Extraits

-Ton intégrité t'honore, laird, le flatta Oanez.

-Va-t-elle m'honorer longtemps, quand je vais exiger réparation pour le traitement subi en ces lieux par ma fille ? railla Lachlan.

-Il est évident que Callum va l'épouser, répondit Gowan avec une simplicité qui s'imposa d'emblée.

-Ça fait un moment que je te cherche. Que fais-tu ici ?

Calum affichait un air sombre ; il était contrarié, c’était évident. Elle le dévisagea quelques secondes en silence, puis se détourna pour s’abîmer dans la vue infinie. Elle se raidit lorsqu’il l’enlaça et la plaqua contre son torse. La chaleur de son corps l’enveloppa dans une douce torpeur qui manqua briser les derniers remparts protégeant son cœur.

– Je sais que tu es en colère, Énéa.

– Je ne le suis pas.

– Non ?

– Non.

Calum malaxait ses hanches rondes et mordillait sa nuque exposée, distillant dans son corps des étincelles de feu qui lui embrasaient le ventre. Elle serra les cuisses pour contenir cet incendie et gémit lorsque Calum tira sur son vêtement pour la déshabiller.

– Enlève-la, si tu ne veux pas que je la déchire, souffla-t-il avec impatience.

Énéa se débarrassa alors de sa robe et de sa chemise d’un seul mouvement et hoqueta quand Calum la plaqua de nouveau contre lui, mouillant son cou de baisers voraces. Saisissant l’un de ses seins, il en pinça le mamelon durci, tout en enfouissant son autre main entre ses cuisses, lissant les boucles humides avant de frôler le cœur de sa féminité.

– Énéa Connors, je te choisis pour épouse.

– Calum…

– Je veux faire l’amour à ma femme cette nuit, Énéa. Je ne veux plus aucun obstacle entre nous. Je te promets une cérémonie digne de ce nom une fois que nous serons rentrés à Donakin, mais, ce soir, je souhaite que nous échangions nos voeux. Pour nous.

-Vous êtes des porcs ! bégaya-t-elle, touchée dans son intégrité.

-Tu es la fille de Fergus, tu t'y connais en matière de porc, n'est-ce-pas ? Les hommes de mon clan sont impitoyables et cruels envers ceux qui les ont attaqués, et ton père a été d'une barbarie atroce avec les miens. Un peu de ton sang contre tout celui qu'il a versé, c'est bien peu, crois-moi. Et c'est bien moins que ce que la plupart de mes guerriers auraient aimé t'imposer.

-Mon clan t'offre l'hospitalité.

-Je ne me rappelle pas avoir sollicité cet honneur, objecta-t-elle par pure provocation.

(...)

-Ca me coûtera quoi ? s'enquit-elle, le fusillant du regard.

-Tu vas partager mon lit.

– Et la fille de Fergus ? grogna Gordon. C’est une Mac Dougall, elle n’a rien à faire ici !

Des chuchotements, que Calum accueillit d’un regard sévère, approuvèrent cette déclaration. La plupart des hommes, autour de lui, scrutaient la jeune femme avec un intérêt évident. Le désir de venger leur honneur n’avait pas disparu malgré les années, bien au contraire, et la présence à Donakin de la fille de leur ennemi leur donnait des idées inavouables.

Calum éprouva une rage sans nom à la pensée que certains convoitaient ouvertement sa prisonnière, alors que son propre corps frémissait du désir de la posséder. De fait, il ne pouvait leur reprocher cette réaction viscérale.

– Je ne suis pas une Mac Dougall, contesta soudain la jeune femme avec une audace qui surprit la foule.

– Pas une Mac Dougall ? répéta Gordon en ricanant. Alors, qui es-tu ?

– J’ai quitté mon clan de mon plein gré, j’ai donc perdu le droit de porter ce nom.

– Jeune fille, ce n’est pas ainsi que les choses se passent ! objecta un ancien en riant.

– Pourquoi ? Parce que seul le laird peut choisir de bannir une femme ? Et si elle estime que son clan ne mérite plus sa loyauté ?

Calum réprima un sourire devant les mines consternées qui fleurissaient autour de lui. La fille avait du courage, il ne pouvait le nier. Elle les fusillait du regard, les mains sur les hanches, comme si elle n’était pas seule en terre ennemie. Mais quoi d’étonnant ? Sur la plage, elle s’était défendue avec âpreté, maniant le poignard avec efficacité. Fergus l’avait bien éduquée, sur ce plan.

– On va faire quoi d’elle ? bougonna une autre voix dans la foule.

– D’après toi ? railla un homme. Jolie comme elle est, elle réchauffera bien quelques couches.

Calum n’eut pas le temps de réagir. Moira bondit vers l’attroupement, le visage convulsé de rage. Elle pointa un doigt menaçant vers les hommes qui ricanaient, sans obtenir l’effet escompté. Néanmoins, plusieurs se turent, abasourdis par son audace. Ou plutôt gênés par son statut de paria, songea Calum, en étudiant les mines renfrognées.

– Personne ne touchera à ma fille ! prévint-elle, menaçante.

– Ta fille ? répéta Gordon, interloqué.

– Oui, ma fille. Énéa est ta sœur jumelle, Gordon. Et, de fait, c’est une Mac Cleod. Le clan lui doit protection.

– Ta fille ? souffla Calum, hébété, cette fois-ci.