Extraits

Erin, elle, se dit qu’elle allait boire un verre en arrivant. Elle roula doucement, écouta plusieurs chansons sans jamais attendre la fin et guetta par la fenêtre ouverte les lucioles, les yeux phosphorescents ou la mort d’une étoile.

La pluie s’était arrêtée lorsqu’ils arrivèrent au village. Pas loin du campement principal, une quinzaine de maisons, simples mais confortables, avaient été montées pour les gardes et leur famille. De grandes cuves d’eau servaient à alimenter le potager commun et les champs. Bojosi coupa le contact, descendit de voiture. Ses articulations craquèrent, il sentait son corps glisser vers un sommeil mérité. Il se pencha à la vitre. Son œil, un simple iris sombre teinté de rouge.

C’est depuis les airs qu’on en prenait toute la mesure, qu’on découvrait ces millions d’îles changeantes, les sinuosités hasardeuses de l’eau, les palmiers qui ne poussaient qu’ici, ce monde plat et si riche, indépendant, où les éléphants aiment prendre des bains.

Le temps passe, ils accumulent les défenses, puis il faut se mettre en route. Dans les environs, il y a plusieurs points de rencontre. Kenya, Tchad, République centrafricaine… les frontières ne sont jamais un problème. Ces territoires, comme les éléphants, ils les ont gravés en eux. Cette fois, on leur dit d’aller à l’est. Tous ces pays, ils les connaissent, mais pour eux ça ne veut vraiment rien dire.

On leur a donné quinze jours. Quinze jours et une certaine quantité d’ivoire à rapporter. Les éléphants connaissent la raison de leur présence, combien de fois ils les ont vus dissimuler leurs défenses dans la broussaille ? Mais que ces animaux se déplacent la nuit s’ils le veulent, qu’ils modifient leur comportement, leurs habitudes, ce n’est pas ça qui va les empêcher de les pister et de les trouver.