Extraits

Rhage jeta un regard furieux par dessus son exemplaire du Caldwell Courrier Journal. Depuis son poste d'observation privilégié sur la canapé en cuir de V. et Butch, il voyait bien mieux qu'il n'aurait voulu Lassiter, torse nu, en train de faire joujou tout seul.

Au baby-foot, s'entend.

L'ange déchu se démenait comme un pro, se téléportant d'un cote à l'autre du plateau de jeu...en s'agonisant d'injures.

- Question, marmonna Rhage en replaçant sa jambe blessée. Est-ce que l'une de tes personnalités sait que tu es un putain de schizophrène ?

- Ta mère est tellement débile qu'elle croit qu'on peut passer un coup de fil avec de la monnaie de singe, s'invectiva Lassiter en se dématérialisant de nouveau pour reprendre forme de l'autre côté du baby-foot et faire tourner les barres adverses.

V. s'approcha et se laissa chuter sur la canapé comme un paquet.

- On appelle ça un trouble dissociatif de l'identité, Hollywood. Pas une schizophrénie.

Seigneur ! elle parlait de moins en moins comme une Élue, à force de jurer et d’utiliser un langage familier. Mais bon, elle avait de moins en moins l’impression d’en être une.

— Ohé ? Tu vas dire quelque chose ?

— Tu es sûre ?

— Pour l’amour de… Écoute, dis-le-moi, si tu veux que je m’en aille…

— Non. Je te veux sur le dos, dans mon lit, les jambes écartées et ma bouche partout sur toi.

Selena cessa de parler. De respirer. De réfléchir.

Il haussa un sourcil.

— C’est assez franc pour toi ? ou veux-tu que je recommence à faire semblant de ne pas penser au sexe à cet instant précis. Avec toi.

OK, ce fut à son tour à présent de rester muette. Et il éclata d’un rire dur.

— Ce n’est pas exactement ce que tu avais en tête, hein ? Je ne t’en veux pas. (Il tourna la poignée de la porte, ouvrit le battant, et, cette fois-ci, l’invita d’un geste à sortir.) Si tu veux poursuivre notre conversation, je te suggère de me laisser m’habiller et de se retrouver en territoire neutre.

Selena recula, ouvrit la bouche et tendit sa langue magique. Levant les yeux vers lui, elle se mit à le branler vigoureusement tout en léchant paresseusement l’extrémité de son sexe.

Trez tint bon, oh ! peut-être une seconde et demie. Et lorsque sa jouissance jaillit hors de lui, elle l’accueillit entièrement, avalant, suçant, reculant pour qu’il puisse lui marquer les lèvres et le visage. Seigneur Dieu ! il ne cessait d’éjaculer, le corps saisi d’une frénésie sexuelle sans fin tandis qu’il la marquait et la recouvrait de son odeur en un geste de possession primordial.

Défendre. Protéger. Aimer.

Tout était contenu dans cet espace sacré.

Elle est mienne.

Lorsqu’il s’immobilisa enfin, elle s’assit sur les talons puis, avec des gestes qui risquaient de le tuer à petit feu, se lécha le pourtour des lèvres. Elle leva les doigts, récupéra la trace glissante sur son menton, et suça ses phalanges l’une après l’autre pour les nettoyer. Puis elle baissa les yeux sur ses seins parfaits.

Le simple fait de songer à l'Elue lui fit fermer les yeux et rater une marche.

Mais il réprima aussitôt la douleur en lui. Car c'était soit cela, soit partir en vrille dans un trou noir. La bonne nouvelle ? Il avait passer beaucoup de temps ces neuf derniers mois à tenter de chasser Selena de son esprit, de ses émotions et son âme.

Il était donc rodé à ce genre d'exercice.

(CH.28 - P.302-303)

Poussant le battant pour entrer dans la salle d'examen, il...

- Oh, merde !

Il recula d'un bond dans le corridor, un bras posé sur ses yeux, en priant que ce qu'il venait d'apercevoir ne lui brûle pas définitivement la rétine.

Il y a des choses qu'on a pas besoin de savoir au sujet des gens avec qui on vit, peu importe combien on les aime.

Une fraction de seconde plus tard, V. ouvrit la porte, et le bruit que fit la fermeture Éclair de son pantalon en cuir lorsqu'il la remonta parut assourdissant.

- Elle va te recevoir, annonça-t-il d'un air détaché.

Comme si, deux secondes plus tôt, il n'était pas en train de défoncer sa shellane assise sur le bureau.

- Je peux revenir plus tard..., proposa Trez.

- Non elle est prête. Selena va mieux ?

- Je... euh... oui. Elle bouge, elle... bon, je l'emmène dîner ce soir.

V. sortit une roulée.

- Sans déconner. Où ça ?

Ça ne peut pas être fini, se dit-il.

Je ne suis pas prêt.

Je ne veux pas lui dire adieu.

Je ne peux pas la laisser partir ce soir.

Ça ne peut pas être fini...

- Ensemble, pour qu'elle puisse bien entendre.

- Va te faire foutre, la mort ! s'écria-t-elle. (Puis elle sourit largement.) Va te faire foutre, la mort !

Seigneur ! Ce devait être à cela que ressemblait une addiction, se dit-elle vaguement alors qu’elle serrait si fort le volant que ses articulations la brûlaient.

L’attrait de la drogue ou de la boisson… ou, dans son cas, de Xcor… était irrésistible. Et on n’éprouvait aucun plaisir à y céder, rien qu’une douloureuse culpabilité et un énorme dégoût de soi-même car on avait une fois de plus renié son instinct de survie et succombé à ce qui risquait fort de vous tuer.

Ou du moins, ruiner votre vie.

Mais que la Vierge scribe ait son âme, elle était incapable de renoncer à s’assurer que Xcor allait bien.

- Tu sais, je n’avais jamais pensé qu’il puisse y avoir un point positif à être atteint d’une maladie mortelle, murmura-t-elle.

- Qui est ? demanda-t-il, tendu.

Elle tourna les yeux vers lui.

- Cela fait disparaître la peur de dire ce que l’on pense vraiment. L’honnêteté peut être effrayante, à moins d’être confronté à quelques choses d’encore plus terrifiant en comparaison, comme la perspective de mourir.

Entre ! hurlait son coeur. Arrête ça, arrête ça avant que...

Silence.

Soudain le silence se fit.

Un bruit semblable au cri d'un animal blessé vibra dans sa gorge et s'échappa de ses lèvres. s'Ex serra le poing et en frappa si violemment la porte que des fissures dessinèrent un motif étoilé sur le point d'impact.