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Si vous m'aviez posé la question une heure plus tôt, j'aurais répondu que non, je ne me rappelais pas de ce sentier. Je ne crois même pas que je me serais souvenu du nom de Lettie Hempstock. Mais, debout dans ce vestibule, tout me revenait. Des souvenirs attendaient à la lisière des choses, pour me faire signe. Vous m'auriez déclaré que j'avais à nouveau sept ans, j'aurais pu vous croire à moitié, un instant.
Afficher en entierLa crainte n'avait pas quitté mon âme.
Mais il y avait un chaton sur mon oreiller, il ronronnait contre visage et vibrait doucement à chaque ronron et, très vite, j'ai dormi.
Afficher en entierBut there was a kitten on my pillow, and it was purring in my face and vibrating gently with every purr, and very soon, I slept.
Afficher en entierDans mes rêves, j’ai employé cette langue pour guérir les malades et pour voler ; une fois, j’ai rêvé que je tenais un petit bed and breakfast parfait au bord de la mer, et à tous ceux qui venaient séjourner chez moi, je disais, dans cette langue : « Soyez entiers », et ils trouvaient leur intégrité, et ce n’étaient plus des gens cassés, désormais, parce que j’avais employé la langue qui façonne.
Afficher en entierJ'ai vu le monde que j'avais parcouru depuis ma naissance et j'ai compris combien il était fragile, que la réalité que je connaissais était une fine couche de glaçage sur un grand gâteau d'anniversaire ténébreux qui grouillait d'asticots, de cauchemars et de faims. J'ai vu le monde par en haut et par en bas. J'ai vu qu'existaient des schémas directeurs, des portes et des chemins au-delà du réel. J'ai vu toutes ces choses et je les ai comprises, et elles m'ont empli, exactement comme les eaux de l'océan m'emplissaient.
Tout chuchotait à l'intérieur de moi. Tout dialoguait avec tout, et je savais tout.
J'ai ouvert les yeux, curieux d'apprendre ce que je verrais dans le monde à l'extérieur de moi, si ce serait comparable au monde à l'intérieur.
J'étais suspendu sous l'eau, dans les profondeurs.
J'ai baissé les yeux et le monde bleu au-dessous de moi se prolongeait vers les ténèbres. Je les ai levés, et le monde au-dessus en faisait de même. Rien ne m'entraînait plus profond, rien ne me forçait vers la surface.
Afficher en entier"Comment peux-tu être heureux en ce monde? Tu as un trou dans le coeur. Tu possèdes en toi un portail vers des pays au-delà du monde que tu connais. Ils t'appelleront, quand tu grandiras. Il n'y aura jamais de moment où tu les oublieras, où tu ne chercheras pas, dans ton coeur, quelque chose que tu ne peux pas avoir, que tu ne pourras même pas imaginer de façon satisfaisante, et dont la privation gâchera ton repos, tes jours et ta vie, jusqu'à ce que tes êtres chers te donnent du poison et te vendent aux anatomistes, et même là, tu mourras avec un trou à l'intérieur de toi, et tu gémiras, tu maudiras une existence mal vécue. Mais tu ne grandiras pas (...)"
Afficher en entierC'est le problème, avec les êtres vivants. Ca dure pas très longtemps. Chatons un jour, vieux matous le lendemain. Et après, plus que des souvenirs. Et les souvenirs s'effacent, se mélangent et se brouillent tous ensemble...
Afficher en entierSi je savais en parler, je n'aurais pas besoin de le pratiquer. Je crée de l'art, parfois je crée de l'art véritable, et parfois il comble les vides béants de ma vie. Quelques-uns. Pas tous.
Afficher en entierJ'ai contemplé la maison, me rappelant moins que je m'y attendais mes années d'adolescence: ni bons moments, ni mauvais. Adolescent, j'avais habité ici quelque temps. Ca ne semblait pas être une composante de ce que j'étais à présent.
Afficher en entier« Hé ben, a-t-elle répondu. Laisse-moi te le dire, au cas où tu irais te figurer que je me suis amusée : c’était pas amusant, mais alors, pas du tout. Les mandragores font un tintouin infernal quand on les déterre et j’avais pas pris de bouchons pour les oreilles, et une fois que je l’ai eue, j’ai dû aller l’échanger contre une bouteille d’ombres, une des vieilles, avec plein d’ombres dissoutes dans du vinaigre… »
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