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Extrait ajouté par Bibounine 2023-10-26T18:32:16+02:00

— Attendez, je vous mets sur haut-parleur.

Un certain maître Raciné, notaire à Rouen, m’appelait pour la première fois et, soyons honnête, à mon plus grand étonnement. Il détenait, m’informa-t-il, un testament en ma faveur.

— Il doit y avoir une erreur. Une autre Edaine Martin. Moi, je suis comédienne, fauchée (ce qui est quasiment un pléonasme pour 90 % d’entre nous), parisienne, sans aucun aïeul en Normandie. Quant à ma mère, elle se porte comme un charme…

J’allais poursuivre au sujet de mon père lorsqu’il m’interrompit :

— Il s’agit d’un âne.

— Pardon ?

— Vous héritez d’un âne…

Je me sentis dans l’obligation de recadrer celui que je pris pour un plaisantin. Le coup de l’âne qui s’appelle Martin, on me le fait depuis mon plus jeune âge. Je connais par cœur l’anecdote de Saint-Martin et de son âne, quand le malheureux affamé brouta des grappes de raisin, tandis que Saint-Martin s’était endormi dans des vignes. Je m’appelle Edaine Martin, je n’y peux rien. Et si tous les ânes s’appellent Martin, je ne suis pas pour autant têtue comme un âne et je n’étais pas le cancre désigné, lauréate du fameux bonnet !

— Permettez-moi de rectifier une erreur courante, reprit le notaire, imperturbable : si l’enfant porte le bonnet d’âne, c’est justement pour lui donner l’intelligence de l’animal et non parce qu’il est bête. J’ajoute que si l’adage

« Tous les ânes s’appellent Martin » existe bel et bien, il est aussi un dicton intéressant pour l’affaire qui nous occupe : « Il y a plus d’un âne à la foire qui s’appelle Martin. » Maintenant, chère mademoiselle, mon temps est précieux, sans doute autant que le vôtre, et je vous saurais gré de m’écouter. Je réitère donc : vous héritez d’un âne, il a cinq ans et se nomme Curcuma.

— Que voulez-vous que je fasse d’un animal pareil dans vingt-sept mètres carrés ? Du saucisson ?

Le flegme de cet interlocuteur aurait pu laisser croire qu’il fut un sujet de Sa

Majesté la reine Élisabeth II d’Angleterre.

— Je vous laisse voir avec mon clerc pour un rendez-vous. Mes hommages.

À peine ai-je eu le temps d’implorer – le verbe n’est pas trop fort – vingtquatre heures de réflexion. Un âne ! ! Moi qui ne supporte déjà pas l’idée d’avoir un chat ou un poisson rouge, je n’allais pas regagner la capitale avec un bourricot au bout d’une longe.

Quand des événements imprévus me déroutent, mon réflexe « garde rapprochée » se déclenche illico sans faillir. J’ai ouvert le bal avec mon meilleur ami, David, coach sportif de son état. Je ne suis pas son genre et il n’est pas le mien, si tant est que j’ai un profil type du modèle masculin idéal. « La vraie rencontre amoureuse se vit comme une occasion de vérité

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», ainsi que je l’avais affirmé avec le ton approprié lors de l’enregistrement d’un audioguide destiné à

une exposition sur l’illusion.

— Tu ne devineras jamais…

— Tu as rangé ton bordel et tu es tellement fière que tu m’invites à venir prendre un pot avant que le chaos ne reprenne le dessus.

— D’abord, ce n’est pas du bordel, c’est un bazar baroque.

— Un bazar baroque… voyez-vous c’la.

David, dont l’humour légendaire devrait à l’occasion marquer une pause, poursuivit :

— Alors tu es enceinte. Tu me téléphones pour m’annoncer que tu attends un bébé. C’est à peu près la seule nouvelle – avec l’amélioration fulgurante de tes talents domestiques – qui mériterait que tu m’appelles en commençant la conversation par « Tu ne devineras jamais ». Ou alors, tu as été contactée pour incarner la prochaine James Bond Girl, dans la foulée de Léa Seydoux et de la Bellucci.

— David, sois sérieux une minute.

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Extrait ajouté par Bibounine 2023-10-26T18:31:57+02:00

Je ne vous apprends rien, le couple est une invention à haut risque. Chaque désillusion nous abat, chaque déception nous éreinte, chaque trahison nous accable, et chacune de ces épreuves, bon gré, mal gré, nous fait grandir. Ce que vous ignorez peut-être encore ou ce dont vous avez du mal à vous convaincre, c’est qu’a posteriori, cette épreuve nous offre un surcroît de puissance et l’opportunité de nous déployer. La guérison nous libère et nous portons de nouveaux habits de lumière. Cependant, aucune relation significative et, partant, aucune rupture ne se ressemble. L’amour nous rend plus forts autant qu’il nous confronte à notre plus grande vulnérabilité.

Une fois assénée la claque amoureuse, il nous appartient de choisir le plus tôt possible ce que l’on veut faire de son chagrin. Ne gaspillez pas vos douleurs, pour paraphraser Rainer Maria Rilke qui invitait le jeune poète à ne pas gaspiller son courage. Servons-nous de ces terribles tourments pour aller de l’avant au lieu qu’ils ne nous servent de prétexte à nous complaire dans un misérabilisme affectif et intellectuel. Certes, nous ne sommes pas égaux en ce qui a trait à la force de caractère qui soutiendra ce parti pris. Cependant, chacun

à notre échelle, nous pouvons mobiliser notre volonté pour sortir de cette mauvaise passe par le haut. Subir le malheur de plein fouet n’est pas une fatalité.

Moi, j’ai ouvert un petit musée digne d’un détour insolite à quelques encablures d’une route nationale et j’ai donné à mon cœur un nouvel acolyte.

Vous, ce sera aussi une nouvelle histoire, un nouveau job, la traversée de la

France à pied, un tour du monde en vélo, l’expression d’un talent artistique que vous ne soupçonniez pas, une révélation sur le chemin de vie qui n’appartient qu’à vous. Peu importe. L’idée est qu’au plus profond de la crise, nous n’y croyons pas et pourtant non seulement allons-nous rebondir, mais en plus, nous y trouverons un nouveau bonheur. Tout n’est pas perdu. Il suffit de repérer les indices du changement. Ne remettez pas votre chagrin à plus tard. Il reviendra vous gifler tant et aussi longtemps que vous le nierez ou le musèlerez. Quitte à

souffrir, autant vous écrouler une bonne fois pour toutes. Au fond de la piscine, vous donnerez un bon coup de talon et vous remonterez. Le coup de foudre, la rencontre sentimentale et la séparation ne surviennent jamais par hasard. Nous aimerions le croire, mais en vérité, ces moments-clés nous poussent au changement, bon gré, mal gré.

En bon raz-de-marée, le chagrin d’amour ravage notre équilibre. Consentez à

écouter votre douleur. Elle est tellement bruyante que vous consommeriez plus d’énergie à la masquer qu’à y prêter attention. Vous réveillerez des facettes endormies de votre personnalité. Comme par hasard, ces révolutions intimes surviennent à un moment inopportun. Vous me rétorquerez qu’il n’existe aucun concours de circonstances ad hoc pour souffrir. Certes, mais nous n’avons pas le choix. Le seul pouvoir dont nous disposions, c’est notre manière de réagir. Cette loi de la nature est difficile à admettre au plus fort de la crise, mais elle prévaut sur tout, un point c’est tout. Notre évolution passe par ces contradictions.

Quand les événements se sont précipités, mon quotidien s’égrenait entre un amoureux ni plus ni moins, une carrière artistique plus ou moins, un agent tantôt plus, tantôt moins, une mère plutôt moins que plus, un banquier trop plus que moins à mon goût et, privilège rare, des amis sans plus ni moins, des amis dans la plus pure tradition façon Montaigne et La Boétie, parce que ce sont eux, parce que c’est moi. Je ne voyais pas ce qui viendrait changer le cours de mon existence et, d’ailleurs, je n’aspirais à aucun changement, sauf sur le plan professionnel.

Je n’avais pas prévu ce qui m’arriverait. Mais j’ai bel et bien décidé de la suite.

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