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- Vous connaissez la phrase: "Il faut neuf mois pour faire un homme, et un seul jour pour le tuer". Nous l'avons su autant qu'on peut le savoir l'un et l'autre... May, écoutez: il ne faut pas neuf mois, il faut soixante ans pour faire un homme, soixante ans de sacrifices, de volonté, de... de tant de choses ! Et quand cet homme est fait, quand il n'y a plus en lui rien de l'enfance, ni de l'adolescence, quand, vraiment, il est un homme, il n'est plus bon qu'à mourir.
Afficher en entier" Les hommes ne sont pas mes semblables, ils sont ceux qui me regardent et me jugent, mes semblables, ce sont ceux qui m'aiment et ne me regardent pas, qui m'aiment contre la déchéance, contre la bassesse, contre la trahison, moi et non ce que j'ai fait ou ferai, qui m'aimeraient tant que je m'aimerais moi-même."
Afficher en entier- On peut tromper la vie longtemps, mais elle finit toujours par faire de nous ce que pour quoi nous sommes faits. Tout vieillard est un aveu, allez, et si tant de vieilleisses sont vides, c'est que tant d'hommes l'étaient et le cachaient. Mais cela même est sans importance. Il faudrait que les hommes pussent savoir qu'il n'y a pas de réel, qu'il est des mondes de contemplation - avec ou sans opium - où tout est vain...
- Où l'on contemple quoi ?
- Peut-être autre chose que cette vanité...C'est beaucoup.
Afficher en entier- Ne trouvez-vous pas d'une stupidité caractéristique de l'espèce humaine qu'un homme qui n'a qu'une vie puisse la perdre pour une idée?
- Il est très rare qu'un homme puisse supporter, comment dirais-je? sa condition d'homme.
Il pensa à l'une des idées de Kyo: tout ce pour quoi les hommes acceptent de se faire tuer, au-delà de l'intérêt, tend plus ou moins confusément à justifier cette condition en la fondant en dignité: christianisme pour l'esclavage, nation pour le citoyen, communisme pour l'ouvrier.
Afficher en entierTchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L'angoisse lui tordait l'estomac ; il connaissait sa propre fermeté, mais n'était capable en cet instant que d'y songer avec hébétude, fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond sur un corps moins visible qu'une ombre, et d'où sortait seulement ce pied à demi incliné par le sommeil, vivant quand même — de la chair d'homme.
Afficher en entierNon, mourir pouvait être un acte exalté, la suprême expression d'une vie à quoi cette mort ressemblait tant.
Afficher en entierDans le meurtre, le difficile n’est pas de tuer. C’est de ne pas déchoir. D’être plus fort que… ce qui se passe en soi à ce moment-là
Afficher en entier[Kyo] aurait combattu pour ce qui, de son temps, aurait été chargé du sens le plus fort et du plus grand espoir ; il mourrait parmi ceux avec qui il aurait aimé vivre ; il mourrait, comme chacun de ces hommes couchés, pour avoir donné un sens à sa vie.
Afficher en entier"Savez-vous, cher, que les femmes persanes, lorsque la colère les prend, battent leurs maris avec leurs babouches à clous? Elles sont irresponsables. Et puis, n'est-ce pas, elles retournent ensuite à la vie ordinaire, celle où pleurer avec un homme ne vous engage pas, mais où coucher avec lui vous livre - croyez-vous? - la vie où l'on 'a' les femmes. Je ne suis pas une femme qu'on a, un corps imbécile auprès duquel vous trouvez votre plaisir en mentant comme aux enfants et aux malades. Vous savez beaucoup de choses, cher, mais peut-être mourrez-vous être aperçu qu'une femme est /aussi/ un être humain. J'ai toujours rencontré (peut-être ne rencontrai-je jamais que ceux-là, mais tant pis, vous ne pouvez savoir combien je dis tant pis!) des hommes qui m'ont trouvé du charme, qui se sont donné un mal si touchant pour mettre en valeur mes folies, mais qui savaient si bien rejoindre leurs amis dès qu'il s'agissait de vraies choses humaines (sauf naturellement pour être consolés). Mes caprices, il me les faut non seulement pour vous plaire, mais même pour que vous m'entendiez quand je parle; ma charmante folie, sachez ce qu'elle vaut : elle ressemble à votre tendresse. Si la douleur avait pu naître de la prise que vous vouliez avoir sur moi, vous ne l'auriez même pas reconnue...
J'ai rencontré assez d'hommes pour savoir ce qu'il faut penser des passades : aucune chose n'est sans importance pour un homme dès qu'il y engage son orgueil, et le plaisir est un mot qui permet de l'assouvir plus vite et plus souvent. Je me refuse autant à être un corps que vous un carnet de chèques. Vous agissez avec moi comme les prostituées avec vous : 'Parle, mais paie...' ... Je suis /aussi/ ce corps que vous voulez que je sois /seulement/; bon, bon... Il ne m'est pas toujours facile de me défendre contre l'idée qu'on a de moi. Votre présence me rapproche de mon corps avec irritation comme le printemps m'en rapproche avec joie. A propos de printemps, amusez-vous bien avec les oiseaux. Et tout de même, la prochaine fois laissez donc les interrupteurs d'électricité tranquilles.
V..."
Afficher en entierJe n'aime pas l'humanité qui est faite de la contemplation de la souffrance.
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