Commentaire de Chika

Contrairement à son prédécesseur qui m'avait fait découvrir la bonne plume de Betina Krahn, ce tome-ci ne portait pas le macaron "coup de cœur" de la maison d'édition... et je comprends un peu pourquoi... Sans avoir pour autant détesté ma lecture, j'ai été, comment dire, un petit peu moins enthousiasmée par celle-ci... Bien-sûr, ce roman gardait aussi beaucoup de qualités qui m'avait plu précédemment mais moins mises en avant j'ai trouvé. Il est déjà tout aussi riche en aventures et rebondissements: on a quand même affaire ici à moultes enlèvements, chasse au trésor, bagarres armées... De ce côté-là, on ne s'ennuie pas! D'autant qu'on nous fait découvrir par la même un autre décor, plus rural mais aussi plus chaleureux, et un autre contexte - inédits pour moi - en narrant une Histoire écossaise et notamment la période de sédition et de Bonnie Prince Charlie.

Pour autant, compte tenu des principes forts, surtout chez notre ami Barclay, qui gouvernent nos personnages, c'est bien le seul aspect de l'histoire qui avance réellement. Je pense que notre auteure a voulu tester ma patience du côté de la romance en nous offrant un très long slowburn, ponctué seulement de baisers devenus la norme. Et en fait, c'est peut-être cela qui m'a chagrinée: leur histoire d'amour semblait déjà classée dans le "évident", oubliant vite la fougue et le sarcasme de leurs premières rencontres. Et clairement, avec le petit comte Eli placé au milieu, ils formaient déjà une petite famille, ayant tous deux déjà les qualités de parents. Et une famille dans le sens de l'époque... J'ai trouvé dommage que la conférence sur l'amour libre et le droit des femmes ne soit finalement qu'un prétexte à la rencontre...

Finalement, notre héros n'en retient rien ou presque! Il n'est pas tout à fait prêt pour une évolution de la société plus favorable aux femmes, lui qui est encore perdu au temps d'Ivanhoé et des valeurs chevaleresques. Dans son rôle de chevalier blanc limite pénitent, il aura manqué selon moi d'un brin de folie, remplaçant la somme importante de ses complexes sur son physique de "grand méchant loup" - bon, même si au départ, on est touché par sa douleur et ses difficultés sociales! Mais du coup, cette répartition entre sauveur et sauvée imprègne même le caractère de notre héroïne Norah, alors que clairement, elle avait les capacités pour être son propre héros, comme Lauren avant elle: elle est déterminée, débrouillarde, combattive et n'a pas peur de réclamer ce qu'elle désire! Une graine d'aventurière qui ne demandait qu'à germer...

En bref, découverte récemment dans le précédent opus de Héros malgré eux, Betina Krahn m'avait donné envie d'en lire plus, et notamment la propre histoire de Barclay, jeune homme en dilettante qu'on rencontrait alors. Et on le retrouve ici un peu blasé par ses amours, un peu dépité par sa nouvelle condition de tuteur mais toujours prêt à jouer les Ivanhoé, les chevaliers blancs. Mais voilà, si la damoiselle avait bien besoin d'être sauvée, de sa famille, de malfrats, d'un enfant turbulent, d'un secret compromettant, et de tant d'autres guêpiers où elle semble se fourrer, cela instaure une relation biaisée dans la romance que je ne suis pas sûre d'avoir appréciée... Selon moi, Norah possédait bel et bien les armes pour s'en sortir sans Barclay! Mais passons la romance... Ce livre nous a permis de découvrir de nouveaux horizons en retrouvant en même temps que l'héroïne sa famille écossaise. De plus, comme je l'ai dit, cette histoire ne manquant pas de rebondissement, cela dynamise forcément l'écriture! Et l'introduction du mystérieux personnage de Randville m'a tout de même donné envie de poursuivre dans un troisième tome.