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Coûte que coûte, quel qu’en soit le prix, se répéta Ieran.
Il n’y avait aucun horizon de temps, aucune limite à cet engagement.
— Pour la gloire du Dragon, chuchota-t-il.
Il n’avait pas réalisé avoir parlé à haute voix, mais soudain les sous-officiers dans la pièce claquèrent bruyamment des talons.
— Pour la gloire du Dragon ! répétèrent-ils tous en chœur.
Ieran dut ravaler un nouveau soupir.
Afficher en entierSai Rodin souleva un pan de toile, dévoilant un long vestibule encombré de braseros. Après le vent glacial dans la montagne, la chaleur fut bienvenue. L’air était chargé d’une épaisse vapeur grisâtre – mais malgré cela, les yeux des soldats de faction se posèrent aussitôt sur l’épaisse natte blanche sur l’épaule d’Ieran. Leurs lèvres bougèrent en silence.
Kel’yon, lut-il.
Mais seul un soldat eut le réflexe qu’il anticipait désormais à chaque fois qu’il s’aventurait loin de la bannière sous laquelle ses hommes combattaient : une main précipitamment portée à une épée de service. Les autres – quatre jeunes hommes, dont un au moins semblait avoir quitté depuis peu le sein de sa mère – écarquillèrent les yeux.
Afficher en entier— Je ne sais pas pourquoi tu t’obliges à assister à ça à chaque fois, avait grommelé sai Mon Nathan au bout de la cinquième crémation. Il y en aura une autre demain, et une autre le jour d’après. Personne ne s’attend à ce que tu assistes à ça !
On n’attend jamais rien d’un sang-mêlé, se dit Ieran.
Afficher en entier— Saluez !
Six coups de canon résonnèrent dans les montagnes et un panache grisâtre s’éleva au-dessus de la paroi rocheuse. Ieran fixa cet amas de poussière et de poudre un moment, les sourcils froncés. Puis il sauta au bas de son cheval. L’épaisse pellicule de givre sur le sol craqua sous ses bottes et un pic de douleur traversa son épaule, pas tout à fait remise depuis la bataille dans le Ventre de la Vierge.
— Saluez ! répéta ia sai Rodin, l’aide de camp que sai Margai Ellon avait mis à sa disposition – en attendant que tu choisisses quelqu’un de décent, avait décrété l’officier.
Ieran n’avait pas eu le choix en la matière. En vérité, il n’avait pas souvent eu le choix ces derniers mois. Les soldats autour de la tente de commandement saluèrent, le dos bien droit, et Ieran tendit sa cravache à un jeune palefrenier.
Le général sai Mon Rain avait dressé son camp sur un flanc de montagne gelée, avec au sud les sommets enneigés de la Province des Tigres Blancs. L’endroit était bien choisi – même un officier kel’yon n’oserait pas ordonner une remontée de cette pente. Il était aussi terrible : des vents glacés balayaient les tentes, tourmentaient les feux de camp et torturaient les blessés.
Afficher en entierJ’ai échoué. J’ai échoué. J’ai échoué.
Hanaka ferma les yeux un instant. Des trombes d’eau tombaient sur le fort de Temgai – comme si, quelque part au-dessus des nuages, un dragon pleurait pour elle.
La chanteuse d’opéra dans le jardin de pierres déclamait ses vers malgré la tempête. De temps à autre, le responsable de la troupe d’acteurs lançait un regard anxieux à Hanaka.
Pourquoi ne demande-t-il pas tout simplement la permission d’arrêter ? songea la jeune femme.
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