Extraits

Extrait du prologue :

"La première fois que je suis tombée amoureuse, c’était avec deux yeux bleus et un large sourire à

fossettes.

— Ton vieux t’adore, petite Danny, murmura-t-il.

N’oublie jamais, jamais ça, hein ?

Je ne l’ai jamais oublié. Et je n’avais jamais cru pouvoir aimer un autre homme d’un amour aussi fort que celui que j’éprouvais pour mon père. Mais on change en grandissant, on commence à prendre ses propres décisions et on devient par là même indépendant et autosuffisant. On se détourne de ses parents pour s’ouvrir aux autres. On commence à

expérimenter la vie au-delà de la bulle dans laquelle on a grandi puis on noue des amitiés, des liens forts et indestructibles.

Et on tombe amoureux… Une seconde fois."

Ripper, lui, le vit et sut qu'il était sur le point de perdre la vie, totalement impuissant.

Il éprouve au plus profond de lui, au-delà de sa terreur, un soudain sentiment de paix. Ouais, Danny allait mourir, mais il n'aurait pas à vivre un seul jour sur terre ou en enfer sans elle. Ou Mama Vi l'achevait ensuite, ou il s'en chargerait lui-même.

Cette certitude - savoir que tout était fini, qu'il suivrait Danny n'importe où, et que même dans la mort ils ne se quitteraient jamais - lui procura apaisement et sérénité.

Ce qu'il partageaient durerait pour l'éternité.

[...]

IL finirait sa vie en homme meilleur.

Danny l'avait rendu ainsi.

Notre histoire ne pouvait pas être plus éloignée de la parfaite romance. Cela ressemblait davantage à un accident de voiture avec de la tôle froissée, un désastre éclaboussé de sang qui n'avait laissé aucun survivant, seulement de mauvais souvenirs et des peines de cœur.

Mais c'était notre histoire.

L’amour.

Il n’existe pas de règles dans ce domaine.

L’amour n’est pas une réaction ou une action. Ce n’est pas une fatalité ou un choix conscient.

L’amour est un sentiment, une émotion réelle, brute, spontanée, d’une pureté prodigieuse. Il ne se ternit pas sous la pression d’un mot dit à son encontre. Il est suffisamment fort pour guérir les blessés et réchauffer le cœur le plus froid.

Naturel.

Inévitable.

Indéniable.

Et parfois, l’amour n’est pas conventionnel ; il brise tous les principes, rend floues toutes les limites et se glorifie d’une lumière aussi puissante que celle du soleil. Il brille sans remords sous les strates étroites de la société et de sa morale bienpensante, dominante, qui réprimande et juge ce qu’elle ne comprend pas.

Alors que mes pensées se bousculaient dans ma tête, je restai le regard rivé sur lui. Je n'arrivais à me concentrer que sur les choses qui avaient mal tourné dans ma vie, et sur comment les empirer. J'étais en mode "pilotage automatique", avec un aller simple pour la destruction.

Seigneur. Pourquoi n'avait-il pas eu que des garçons? Des petits merdeux comme Cage. Toute une tripotée de mecs auxquels il aurait suffit de balancer des préservatifs.

- Mais, reprit-il, jamais je n'ai eu autant envie d'une nana que de toi, et … Danny, je ne toucherai pas d'autres filles, jamais. Merde, ma belle, depuis cette nuit au lac, je n'ai rien fait d'autre que me branler en pensant à toi.

Comment quelqu'un pouvait-il se montrer si bourru et cru et être à la fois si tendre? Ripper était parfait. Parfaitement imparfait et doté de tout ce que je n'avais pas eu conscience de rechercher chez un homme jusqu'à … cela… lui… nous.

Il ne voulait que moi. Moi.

- Mec, je ne suis pas jaloux. Laisser tomber Anna pour Kami, c'était comme échanger un adorable chaton pour un tigre féroce.

- Ouais, en convint Cox, tout sourire et voix traînante. La moitié du temps, je ne sais pas si je dois jouir ou pleurer, ou les deux. Mais putain, elle en vaut le coup.

Il regarda Cox s'éloigner, se demandant quelle nana sur terre arriverait à égaler le niveau de connerie dont Kami était capable et ne trouva pas de réponse. Cette fille se trouvait à un échelon où elle n'avait à faire face à aucune concurrence.

L'"état naturel" de Dirty était proche du répugnant. Ses longs cheveux châtains étaient gras comme tout, ses mains et vêtements étaient recouverts de taches noires d'huile de moteur, il avait les ongles longs et jaunis, pleins de saletés et il puait comme une poubelle d'une semaine. Les seules filles du club qui rejoignaient son lit avaient soit perdu connaissance sous l'influence de l'alcool, soit étaient autant en manque que lui.

- Allons rouler, dit Dirty. Sortons de Miles. A Billings, on trouvera de la chatte à emporter.

- Ouais, c'est sacrément profond. Ecoute ça, pour changer, proposa-t-il en s'éclaircissant la voix. "Le territoire avais changé. Eux, non. La terre s'était rafraîchie. Eux en étaient incapables."

- Je ne comprends même pas ce que ça signifie.

- Qu des trucs évoluaient autour d'eux, mais eux restaient les mêmes. Des hommes qui avaient leur mode de vie, leur manière d'agir, qui n'allaient pas se débiner parce qu'ils vivaient dans un monde régi par des chiffes moles.