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C'est étrange à quel point certaines personnes peuvent rester bloquées dans une époque. Il y a un moment dans leur vie qui les définit, et ils s'accrochent pendant les décennies suivantes : même coupe de cheveux, même style de vêtements, même musique, alors que le monde qui les entoure a totalement changé
Afficher en entierLe jour de l'enterrement, le temps semblait être le reflet de la colère et du désespoir avec lesquels je n'avais pas encore réglé mes comptes. La pluie tombait de biais et ressemblait à de la neige fondue. Les vents violents de décembre l'amenaient de la mer, jusque sous nos parapluies et en plein sur nos visages. Cinglante et froide
Afficher en entierRien ne vous rappelait plus votre destin de mortel que de voir un être humain, nu, allongé sur la table glacée d'une morgue
Afficher en entierDonald l'observa un instant, puis se détourna et s'accroupit pour ranger ses outils." C'est ton athée de tante qui t'a monté la tête contre le Seigneur, n'est ce pas?".
Fin secoua la tête."Non, elle aurait été contente de faire de moi un joyeux païen comme elle. Mais elle est arrivée trop tard. Le mal était fait.J'étais déjà infecté.Une fois que l'on a cru, c'est très difficile de ne plus croire. J'ai juste cessé de croire que Dieu était bon, c'est tout."
Afficher en entierIl n'y avait pas de mots pour décrire la tristesse qu'il éprouvait à voir son ami d'enfance aussi amer. La vie passait en un éclair, comme un bus pendant une nuit pluvieuse à Ness. Il fallait s'assurer d'être vu pour qu'il s'arrête et que vous puissiez y monter, sans quoi il partait sans vous, et vous vous retrouviez obligé de rentrer chez vous à pied, dans le vent et sous la pluie. Il se disait qu'à sa manière, il était comme Artair, poursuivi par l'idée de ce qui aurait pu être, d'avoir raté ce bus. Rendu amer par ses échecs. Le regarder lui renvoyait sa propre image, et il n'aimait pas ce qu'il y voyait.
Afficher en entierDans le ciel d'août, une fine bruine masque les étoiles mais la lune, aux trois-quarts pleine, parvient tout de même à projeter sa lumière fantomatiques sur le sable laissé humide par la marée descendante. Avec douceur, la mer va et vient sur la plage. L'écume phosphorescente libère des bulles argentées qui restent accrochées au sable doré.
Afficher en entierLe temps changeait constamment. La lumière et l'ombre se succédaient en permanence, l'une derrière l'autre, pluie, soleil, ciel d'orage, ciel bleu. Et les arcs-en-ciel.
Mon enfance en est pleine. En général, par paire. Nous en vîmes un ce jour-là, qui se formait rapidement au-dessus des tourbières. Ses couleurs éclataient contre le plus noir des ciels d'orage. Une beauté qui vous laissait muet.
Afficher en entierAu moment où ils quittèrent la couche nuageuse, basse et épaisse, Fin put voir la mer d'ardoise qui se brisait en éclats blancs sur les longs doigts de roche noire qui avançaient depuis la péninsule d'Eye, un bout de terre sauvagement découpé appelé Point par les insulaires.
Afficher en entierLes gens nés dans les années cinquante décrivent parfois leur enfance en évoquant des tons bruns. Un monde sépia. J'ai grandi dans les années soixante et soixante-dix et mon enfance fut violette.
Afficher en entierÀ leur droite, les tourbières s’étendaient vers l’horizon embrumé, ponctuées par endroits de quelques moutons résistant vaillamment aux coups de vent de l’Atlantique. À gauche, en un cycle jamais interrompu, l’océan balayait les plages et les criques rocheuses. L’écume foisonnante éclatait contre le gneiss sombre et dur, les plus anciens rochers que l’on puisse trouver sur terre. Sur l’horizon, comme un lointain mirage, on discernait la silhouette d’un pétrolier.
À Cross, Fin vit que l’arbre qui se trouvait autrefois à l’abri du pub le Cross Inn avait été abattu. Un repère de moins ; le seul arbre de la côte ouest. Le village avait l’air bizarrement nu sans lui. L’Église libre de Cross dominait toujours le décor. La masse de granit sombre surplombait les maisons aux murs crépis, équipées de double vitrage, des insulaires têtus, déterminés à lutter contre les éléments. Parfois, comme aujourd’hui, leurs prières étaient entendues. Le vent prenait pitié et le ciel laissait enfin le soleil adoucir l’atmosphère. Une existence rude, parfois récompensée par de fugaces moments de plaisir
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