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C’est le monde à l’envers. Comme toujours, avec elle.
Je suis dans l’obscurité, elle est dans la lumière. Violette Saint-Honoré ignore que depuis un bon quart d’heure, je l’observe, retranché dans mon bureau. Que mes yeux sont braqués sur elle derrière cette vitre teintée. Son plan de travail étant tout près – heureux fruit du hasard – je me paie le luxe de surveiller tous ses faits et gestes à son insu. Rien de pervers dans tout cela. C’est l’artiste que j’admire, à cet instant. Celle qui partage la même passion que moi et la vit si intensément. Ses créations sont d’une précision, d’un lyrisme, d’une finesse… J’en reste bouche bée.
Jamais vu une volonté, une détermination pareilles…
Comme si sa colère la rendait invincible.
Parce que oui, ses sourcils sont froncés et son air est grave. Voilà une semaine que fée Clochette est furieuse. Qu’elle me fait la gueule, sans prendre la peine de m’expliquer pourquoi. Qu’elle me fuit comme la peste dès qu’elle a la malchance de croiser mon chemin. Qu’elle m’évite, m’ignore, se détourne dès qu’elle me repère à distance. Tout ça en me fusillant allègrement du regard, bien entendu. Elle a du cran, cette fille. Je n’ai aucune foutue idée de ce qui me vaut toute cette antipathie, mais il va falloir que ça cesse. Un : parce que je suis le patron, ici, et que je ne tolérerai aucune insubordination. Deux : parce que nos collègues ne vont pas tarder à se douter de quelque chose.
Si seulement je savais ce qu’elle me reproche !
Afficher en entierCette fille est bluffante. Ça ne rate jamais. Et pourtant, ça me surprend toujours.
Son sourire mutin se dirige maintenant vers moi. Elle est belle à croquer dans cette robe, avec ses cheveux relevés qui laissent sa nuque dégagée – nuque que j’ai furieusement envie de caresser. Ses billes noisette fixent mes lèvres d’un air gourmand et je devine que, ce contact, elle en a autant envie que moi. Alors pendant quelques secondes, nous rompons toute liaison avec le monde extérieur pour nous réfugier dans une bulle. Juste elle et moi, c’est tout ce dont j’ai besoin. Mais le grand châtain au regard fourbe se racle la gorge, derrière elle, et il m’est impossible de l’ignorer plus longtemps.
Afficher en entier– Qu’est-ce qui me vaut ce regard de tueur ? Mauvaise journée ? demandé-je en me levant de mon fauteuil.
– Je peux savoir pourquoi on ne me laissait pas te voir ? Tu es devenu intouchable ? grogne-t-il en plissant ses yeux noirs.
– Je croule sous le boulot. Tu sais, certains doivent bosser pour…
– Ouais, ouais, m’interrompt-il en se rapprochant de moi. T’es un mec modèle, c’est ça ? T’as rien à te reprocher ?
– Qu’est-ce que tu insinues, Damon ? Vas-y, vide-le, ton sac ! m’agacé-je.
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