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Oui, j’ai cru que j’avais un but, monsieur Bruel… et je n’avais rien… J’avançais dans un couloir sans commencement, sans fin, à la remorque d’imbéciles, précédant d’autres imbéciles. On roule la vie dans des peaux d’ânes. Comme on met dans les cachets les poudres amères, pour vous les faire avaler sans peine… mais voyez-vous, monsieur Bruel, je sais maintenant que j’aurais aimé le vrai goût de la vie.
Afficher en entierDieu est ennemi du rendement, dit-il.
Le rendement est l'ennemi de l'homme, dit l'abbé Grille.
Afficher en entier- Note bien, dit Wolf, qu'il y a deux façons de ne plus avoir envie de rien : avoir ce qu'on voulait ou être découragé parce qu'on ne l'a pas.
Afficher en entier« -Tu es belle, murmura-t-il, comme... comme une lanterne japonaise... allumée.
-Ne dis pas d'idioties, protesta Folavril.
-Je ne peux pas te dire que tu es belle comme le jour, dit Lazuli, ça dépend des jours. Mais une lanterne japonaise, c'est toujours joli.
-Ça m'est égal d'être laide ou belle, dit Folavril. Il faut seulement que je plaise aux gens qui m'intéressent.
-Tu plais à tout le monde, dit Lazuli. Alors ceux-là sont sûrement dans le lot. »
Tout près, elle avait de minuscules taches de rousseur et, sur les tempes, des fils de verre dorés.
-Ne pense pas à tout ça, dit Folavril, pense à moi quand je suis là et raconte-moi des histoires.
-Quelles histoires ? demanda Lazuli.
-Oh ! pas d'histoires, alors, dit Folavril, tu préfères me chanter des chansons ?
-Pourquoi tout ça ? dit Lazuli. Je veux te prendre dans mes bras et avoir le goût de framboise de ton rouge.
-Oui, murmura Folavril, c'est très bien ça, c'est mieux que les histoires...
Folavril se laissa faire, et fit aussi.
-Folavril... dit Lazuli.
-Saphir... dit Folavril.
Et puis ils se remirent à s'embrasser. Le soir venait. Il les vit et s'arrêta près d'eux pour ne pas les troubler. Il irait plutôt accompagner Wolf qui rentrait à ce moment-là. Une heure plus tard, tout était obscur, sauf dans un rond de soleil qui restait, où il y avait les yeux clos de Folavril et les baisers de Lazuli, à travers une vapeur qui venait de leur corps. »
Afficher en entier"J'ai presque tout essayé, dit Wolf, et il n'y a rien que j'ai envie de refaire.
- Pas même m'embrasser ? dit Lil.
- Si, dit Wolf en le faisant.
- Et ta vieille machine horrible ? dit Lil.
- Ça me fait peur, murmura Wolf. La façon dont on repense aux choses là-dedans...
Il eut une crispation de déplaisir dans la région du cou.
- C'est fait pour oublier, mais d'abord on renpense à tout, continua-t-il. Sans rien omettre. Avec encore plus de détails. Et sans éprouver ce qu'on éprouvait.
Afficher en entier- Assez long... répéta Wolf. Quel calvaire ! Seize ans... seize ans le cul sur des bancs durs... seize ans de combines et d'honnêteté alternées, - seize ans d'ennui - qu'en reste-t-il ? Des images isolées. [...] Et toutes ces grandes peurs dont on ne sait plus la cause, les veilles d'examen... Une régularité d'habitudes... ça se bornait à cela... Mais savez-vous, Monsieur Brul, que c'est ignoble, d'imposer à des enfants une régularité qui dure seize ans ? Le temps est faussé, Monsieur Brul. Le vrai temps n'est pas mécanique, divisé en heures, toutes égales... Le vrai temps est subjectif, on le porte en soi... Levez-vous à sept heures tous les matins... Déjeunez à midi, couchez-vous à neuf heures... et jamais vous n'aurez une nuit à vous... [...] On m'a volé seize ans de nuit, Monsieur Brul. On m'a volé ça... entre autres... On m'a volé mon but, Monsieur Brul. On m'a fait croire, en sixième, que passer en cinquième devait être mon seul propos... en première, il m'a fallu le bachot... et ensuite un diplôme... Oui, j'ai cru que j'avais un but, Monsieur Brul... et je n'avais rien... J'avançais dans un couloir sans commencement, sans fin, à la remorque d'imbéciles, précédant d'autres imbéciles. On roule la vie dans des peaux d'âne comme on met dans des cachets les poudres amères, pour vous les faire avaler sans peine... mais voyez-vous, Monsieur Brul, je sais maintenant que j'aurais préféré le vrai goût de la vie.
Afficher en entierUne solution qui vous demolit vaut mieux que n’importe quelle incertitude
Afficher en entierIl vaut mieux etre deçu que d’esperer dans le vague
Afficher en entierIl y a deux façons de ne plus avoir envie de rien : avoir ce qu’on voulait ou etre découragés parce qu’on l’a pas "
Afficher en entier- ... Une histoire à dormir debout.
- On est tous debout, dit Wolf ; il faut bien en profiter pour quelque chose. Dormir par exemple.
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