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- La tragédie, ce n'est pas grand-chose, dit Eve.
Une absence de savoir-vivre.
Afficher en entierLE RUISSEAU
Beaucoup d'eau a passé sous les ponts et puis aussi énormément de sang
Mais aux pieds de l'amour coule un ruisseau blanc
Et dans les jardins de la lune où tous les jours c'est ta fête ce ruisseau chante en dormant
Et cette lune c'est ma tête où tourne un grand soleil bleu
Et ce soleil c'est tes yeux.
Afficher en entiernoyé dans les grandes aux de la misére qui suintent horriblement le log des murs de sa chambre sordide un mourant
Afficher en entierEt cette lune c'est ma tête où tourne un grand soleil bleu
Et ce soleil c'est tes yeux.
Afficher en entierLes prodiges de la Liberté
Entre les dents d'un piège
La patte d'un renard blanc
Et du sang sur la neige
Le sang du renard blanc
Et des traces sur la neige
[...]
Afficher en entierLe bonheur des uns
Poissons amis aimés
Amants de ceux qui furent pêchés en si grande quantité
Vous avez assisté à cette calamité
A cette chose horrible
A cette chose affreuse
A ce tremblement de terre
La pêche miraculeuse
Poissons amis aimés
Amants de ceux qui furent pêchés en si grande quantité
De ceux qui furent pêchés ébouillantés mangés
Poissons... poissons... poissons...
Comme vous avez dû rire
Le jour de la crucifixion
Afficher en entierVOLETS OUVERTS VOLETS FERMÉS…
Volets ouverts carreaux cassés ensoleillés paroles données promesses échangées une voix qui se voilait soudain s'est dévoilée l'autre voix qu'elle caresse connaît ses doux secrets
Volets ouverts
Fou rire d'une école tout entière
éclatant au coin d'une rue merveilleux cris du ramoneur depuis si longtemps disparu
Volets fermés toiles à laver usées rampes d'escaliers à la boule brisée
Volets ouverts punaises oubliées
Volets fermés le papillon du gaz recommence à siffler son refrain bleu et blême et toute la cuisine tremble de toutes les cicatrices de ses murs de crasse
Volets ouverts des lilas plein les bras et brune et blonde et rousse une chanson pieds nus traverse la maison comme elle a par ailleurs traversé les saisons
Volets ouverts on l'entend de partout c'est l'air de tout le temps une voix de cristal dans un palais de sang
Volets ouverts la maison se réveille au grand air du Printemps
Et la plus belle eau de vaisselle sur le plus sordide des éviers soudain comme une eau vive se reprend à chanter et se met à danser sur les assiettes ébréchées les fourchettes édentées
Musique de blanc de céruse et de marc de café
et de bleu de lessive et de noir de fumée et de noir animal et d'appétit coupé
Musique de petite braise à nouveau enflammée
Musique de gros sel et d'écorces d'oranges
Un rempailleur de chaises dans une flûte à champagne rescapée d'une poubelle siffle un grand air de rouge et c'est un air des Iles Fortunées
Volets ouverts
Sorcière la poussière voltige sur son manche à balai
Volets ouverts la concierge de sa loge la regarde voltiger…
p198-199-200
Afficher en entierVOLETS OUVERTS VOLETS FERMÉS…
…
Volets ouverts et fermés au rosier noir d'Éros une rose a frissonné
la branche où elle rêvait en deux vient de se casser
Où est-elle la rose est-elle encore sur l'arbre ou bien sur le carreau
Elle-même ne le sait son parfum s'est enfui déjà
dans l'air du temps qui entend son refrain perdu et lancinant
Volets ouverts et fermés
Deux amants séparés leur couple à peine formé
Volets claquant dans le vent
Pourtant ils s'entendaient si bien ensemble chacun parlant tout seul se taisant tous les deux
Mais un jour il a dit un mot plus haut que l'autre
Toute sa voix a boité
et elle a répondu amèrement à cloche-pied
Hélas ils parlaient la même langue sans jamais s'en être doutés et ils se sont battus ils se sont expliqués
Volets fermés volets fermés
L'explication fut longue la bataille de courte durée et ils se sont quittés
Chacun d'eux était fait pour s'entendre mais aucun pour écouter l'autre
Tous deux avaient appris dans les mêmes livres les merveilles qu'ils disaient et comme c'étaient les mêmes merveilles aucun des deux n'était émerveillé
Volets ouverts volets fermés
Sur le carrelage de la cuisine la voix de cristal s'est brisée le papillon du gaz recommence à siffler les chiens près des poubelles s'installent pour souper.
p.201-202-203
Afficher en entierLa vie est une cerise
La mort est un noyau
L'amour est un cerisier.
Afficher en entierUN BEAU MATIN
Il n’avait peur de personne
Il n’avait peur de rien
Mais un matin un beau matin
Il croit voir quelque chose
Mais il dit Ce n’est rien
Et il avait raison
Avec sa raison sans nul doute
Ce n’était rien
Mais le matin ce même matin
Il croit entendre quelqu’un
Et il ouvrit la porte
Et il la referma en disant Personne
Et il avait raison
Avec sa raison sans nul doute
Il n’y avait personne
Mais soudain il eut peur
Et il comprit qu’il était seul
Mais qu’il n’était pas tout seul
Et c’est alors qu’il vit
Rien en personne devant lui.
p.133-134
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