Extraits

Quand on est resté si longtemps sans voir, je suppose qu'on oublie la politesse des yeux. On ne pense plus à détourner le regard.

Quant à la gestuelle des textos, elle crée dans les rues, les transports, les bureaux une chorégraphie digitale de clones que je suis seule à trouver grotesque. La ville est peuplée d'autistes qui parlent tout seuls sans se regarder.

Les chiens qui perdent leur aveugle sont plus malheureux que la femelle à qui l'on retire son chiot.

Il ne s'est pas levé pour me suivre. Il savait. La truffe au ras du tapis, les oreilles flasques, il me laissait partir. Voler de mes propres yeux.

Il ne tirait plus le guidon du harnais; il attendait que je le pousse. Comme un retraité à qui on ne fait pas, il laissait l'impuissance et l'inutilité remplacer le savoir-faire.

Après douze ans de clavier en braille et de saisie vocale, mes yeux réapprennent l'écriture, mes doigts se réhabituent au stylo. Et ma tristesse s'apprivoise, à mesure que mes phrases donnent le change à un correspondant

La ville est peuplée d'autistes qui parlent tout seuls sans se regarder. Narcisses twitters épuisés par le stress qui les propulse, ils sont devenus hybrides comme leurs voitures. Les inconvénients cumulés de l'émission polluante et des batteries qui se déchargent.

J'étais quelqu'un de bien, dans le noir. Là, j'ai du mal à me reconnaître.

"La réalité n'est que l'émanation de notre conscience "

Je ne croyais plus en personne, je ne me battais que pour moi et ça ne menait nulle part, puisque je ne servais à rien.