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Extrait ajouté par Anneowen 2022-06-24T17:08:36+02:00

Il a le sentiment qu'elle aurait apprécié cette fin. Il sait qu'elle va lui manquer. C'était la meilleure pour couvrir leurs arrières, une vraie tueuse de monstres. Mais sa haine l' a consumée jusqu'à se confondre avec elle. Les gens comme ça deviennent une autre sorte de monstres.

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Extrait ajouté par Anneowen 2022-06-24T17:08:00+02:00

Il ressent un bref moment de triomphe. Et voilà: quand c’est un ami, ce n’est pas si facile de dire qu’il est mort, madame J’me-la-pète. Les secondes passent, et il se rend compte que cela lui est égal.

Il se tourne et considère le vaste ciel gris; il se souvient de ce que Paul, le pasteur et fumeur invétéré, lui avait dit:

« La Terre demeure. »

À cette pensée, il se sent chaleureusement détaché.

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— C’est juste un petit con, poursuit-il. Prends bien soin de lui. (Anne dégaine un de ses pistolets et tapote le canon contre

sa cuisse ; Ray fronce les sourcils.) C’est comme ça alors ?

— Je ne fais que proposer.

— Quoi exactement ?

— De la miséricorde.

Ray renifle de rire : Anne n’a pas vraiment l’air du genre miséricordieux. Elle le regarde de haut, comme s’il était un morceau

de bois. Elle sait qu’il est infecté. Pour elle, il n’est plus vraiment une personne. Tout ce qu’elle voit, c’est l’organisme

dans son sang. Pour sa part, tout ce qu’il voit, c’est une salope au cœur de pierre trop contente de lui mettre une balle

dans la tête.

D’un autre côté, il s’agirait vraiment de miséricorde. Au mieux, il ne lui reste que quelques heures à vivre, qui promettent

d’être démentiellement douloureuses, avant que, horreur finale, il ne soit dévoré par la chose qui grandit en lui.

Le cancer des os serait une mort agréable comparé à ce qui m’attend. Mais, quelques heures de douleur, c’est encore la vie.

Et vivre c’est toujours mieux que mourir.

— Alors, c’est ça ma récompense pour ce que j’ai fait ici aujourd’hui ?

Ce n’est pas juste.

Anne hausse les épaules. Tout cela n’a pas d’importance. Le seul remède contre le parasite, c’est la mort. Et la seule chose

que l’on puisse éventuellement choisir, c’est la manière de partir.

— Je ne veux pas mourir, lui dit-il.

— Tu es déjà mort.

La colère gronde dans sa poitrine. Elle lui rappelle le voisin fouineur qui menait la vie dure à sa mère, à cause des aboiements

de son chien. Le genre de citoyen honnête qui avait appelé les flics quand on l’avait trouvé en train de cuver sur le banc

de l’arrêt de bus.

— Ah ouais ? Et Ethan ? Il était déjà mort quand tu l’as abattu ?

La femme se crispe.

Il ressent un bref moment de triomphe. Et voilà : quand c’est un ami, ce n’est pas si facile de dire qu’il est mort, madame J’me-la-pète. Les secondes passent, et il se rend compte que cela lui est égal. Il se tourne et considère le vaste ciel gris ; il se souvient

de ce que Paul, le pasteur et fumeur invétéré, lui avait dit : « La Terre demeure. » À cette pensée, il se sent chaleureusement

détaché.

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