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Il y eut un " plouf ", puis un autre plus faible. L'homme était tombé le premier. La valise était tombée ensuite. Quant au grand maigre, après un bref regard autour de lui, il se penchait sur l'eau.
Plusieurs jours plus tard, seulement, Maloin se demanda pourquoi il n'avait pas appelé au secours.
Afficher en entier"Quel genre d'être était-ce? Il n'avait pas une tête de brute. Au contraire ! il avait plutôt l'air d'un pauvre diable mal portant qui traîne une vie solitaire." (p. 30)
Afficher en entier.. Maloin se versa du café, y ajouta de l'eau-de-vie et bourra une troisième pipe qu'il fuma debout, regardant de haut en bas les silhouettes en mouvement. Pourquoi s'intéressa-t-il à un homme plutôt qu'aux autres ? Comme d'habitude, on avait posé les barrières pour empêcher les passagers de sortir sans passer par la douane. Or, l'homme en question, qui venait de la ville, se tenait en-dehors des barrières, juste au-dessous de la cabine d'aiguillage, et Maloin pensa même qu'il pourrait cracher dessus.
Il portait un pardessus gris, un chapeau de feutre gris, des gants de peau et il fumait une cigarette. Les autres détails, Maloin ne les distinguait pas. Les hommes d'équipe, les douaniers, les employés de la gare s'occupaient des voyageurs qui franchissaient la passerelle. Seul, Maloin, outre son homme en gris, devina une ombre debout à l'avant du navire et à l'instant même cette ombre lançait quelque chose sur le quai.
Ce fut ravissant de précision comme une acrobatie. A cinquante mètres de la foule, une valise venait de passer en dehors des barrières et l'inconnu de la ville la tenait à la main, naturellement, en fumant toujours.
Il aurait pu s'en aller. Nul n'aurait songé à l'interpeller. Mais il resta là, à quelques mètres du rapide, comme un quelconque voyageur qui attend un ami. La valise paraissait légère. C'était une de ces petites mallettes en fibre conçues pour contenir un complet et un peu de linge, Henriette en avait une du même genre.
- "Que peuvent-ils bien avoir passé en fraude ?" se demandait Maloin. ...
Afficher en entier.. Sans y penser, parce qu'il était venu pour cela, il tira le saucisson de sa poche, le posa sur le doris et pendant ce temps il cherchait à s'assurer qu'un pied, ou une main, ne dépassait pas de quelque part.
- "Monsieur Brown ! ... " dit-il de la même voix dont il eût parlé à un interlocuteur ordinaire.
Les deux boîtes de sardines prirent place à leur tour sur le canot.
- "Ecoutez, monsieur Brown ... Je sais que vous êtes ici ... La cabane m'appartient ... Si j'avais voulu vous dénoncer, je l'aurais déjà fait hier ..."
Il écouta, un peu penché comme après avoir laissé tomber une pierre dans le mystère d'un puits. Rien ne vibrait, que le dernier écho de sa voix.
- "Comme il vous plaira ! Vous remarquerez que je viens à vous gentiment. Hier, je n'aurais pas pu, parce qu'il y avait un gendarme juste au-dessus de vous, sur la falaise."
Il tenait le bidon d'émail bleu à la main et, sans raison, il n'osait plus bouger. Il récitait, comme une tirade apprise, et cependant il improvisait :
- "La chose la plus importante, c'est de manger. J'ai apporté du saucisson, des sardines et du pâté. Vous m'entendez ?"
Ses oreilles étaient aussi rouges que quand, enfant, il devait dire un compliment et sa voix devenait plus âpre.
- "C'est inutile de faire le malin. Je sais que vous m'écoutez. Si vous étiez parti, j'aurais trouvé la serrure cassée, ou la porte entrouverte."
Etait-ce derrière le baril de coaltar ? Etait-ce derrière les paniers empilés ? Ou en dessous du doris ? Car il y avait un assez grand espace libre sous l'embarcation.
- "Je vais vous laisser ces vivres ainsi qu'un bidon qui contient de l'alcool. Je crois qu'il vaut mieux que je referme la porte car les gendarmes pourraient faire une ronde et s'ils trouvaient la porte ouverte, ils viendraient jeter un coup d'oeil ..."
Il n'avait jamais parlé à vide. C'était si déroutant qu'il en arrivait à se mettre en colère.
- "Ecoutez bien ! Nous n'avons pas de temps à perdre. J'ai besoin de savoir si vous êtes là, vivant, ou si vous êtes mort."
L'idée de parler à un mort ne le fit même pas sourire. ...
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