Extraits

— Vous êtes un Chasseur d'Ombres, vous n'avez pas peur de la mort.

— Bien sûr que si, dit Will. Tout le monde a peur de la mort. Nous avons beau être issus des anges, nous ne savons pas plus que vous ce qu'il y a après.

Magnus s'assit à l'autre bout du divan. Ses yeux verts aux reflets mordorés brillaient comme ceux d'un chat dans la pénombre.

— Rien ne prouve qu'il n'y ait rien après la mort.

— Rien ne prouve qu'il y ait quelque chose.

Jem croit en la réincarnation, il voit la vie comme un cycle. On meurt, on renaît sous la forme de la créature qu'on mérite d'être, selon nos actes dans notre vie passée. (Will contempla ses ongles rongés.) Je vais probablement me réincarner en limace.

Les voix étaient assez clairement celles des frères Lightwood. Tessa reconnut les tons plus bas et rauque de Gideon quand il dit : « il viendra un moment où on devra rendre des comptes, Gabriel. Tu peux compter dessus. L’important, c’est notre position au moment où ça arrivera. »

Gabriel répondit, sa voix crispée, « On sera aux côtés de Père, bien sur. Où veux-tu que l’on soit ? »

« Tu ne sais pas tout à son sujet, Gabriel. Tu ne sais pas tout ce qu’il a fait. »

Il y eut un silence au travers duquel Tessa pouvait presque entendre Gabriel bouder. Finalement, il dit, « si tu méprises Père autant que cela, pourquoi es-tu revenu d’Espagne ? »

Gideon répondit, d’une voix désespérée, « Je suis revenu pour toi –"

Sophie et Tessa étaient appuyées contre la porte, les oreilles pressées contre le bois ; à ce moment précis, la porte céda et s’ouvrit d’un coup. Les deux se redressèrent précipitamment, Tessa espérant qu’aucune trace de leur écoute indiscrète ne paraisse sur leur visage.

Gabriel et Gideon se tenaient dans un rayon de lumière au centre de la pièce, se faisant face. Tessa remarqua quelque chose qu’elle n’avait pas vu auparavant : Gabriel, malgré le fait qu’il soit le plus jeune des frères, était plus élancé que Gideon et plus grand de quelques centimètres. Gideon était plus musclé, avec des épaules plus larges. Il passa une main dans ces cheveux blonds, en inclinant la tête de façon courtoise aux jeunes filles au moment où elles sont apparues à la porte. « Bonjour Miss Collins, Miss Gray. »

Source: blog de Cassandra Clare

Puis, sans lui accorder un regard, il se leva, raide comme un piquet, et se dirigea vers la porte. Une main plaquée sur la bouche, elle le regarda, pendant ce qui lui parut une éternité, s'acharner sur le verrou de ses doigts tremblants puis sortir dans le couloir en claquant la porte derrière lui.

Vous et moi, Tess, nous sommes semblables. Nous vivons par et pour les mots. Ce sont les livres qui m'ont permis de continuer à vivre. C'est grâce à eux que je me suis senti moins seul. Je pouvais être honnête avec eux et ils me le rendaient bien. À la lecture de vos lettres, j'ai compris que vous vous sentiez seule, vous aussi, et que vous aviez parfois peur, mais que vous ne manquiez jamais de courage. J'ai découvert votre vision du monde avec ses couleurs, ses textures, ses bruits, et vos pensées, vos espoirs, vos rêves, vos sentiments. J'avais l'impression de rêver, de penser et de ressentir avec vous. J'avais les mêmes rêves, les mêmes désirs... et j'ai compris alors que je ne voulais qu'une chose, être avec la jeune fille qui avait écrit ces lettres. Je vous ai aimée dès l'instant où je les ai lues. Et je vous aime toujours.

Will à Tessa

- attends, Mol. Je ne suis pas seulement venu pour ça.

La silhouette de la revenante vacilla ; sa cupidité le disputait à son impatience et à l'effort pour rester visible.

- Bon, grommela-t-elle. Qu'est-ce qu'il te faut d'autre ?

Will hésita. Ce n'était pas à une requête de Magnus Bane qu'il obéissait ; c'était quelque chose qui l'intéressait lui.

- Un philtre d'amour...

La vieille Mol éclata de rire.

- Un philtre d'amour ? Pour Will Herondale ? Ce n'est pas mon genre de refuser un profit, mais les jeunes gens comme toi n'ont pas besoin de philtres d'amour, c'est un fait.

- Non, dit Will d'une voix où perçait le désespoir. Je cherche l'effet inverse. Quelque chose qui puisse guérir du sentiment amoureux.

- Une potion de haine ? s'enquit Molly d'un ton amusé.

- Je pensais plus à l'indifférence.

La vieille partit d'un ricanement étonnamment humain pour un fantôme.

- C'est triste à dire, Nephilim, mais si tu veux te faire détester d'une demoiselle, il existe de nombreux moyens très simples d'y parvenir. Tu n'as pas besoin de mon aide pour briser les cœurs.

Et à ses mots elle disparut dans la brume qui flottait parmi les tombes. Will poussa un soupir et appuya sa tête contre le fer froid de la grille.

- Ce n'est pas pour elle, marmonna-t-il, bien qu'il n'y ait plus personne. C'est pour moi.

- C'est vrai, je suis courageux, dit Will, l'air content de lui.

Les potions calmantes administrées par Magnus dilataient ses pupilles, et ses yeux semblaient très sombres.

- Ça oui, fit Magnus en l'embrassant.

Ce n'était pas un baiser très ardent, mais Will agita son bras valide comme si une abeille venait de se poser dessus. Magnus n'eut plus qu'à espérer que Camille verrait dans ce geste l'élan de la passion.

(...)

- Vous m'avez embrassé ?

Il fallu un quart de seconde à Magnus pour prendre sa décision.

- Non.

- Je croyais...

- Parfois, les calmants provoquent des hallucinations très bizarres.

- Oh, fit Will. C'est curieux.

Il y a quelque chose d'horrible dans une fleur. Celle-ci, cassée dans ma main, est une de celles qu'il vient de jeter. Elle ne vivra pas plus d'une heure. Il y en a des milliers d'autres ; on ne pleure pas une rose.

Charlotte Mew, « Dans le cimetière de Nunhead »

Will s’appuya contre le grillage:

« Tu sais que ton jolie visage m’a manqué."

-Alors, je viens. Je n'ai jamais pris le train.

Will leva les bras au ciel.

-C'est tout? Vous venez parce que vous n'avez jamais pris le train ?

-Oui, répondit-elle tranquillement, consciente que son flegme le mettait dans tous ses états. J'aimerais vraiment monter dans un train.

- Ce sont de grosses machines sales qui fument sans arrêt. Ça ne vous plaira pas.

Tessa ne se laissa pas émouvoir.

-Je ne le saurai pas tant que je n'aurai pas essayé, non?

-je n'ai jamais nagé nu dans la Tamise, mais je sais que je n'aimerais pas.

-Mais pensez à la joie des touristes, répliqua Tessa et, du coin de l'oeil, elle vit Jem réprimander un sourire moqueur.

- Magnus ! s'exclama Will en se dirigeant vers la cheminée d'un pas chancelant. Vous ne croirez jamais…

- Chut, fit Magnus, son livre toujours ouvert sur ses genoux. Ecoutez donc : "Je suis las des larmes et des rires, de ceux qui rient, de ceux qui pleurent, de tout ce qui peut advenir, de ceux qui sèment pour récolter, je suis lassé des jours et des heures, des boutons épanouis de fleurs infécondes, des désirs et des rêves et des empires et de tout, hors le sommeil."

- Swinburne, dit Will en s'adossant au manteau de la cheminée. Mièvre et surestimé.

- Vous ne savez pas ce que c'est d'être immortel. (Magnus jeta le livre de côté et se redressa.) Qu'est-ce que vous voulez encore ?