Extraits

— J’ai connu tellement de gars, mais je ne veux plus expérimenter désormais. C’est toi que je veux. Je n'ai jamais rencontré une belle personne telle que toi.

Le profond soupir de Laurent chatouilla le cou de Beast.

— Et je n’ai jamais réalisé que l’amour avait plus de valeur que la liberté. Tu es tout pour moi. Même si nous sommes nés à différents siècles l’un de l’autre, je suis sûr que nos âmes sont enlacées

La façon dont il se mit à rire, se cramponnant au mur comme s’il venait de raconter sa meilleure blague, laissa Laurent stupéfait par la révélation. C'était absolument horrible.

— Je suppose que c'est agréable, M. King, murmura-t-il, en dépit de sa gorge serrée.

Les yeux bleus de King brillèrent et il rit si rapidement qu'une partie de sa bière coula sur son menton.

— Il est si jeune et fort, et je dois savoir…

Laurent aurait dû savoir que Beast ne serait pas meilleur que Fane. Il avait enchaîné son pied et s’était transformé en dragon dès qu’il avait hésité à accepter ses avances. C'était aussi bien. Il se noyait déjà dans ce Nouveau Monde et n’avait pas besoin de ressentir de l’affection pour Beast en plus de cela. Peu importe la rapidité avec laquelle son cœur battait lorsque les doigts cicatrisés de Beast s’étaient enroulés autour de lui ou de la force de son bras massif quand il l’avait posé sur l'épaule de Laurent. Ce n'étaient que de ridicules bagatelles à considérer.

N’était-ce pas exactement l’erreur qu’il avait commise auparavant ?

Je suppose que je préférais que les gens pensent que j’étais effrayant plutôt que de me plaindre, déclara-t-il avec une lourdeur croissante dans la poitrine.

Laurent acquiesça, et vu la manière dont il prenait son temps pour comprendre les mots, Beast devina qu'il le faisait vraiment.

— J'ai connu autrefois un homme incroyablement beau. Quand vous regardiez son visage, sa beauté vous faisait supposer qu'il était un parfait gentleman. Alors, qu’au fond de lui, dans son cœur, il détenait un mal que vous ne comprendriez pas. Les gens ont tort de vous juger d’après vos cicatrices.

— Nous vous attendions tous les deux pour le chili, annonça Martina, montrant à Laurent une boîte métallique argentée avec des chiffres et des symboles écrits sur un côté. Mets-le pendant trois minutes.

Laurent déglutit, se montrant hésitant quant à ce qu’elle voulait dire, sans vouloir paraître désespérément stupide. Il acquiesça et se dirigea vers la boîte, le cœur battant plus vite de minute en minute. Il n'apprendrait jamais rien à propos de ce monde futuriste. Il y aurait toujours quelque chose pour le surprendre et faire de lui un étranger.

Le cœur dans la gorge, il appuya sur le bouton portant le chiffre « 3 », et lorsque rien ne se passa, il en appuya un autre, avec un triangle rouge, et encore un autre avec des vagues, le « 3 » encore, qui finit par former le nombre « 33 » apparaissant sous la forme de signes à l'écran.

Il fut incapable de déterminer s’il entendit la voix de Beast d’abord, ou s'il sentit sa présence dans son dos, mais tout à coup l'homme-montagne était là, se tenant derrière lui et parlant d'au-dessus de sa tête, alors que le parfum frais et citronné de son eau de Cologne inondait les sens de Laurent.

— On appelle ça un micro-ondes

Il déglutit lorsque les hommes le dévisagèrent avec plus d'attention.

— Donc, comme vous pouvez le constater, cette question est de la plus haute importance et je suis sûr que la lady en question ne voulait pas vous manquer de respect.

Les trois hommes s’entreregardèrent et Laurent se raidit lorsqu'il remarqua que l'un d'entre eux se cachait derrière ses doigts, afin de réprimer des éclats de rire. Maddock se racla la gorge, s’adressant finalement Laurent.

— Hmm... Je suis désolé, mon cher... monsieur, mais ladite Lady nous a insultés.

Laurent hocha rapidement la tête et toucha une seconde le bras de M. Maddock.

— Oui, c’est ce que j'ai entendu. Elle traverse une période difficile ces derniers temps et elle réagit de manière démesurée, et vous devez comprendre qu’elle ne nous représente pas tous. Non seulement je suis autorisé à vous proposer une renégociation des conditions financières, mais je voudrais également vous inviter à revenir pour savourer un peu de chili et du pain de maïs pour réparer les liens endommagés entre nous. J'en ai pris quelques bouchées ce matin, et c'était divin à mon palais.

Il sourit largement et le plus jeune des ouvriers rit à nouveau.

— Oh merde… Maddock, je ne peux tout simplement pas... Il a été autorisé…

Maddock émit un petit aboiement, se reprit, seulement pour hurler si fort de rire qu’une petite larme se mit à couler le long de sa joue en quelques secondes. — Oh, Seigneur, c'est hilarant ! D'où vous sortent-ils, gamin ?

Laurent ne laissa pas son sourire faiblir.

— Je... je suis Français. Cela suffirait-il ?

— Pour être juste, il ne nous a pas encore offert de grenouilles ni d’escargots, alors il essaie de s’intégrer, déclara l’homme qui n’avait pas encore exprimé son opinion sur le sujet. Et j’ai bien envie de chili...

Maddock soupira, regardant Laurent en plissant légèrement les yeux.

— Eh bien pourquoi pas ?

Tu as gagné un marché, gamin, dit-il, tendant la main à Laurent.