Extraits

L’instruction, disait-elle, était la clé que se forgeaient les enfants pour ouvrir les portes du monde des adultes. Celui qui détenait « la clé en or » pouvait toutes les ouvrir.

Bastien regardait, de façon distraite, les autres jouer au foot, ping-pong, discuter dans un coin de la cour, pour certains, aller pisser en groupe pour fumer une clope en cachette. Il entendait les rires, les cris que connaissent la plupart des cours de récré, mais dans ce tumulte, cette agitation propre à toute les collèges du monde, il n'avait d'yeux que pour elle.... Lolie.

Paris, de nos jours

Maggy Ferguson était assise, comme tous les mardis,

à sa table favorite. Elle avait commandé une farandole de légumes accompagnée d’un steak à la normande, et dégustait un vin rouge, le nez plongé dans un bouquin posé sur le côté gauche de son assiette. Les cheveux blonds aux épaules, le visage doux, mince, de taille moyenne, elle

était secrétaire chez Maferti Comptabilité depuis deux ans, et déjeunait seule tous les mardis dans ce petit restaurant aux prix raisonnables et aux mets délicieux. Comble de bonheur, il ne se trouvait qu’à deux minutes à pied de son lieu de travail.

L’Ombre savait tout ceci, et bien plus encore. Il connaissait tout d’elle et avait analysé la moindre de ses habitudes sans rien laisser au hasard, ce mot ne faisant pas partie de son vocabulaire.

Aussi, quand elle se leva pour gagner le coin toilette, il composa le numéro du restaurant et, profitant de ce moment d’inattention provoqué par la sonnerie, se dirigea calmement vers sa table. Il y déposa un verre du même vin, rempli au même niveau que celui qu’elle consommait, avant de subtiliser l’original et d’en vider rapidement le contenu dans le pot du ficus se trouvant à sa droite.

Les deux officiers entrèrent dans la chambre et n'en ressortirent effectivement que deux minutes plus tard. Ils avaient informé le suspect du décès de son épouse, en le chargeant et l'accablant intentionnellement, et la seule réaction qu'ils avaient obtenue était celle d'une vache à qui on annonce qu'elle a gagné au loto.

La surprise et l'état comateux dans lequel elle se trouvait cédèrent la place à la panique. La première chose qu'elle ressentit, fut un déchirement dans le bas du ventre, une souffrance lancinante remontant jusqu'au plexus et le goût étrange de la peur dans la bouche... Lorsqu'elle ouvrit la porte d'entrée, une seule phrase revenait en boucle dans sa tête, comme un vieux disque vinyle rayé : "pas mon bébé, s'il vous plaît, pas mon bébé !".

La température était déjà élevée malgré l‘heure matinale, et le soleil faisait danser ses reflets sur l’eau turquoise de l’océan. Les vagues semblaient vouloir suivre cette chorégraphie envoutante, hypnotisées par la beauté que dégageait l’union de la mer et du soleil. Alors elles escortaient le splendide ballet jusqu’aux côtes, se faisant surprendre par le rivage, où elles s’échouaient inexorablement sur le sable fin, dans le bruissement caractéristique de leur dernier souffle !

Elle fit quelques pas de danse en direction de la terrasse, déposa son café et le bol de mangues sur la table et s’installa pour déjeuner en profitant de la vue splendide qui s’offrait à elle. Le ressac des vagues était une mélodie qu’elle adorait. Les notes n’étaient jamais les mêmes, l’océan jouait sa symphonie au gré de ses humeurs, selon que la mer soit calme ou agitée.