoire
Afficher en entierIl n'arrivait pas à dormir. C'était rare. Quelque chose avait craqué, le bahut sans doute ou une lame de parquet de l'étage. Les lettres couraient devant ses yeux... Duchesse de Brassac..., l'autre surtout, celle d'avant Pontieu : Antoinette Morlon, la folle. 1924... Andréa se retourna et gémit. Marc dégagea lentement son bras ankylosé de sous le corps de la jeune femme. Il sentit la vie revenir dans ses muscles en vibrations convergentes. Antoinette Morlon, morte à l'asile. Ce ne devait pas être drôle, la folie en 1924. Que lui était-il arrivé ? Et l'autre rigolo qui s'était ouvert la gorge pour prouver à d'autres poivrots qu'il avait raison. Comment pouvait-on savoir la date de sa mort ? Il avait dû compter les semaines, les jours, les heures... Peut-être Pontieu avait-il connu la pire des morts... Encore un sujet de scénario, mais la télévision n'était guère friande d'histoires fantastiques ces temps derniers... Il semblait qu'une lueur commençait à poindre... l'aube peut-être... Malgré l'obscurité il tenta de distinguer les aiguilles de sa montre mais n'y parvint pas. Ne pas éclairer, Andréa dormait. Le bras de Marc retomba sur le drap. Cinq heures peut-être. Plus, car les jours raccourcissaient... Il ferma les yeux. Au fond du parc la dame coulait entre les arbres, une coiffe serrant son visage invisible. La duchesse ? Antoinette Morlon ?...
Afficher en entierNouvel extrait :
CAS n°1
SVÖNERGASS - NORVÈGE
- Le cas de Svörnergass est particulièrement intéressant car il bat en brèche un bon nombre d'idées reçues. On peut en distinguer trois.
_ La première est que la maison hantée est liée à un passé lointain. On s'imagine que ces lieux sont en général anciens, délabrés et imposants, c'est le thème des châteaux, des manoirs écossais, des ruines de demeures seigneuriales au cœur des forêts, sur des pitons rocheux, thème que le cinéma a popularisé.
Rien de tel à Svörnergass, où la maison a été construite en béton en 1957. C'est une demeure massive, laide et fort commune.
- La deuxième veut que la maison hantée soit en général isolée, d'aspect particulier et souvent peu accessible. rien de tel encore ici, Svörnergass est situé dans un bourg très actif. il y a juste à côté une conserverie de poissons et l'arrêt du car se trouve devant la porte d'entrée. Elle ressemble à toutes les maisons du quartier.
- La troisième est que les phénomènes de hantises ont paru longtemps situés dans des régions privilégiées, les pays nordiques ayant toujours semblé épargnés. Or Svörnergass est recouvert de sept à huit mois sur douze par la neige et la température moyenne pour l'année y est de trois degrés centigrades.
- Les spécialistes l'appellent la maison des << apports>>. Les seuls phénomènes qui y ont été décelés et étudiés sont très précis : on trouve dans les quatre pièce carrées qui composent Svörnergass des objets dont on ne peut expliquer la provenance. Ainsi, le 17 décembre 1964, les scellés ayant été apposés et la maison totalement vide, le professeur Sandervold et son équipe découvrirent au matin dans la cuisine, au milieu du carrelage, une miche de pain qui leur parut en calcaire ; examiné en laboratoire et traité au carbone 14, <<l'apport>> se révéla être du pain véritable datan de près de cent vingt-cinq ans. La liste des objets serait longue et fastidieuse.
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