Ajouter un extrait
Liste des extraits
Si Muriel portait ce cycliste, elle aurait l'air mince et sportive. Quant à moi... Je donnais surtout l'impression d'avoir passé le cap du premier trimestre. A part que je n'étais pas enceinte, hélas. Pas d'un enfant, en tout cas. Mais de crème glacée à la vanille. Voilà. C'était tout à fait ça. J'avais un bébé-bouffe dans le ventre.
Afficher en entierPour moi, l'amour rendait l'être humain meilleur. Aimer donnait le sentiment d'être protégé, et, d'avoir été choisi. Choisi. Quel mot magnifique ! En aimant, l'être humain se bonifiait, devenait plus noble, plus vaste, plus généreux.
Afficher en entier— Allô ? Je suis encore en ligne, Callie, me rappela sèchement ma sœur. Tu veux que je te dise quoi, alors ?
— Je ne sais pas. Ce que je dois faire, par exemple. Tu as une idée ?
— Sortir d’ici et poursuivre votre conversation ailleurs, par exemple ? suggéra le type derrière moi.
Au téléphone, Hester poussa un soupir d’impuissance :
— Pas la moindre, non. Ma plus longue histoire d’amour a duré trente-six heures. Et tu sais que je m’en porte plutôt bien, précisa-t-elle d’un ton soudain pensif.
— Hester… Je vais les voir ensemble tous les jours, protestai-je d’une voix mouillée.
A cette seule pensée, mon cœur se convulsa de désespoir.
— Ça craint, reconnut ma sœur.
— Ma pauvre enfant, compatit ma voisine de queue en serrant ma main plus fort.
Le travail ne serait plus jamais comme avant. Green Mountain Media, l’agence que j’avais contribué à mettre sur pied, serait désormais le domaine de Muriel. Muriel. Un prénom cruel de petite fille riche. Un prénom méprisant et glacial ! Tellement moins sympathique que « Callie », qui était mignon, spontané et amical.
Un nouveau sanglot m’échappa et M. Intolérant, derrière moi, grommela une protestation écœurée. C’en était trop. Je me retournai d’un bloc.
— Ecoutez, monsieur, je suis désolée si ma présence vous incommode, mais j’ai eu une sale journée, O.K. ? Une très, très sale journée, même, d’accord ? Mon cœur est brisé, mon pote, est-ce clair ?
— Bon, bon, acquiesça-t-il froidement. Allez-y, je vous en prie, continuez à évacuer votre diarrhée émotionnelle.
Le rat ! Il avait l’air coincé de chez coincé, ce type. Il portait un costume, pour commencer (n’oubliez pas que nous sommes dans le Vermont, où la tenue décontractée fait quasiment office d’uniforme), coupe de cheveux militaire, des yeux bleus froids et de méprisantes pommettes slaves. Je me retournai sans un mot. Celui-là, très clairement, ignorait tout de l’amour. De l’amour qui finit mal. De l’amour rejeté. Et que pouvait-il comprendre de mon pauvre cœur, loyal et tendre ?
Cela dit, il n’avait peut-être pas tort sur tous les plans.
Afficher en entier