Extraits

— Tu n’as vraiment aucun chouchou parmi les membres de la tribu ?

— Non.

— Et Hassen ? Il a l’air gentil.

— Euh…

Ils sont tous gentils. Ils se donnent un mal de chien pour être gentils.

— Taushen ?

— Il est très… attentionné.

Voire trop. Limite étouffant.

Elle glousse.

— Vaza ?

Je grimace.

— Vaza flashe sur tout ce qui a des seins.

— Peut-être que c’est pour ça qu’il n’a pas flashé sur moi, songe-t-elle.

On éclate de rire toutes les deux. L’absence de poitrine de Josie est sa plus grande source de désespoir.

- Tu m'as fait un présent magnifique cette nuit, Tee-fah-nee, chuchote-t-il, si bas que je peux à peine l'entendre. Je ne l'oublierai jamais.

Moi non plus. Cette nuit demeurera imprimée dans mon cerveau et je la chérirai toujours. Je me souviendrai toujours de Salukh avec reconnaissance pour avoir chassé les horreurs de mes souvenirs jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un grand alien bleu dans mon esprit.

Cette fois quand je m'endors, il n'y a plus d'ombres pour me tourmenter. Plus de mauvais rêves. Juste de .a peau bleue et des corps chauds.

« Depuis cette nuit-là, quand je me suis réveillée pour découvrir que j’avais été enlevée par des extraterrestres, je ne me suis plus jamais sentie en sécurité. »

À mon réveil, la caverne est plongée dans le silence. Josie s’est déjà levée et a quitté notre grotte. Je m’habille et jette un coup d’œil de l’autre côté de notre paravent. Aucun prétendant en vue, aucune proie sur mon seuil, aucun présent à ma porte dans l’espoir de susciter mes faveurs. C’est… un changement bienvenu. J’ai l’impression de pouvoir respirer. Je ne sais pas ce que Josie a fait, mais elle est géniale.

J’émerge de la caverne et vois des membres de la tribu aller et venir, mais aucun de mes soupirants ne semble dans les environs. Salukh est là, en train d’aiguiser la pointe d’une lance. Il me fait un signe de tête pour me saluer et me regarde m’avancer vers le foyer central. Josie s’y trouve, assise à côté de Kira. Je m’installe près d’elle et lui prends la main, ce qui la surprend.

— Qu’est-ce que tu as fait, et comment puis-je te remercier ?

Elle éclate de rire.

— Je ne sais pas si tu vas continuer à me remercier quand tu sauras ce que je leur ai dit…

Le bébé s’agite et Josie la rend à Kira. La jeune mère dénoue un lacet à l’encolure de sa tunique pour l’ouvrir et place la fillette contre son sein. Kira affiche une mine si paisible et contente qu’elle contraste lourdement avec la tristesse sur le visage de Josie.

Je lui donne un petit coup de genou pour la distraire de sa mélancolie.

— Alors, qu’est-ce que tu leur as dit ? insisté-je.

— Eh bien, j’ai cherché à imaginer une façon de les éloigner de toi sans les blesser dans leurs sentiments. Et à mon réveil, je leur ai parlé du concours de Miss America.

Par… don ?

Ma perplexité doit se lire sur mon visage, car Josie sourit.

— J’ai imaginé une compétition… reprend-elle. Ils vont se battre les uns contre les autres pour te montrer qui est le plus fort et le plus intelligent d’entre eux. En ce moment même, ils cherchent à déterminer qui peut abattre un grand chat des neiges pour rapporter la plus belle fourrure, car on en manque.

Les chats des neiges sont particulièrement doux et chauds, parfaits pour des couvertures pour bébé. Je regarde la petite Kae, accrochée au sein de Kira, et comprends que c’est ce qui a dû inspirer cette épreuve.

— Et demain ?

— Demain, ils devront établir qui peut remplir les paniers de copeaux d’excréments le plus vite.

Elle hoche la tête et sort quelque chose de sa poche. C’est une graine rouge vif, peinte et séchée, datant peut-être des vacances.

— J’en garde toujours quelques-unes avec moi parce que je les trouve jolies, mais je compte maintenant en donner une au vainqueur de chaque épreuve. Chaque discipline prendra beaucoup de temps, réapprovisionnera la caverne… et les maintiendra loin de toi.

Je saisis la main de Josie.

— Je continue à dire que tu es un génie… sauf que j’aimerais bien savoir ce que le gagnant remportera à la fin de cette compétition.

Parce que mon esprit terrifié ne peut rien imaginer de positif.

— Oups, je ne te l’ai pas dit ? Toi et moi devons nous rendre dans quelques semaines dans la grotte des aînés pour recevoir la décharge linguistique, et ils se battent pour avoir l’honneur de nous y escorter. Cela signifiera pour eux beaucoup de temps seul à seule…

Elle grimace ouvertement.

— Je n’ai trouvé que ça comme récompense susceptible de les motiver, à part donner ta main au vainqueur. Il fallait que ce soit un prix qui en vaille la peine.

Quelques jours avec un prétendant au lieu du quotidien à les subir tous ensemble ? Je prends. Je lui serre derechef la main, la pressant contre ma poitrine.

— Merci, Josie. Merci de tout mon cœur.

C’est comme si je pouvais de nouveau respirer. C’est merveilleux. Les mâles vont être absents toute la journée, et je pourrai enfin souffler.

— J’ai du mal à croire que tu aies réussi à les convaincre d’entrer dans ce jeu, Josie, murmure Kira.

Celle-ci hausse les sourcils.

— Je suis allée les voir l’un après l’autre et leur ai révélé qu’il s’agissait d’une ancienne coutume terrienne… ce qui n’est pas un mensonge, après tout. Enfin, presque. Et je leur ai dit à chacun que les autres participaient, mais que s’ils se trouvaient au-dessus de tout ça…

Elle écarte les mains en signe d’impuissance.

— Je vais faire comme si je n’avais rien entendu, marmonne Kira. Aehako ne va pas apprécier cette supercherie. Il partage un peu trop leur point de vue, à mon goût.

Je suis un peu moins enthousiaste en entendant sa réprobation subtile. Son compagnon, Aehako, est un mâle adorable, mais c’est aussi le chef par intérim des Grottes Sud, et il prend son rôle très au sérieux. Qui plus est, quand je repense aux mois qu’il a consacrés à traquer Kira, je comprends qu’il puisse ne pas approuver l’idée d’une compétition bidon.

— Dans ce cas, je considère que tu n’as rien entendu, souligne Josie avec gaieté. Qui plus est, cela ne nuit à personne. Ils se sont tous portés volontaires de leur plein gré, c’est positif pour la caverne, et ne me dis pas qu’ils ne passaient pas trop de temps à glander ici en faisant les yeux doux à Tiff alors qu’ils auraient pu chasser davantage.

Kira se contente de secouer la tête.

— Et ce n’est pas comme s’ils n’avaient rien à gagner dans l’histoire. Tiff et moi devons réellement aller à la grotte des anciens pour la décharge linguistique, et il nous faudra une escorte. Pour moi, c’est une situation gagnant-gagnant.

Son regard se reporte sur moi en quête de mon approbation.

Perso, je trouve ça brillant. Elle a imaginé un plan génial pour m’aider, alors, comment pourrais-je ne pas apprécier ? Je me penche pour la serrer dans mes bras.

— Tu m’as sauvé la vie, Josie. Ou plutôt, tu as sauvé ma santé mentale.

Elle me tapote le dos pour me rendre mon étreinte.

— Et maintenant, tu n’as plus qu’à me laisser gérer les défis. Je vais les garder tellement occupés que tu ne verras plus leurs cornes de quelques semaines. Après tout, ça fait partie de la compétition, qu’ils aient affaire à ton intermédiaire et non à toi.

Elle m’adresse un clin d’œil avant de se redresser.

Seigneur, Josie a vraiment pensé à tout. Elle est fabuleuse. C’est l’idée la plus folle que j’aie entendue de toute ma vie… ou la plus rusée.

Haeden’s face is hard, unyielding. His jaw clenches and he casts his gaze around before finally fixing on me with hard, blazing eyes. “Then why do you hesitate, Salukh? Take what you want and do not question. Enjoy each time you touch her. Treat it as a gift. If you do not take this and you lose her, you will forever regret each wasted moment.” His voice catches on the last word, and then he turns away, kneeling next to his kill again. His hands move quickly, as if he’s determined to somehow outrace his thoughts. “Do not leave yourself with nothing.”