La dépendance

Une longue lettre égrène les épanchements d’une femme, ses confidences à un certain ami « Jeffers », supposé être un ami proche dont l’existence n’est jamais avérée. Pas d’échanges, ni de réponses.

La narratrice vit au bord d’un marais, isolée avec son deuxième mari, Tony. Une dépendance a été construite pour accueillir toutes sortes d’artistes. Sa fille, née d’une première union malheureuse, la rejoint avec son petit ami, Kurt. Quinze ans plus tôt, elle a découvert L, un peintre de renommée internationale dans une galerie à Paris. Ses œuvres l’on profondément touchée et sa vie a pris un tournant radical. Elle l’invite et il finit par se décider à venir, accompagné d’une jeune femme. Ces trois couples cohabitent plus ou moins bien.

Une voix silencieuse raconte cet épisode et s’épanche. Ses introspections tentent sans fin d’analyser ses traumatismes d’enfance, son existence d’adulte bousculée dans sa réelle personnalité, négligée par son entourage. Une féminité qu’elle manifestement jamais assumée, idéaliste dans l’âme. Vieillissante, elle se cache dans des vêtements informes, frustrée, invisible pour elle et les autres. Les autres, son gros problème. Elle tourne en rond, lymphatique, sans activité réelle. Elle dévoile de façon très floue sa vie, ses malaises quant à la vision d’un féminisme ancestral. Tout son univers tourne autour de son passé, nimbé d’une aura artistique. Elle-même s’est essayée à l’écriture, abandonnée sans plus d’explications. Son mal-être est omniprésent, le mépris affiché par le peintre la déstabilise. Leurs dialogues empreints, d’un certain sens créatif, accroissent des discussions de type quelque peu philosophique, assez singulières. Tout cela donne l’aspect d’une stylistique pompeuse. L’obsession pour ce peintre tourne à la névrose, l’auto apitoiement. Trop dépendante du regard de l’artiste, son attitude reste bien souvent équivoque. Malgré tout, elle a su m’émouvoir ave sa fragilité et sa susceptibilité à fleur de peau, constamment en attentes et toujours déçue.

Tout dans le récit flotte entre deux eaux, son atmosphère est nimbée de brouillard, jamais rien n’est entièrement dévoilé. Trop de questionnements quant au fondement réel des traumatismes. De temps en temps, le voile se lève légèrement et au loin, des brides se révèlent.

Pourtant, le paysage des marais, la mer si proche, tour à tour bénéfique et menaçante donne un ton intimiste et poétique au texte. Les descriptions nous plongent dans une nature préservée et protectrice.

Autre point fort, les questionnements sincères sur la maternité, les relations avec les enfants et la vie de couple. Beaucoup de pertinence.

Une lecture en demi-teinte, somme toute agréable et jamais ennuyeuse aux réflexions souvent intéressantes, en dépit de certaines redondances, un cadre accessoirement trop nébuleux.

« La dépendance » c’est une annexe à leur maison que Tony et M. ont construite. M. est une romancière d’une cinquantaine d’années et a fait de cette dépendance un lieu pour recevoir des artistes.

C’est L , peintre renommé mondialement, que M. admire et que M invite .

L. séjournera dans « la dépendance » mais tous le plans de M. sont contrariés : car L. ne vient pas seule mais avec une belle jeune femme et que Justine, la fille de M., vient aussi avec son compagnon, Kurt, et ils comptaient bien séjourner dans la dépendance.

Tout au long de ce roman que M. écrit à un certain Jeffers qui pourrait bien être un lecteur anonyme. On y lit les tourments de M, sa réflexion sur la société, les femmes et l’art, sur elle-même, ses pensées et surtout on est pris en tenailles dans cette relation toxique à six ou plutôt à trois couples et ce huis clos, de plus en plus oppressant, tant l’asymétrie entre L et M devient abyssale.

C’est bien « cette dépendance « qui est décrite par l’autrice et plus particulièrement celle de M. vis-à-vis de L.

C’est très bien écrit et les sujets abordés sont analysés, développé et soumis à notre avis par l’intermédiaire de Jeffers.

C’est un roman intéressant sur les relations humaines, le désir, la frustrations, les désillusions et la, soit disant, vocation artistique. Beaucoup de sujets sont traités avec profondeur comme la vie, la mort, être parent, la jeunesse….

Au début, j’ai failli refermer le livre et aller jusqu’au bout a été un peu fastidieux mais je ne le regrette pas. C’est un livre à lire par petites touches donc à relire.

Une belle découverte !

Livre dont l'écriture m'a saisi, description époustouflante de la psyché humaine, parfois obligée de repartir en amont pour comprendre certaines phrases de l'autrice

Personnages attachiants parfois et d'autres inébranlables, ravie d'avoir pu les rencontrer