Extraits

Carter Banes

J’ai faim de ses lèvres, de sa peau, de ses soupirs et de ses gémissements. Et je compte bien me nourrir de chaque parcelle de cet homme magnifique jusqu’à en être rassasié. Si une telle chose est seulement possible.

Carter Banes

Je souris et avale quelques gorgées tout en choisissant quelques fruits. Je commence à me mettre au travail, et durant les minutes qui suivent, nous cuisinons ensemble, tandis que Blake me raconte sa conversation avec une certaine madame Sutton, la conservatrice de la galerie. Je vis pour ces instants à deux, cette familiarité qui s’installe petit à petit entre nous. Ce n’est pas quelque chose que j’ai cherché avant, quelque chose dont je pensais avoir besoin. Pourtant, je réalise qu’à présent je pourrais difficilement m’en passer.

Blake Hamilton

Il plisse les yeux, se demandant sans doute où je veux en venir. Mes paroles sont à l’image de mes pensées. Disparates et embrouillées. Il doit se dire que je passe du coq à l’âne, et c’est probablement le cas, pourtant, le bordel dans ma tête est organisé, et mes questions ont un but précis, même s’il n’est clair que pour moi.

Blake Hamilton

Immobile, j’observe Carter faire demi-tour pour se rendre chez lui. Est-ce que j’ai rêvé cette scène ?

Est-ce que je me suis endormi sur mon canapé et que tout ce qui s’est passé ces dernières minutes se déroule sur un autre plan ? Parce que pour être honnête, j’ai toujours du mal à croire que Carter m’ait proposé de venir chez lui pour… boire un thé ?

À minuit passé ?

Carter Banes

Son regard se voile l’espace de quelques secondes, et je me demande si je ne me montre pas trop indiscret. Sans doute, j’ai parfois du mal à savoir jusqu’où je peux aller, ce que je peux dire, avant de dépasser les limites. De temps en temps, j’ai l’impression de ne pas être câblé comme tout le monde et ça me fait un peu peur.

Blake Hamilton

— Une fois que tu auras terminé, si ça te dit de venir boire une bière, n’hésite pas à passer.

Sa proposition me laisse tellement sur le cul que je cligne des paupières. Boire une bière, avec Carter Banes. Bordel.

— Pas d’obligation, hein, continue-t-il voyant que je ne réponds pas, et pour cause, je me liquéfie de l’intérieur et mon cœur bat si vite que j’ai peur qu’il n’explose. Mais je me suis dit que ce serait sympa de faire un peu plus ample connaissance, tu sais, en tant que nouveaux voisins.

— Du moment que tu me promets de ne pas me découper en petits morceaux, finis-je par répliquer.

Il s’esclaffe, et bordel, mon corps est parcouru de picotements.

— Je ne promets rien. Cela dit, il faut savoir vivre dangereusement.

De toute façon, je crois que même la réelle possibilité de me faire assassiner n’aurait pu m’empêcher d’accepter. Parce que, merde, avoir le privilège de boire un verre en tête à tête avec Banes vaut bien la peine d’écourter ma vie.

Carter Banes

À l’époque du lycée, quand j’ai fait mon coming out, du jour au lendemain, les regards ont changé. Les mecs n’osaient plus se désaper devant moi, sans doute par peur que voir leurs attributs ne me transforme en bête assoiffée de sexe et que je ne m’en prenne à eux, ou qu’ils ne deviennent l’objet de mes fantasmes masturbatoires.

Spoiler alert, les gars : je me fous de vos bites flasques et je ne vais pas vous courir après pour les tripoter.

Je me laisse tomber sur le canapé et écarte les jambes pour que Blake se coule entre elles. Mes mains effleurent ses côtes, je dépose un baiser sur son ventre, son aine, son flanc. J'embrasse sa peau qui se réchauffe, appréciant son odeur, sa douceur. Je caresse chaque parcelle de son corps que je peux atteindre. Il frémit quand ma langue glisse sur son estomac. Je prends mon temps, partant à la découverte de son corps, voulant montrer à Blake à quel point il me plaît.

Un frisson parcourt son dos, qui fait directement écho au mien. Voilà un effet incroyable de ma relation avec Carter : ma confiance retrouvée en ma sexualité. Je suis plus aventureux, j'ose lui parler franchement de ce qui me plaît, de ce qui me fait vibrer. Nous apprenons à apprivoiser le corps de l'autre. À découvrir ce qui nous donne du plaisir, ce qui nous rend haletants, ce qui nous fait gémir et crier.

— Ton père cuisine ?

— Heu… oui ? Ça te surprend ?

— Pour être honnête, carrément. Je pensais que tes parents avaient des employés pour ça.

— C’est le cas, parfois. Mais quand on est tous ensemble, on préfère rester entre nous.

Ma réponse semble le satisfaire. Malgré tout, il ne peut s’empêcher d’ajouter :

— Dommage que tu n’aies pas suivi son exemple.

J’éclate de rire et lui vole un baiser.

— Et te priver du plaisir de cuisiner ? Ça aurait été franchement sadique de ma part.

Une des nombreuses choses que j’ai apprises en fréquentant Blake, c’est qu’il aime cuisiner, et qu’il est sacrément doué pour ça. Moi, je suis sacrément doué pour dévorer tous ses petits plats.