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Il crie mais je suis plus forte que lui. Bien sûr que je devrais l'aimer au nom du vieux monde, mais tu me veux libre, non ? Tu verras, je te le promets, j'y arriverai mieux sans lui. Je serai heureuse. Regarde-moi.
Afficher en entierJe crois que je n’ai vu Georges, mon grand-père, qu’une seule fois.
Mon père nous avait fait venir : « Votre grand-père est là. Venez le saluer. » Je devais avoir 7 ou 8 ans. Je supposais que Georges arrivait à peine de Calédonie, où il avait dû continuer à vivre reclus et pestiféré. En réalité, il habitait Paris. Et il était là, en compagnie de mon propre père qui venait de divorcer de ma mère.
Quelle arme pour mon père ! Prendre pour allié celui que ma mère détestait. Quelle revanche pour mon grand-père, aussi ! Réhabilité par l’homme que ma mère avait tant aimé. Un juif, de surcroît ! Le maurrassien pardonné.
Ma mère m’avait prévenue : « Fais ce que tu veux, mon Camillou, mais je te le dis : il n’en vaut pas le coup. »
Afficher en entierC’est à cette époque, je crois, que les têtes du serpent ont commencé à se démultiplier. Difficile de dire exactement quand et comment.
Jusqu’à mes 20 ans, l’hydre n’était qu’un serpent. Le reptile a nourri ma sidération. Je n’étais nulle part. L’absence dans la présence. Plus rien ne m’intéressait. Je n’arrivais à faire aucun choix. Je préférais simplement ne pas être là. Surtout ne pas exister. M’inscrire à la fac de droit était une facilité. J’essayais d’être la même que les parents pour m’interdire de les critiquer. Comme ça. Des années enchaînées, lentement, sans aucun intérêt.
Puis l’hydre s’est incitée, elle a insisté, présenté de nouveaux traits. La tristesse s’est jointe à la stupéfaction première. S’y est ajoutée la colère. Tristesse pour ma mère, colère contre moi. Immense culpabilité d’exister.
Afficher en entierRien ne m’amarre. Je suis loin de moi, d’eux, comme droguée. Je ne m’attache à rien. Je suis dans mes pensées en permanence mais ma tête est vide. Avec le départ de mes frères, j’ai quitté la réalité. Je poursuis toujours le même rêve : me faire pardonner.
Afficher en entierChaque minute avec elle était un cadeau. Tout était intéressant. Tout me paraissait fondamental.
Afficher en entierEn rentrant de l’école, comme d’habitude, je rejoins Evelyne dans son bureau. Frapper, ouvrir la porte, surprendre le soleil. Le sourire de ma mère.
Afficher en entierJ’avais imaginé un soleil permanent.
Afficher en entierSanary, l’odeur, la lumière, le silence.
Sanary, les oliviers, les murets en pierre, la couleur ocre de la terre. Les cigales et la mer.
Sanary, ma respiration.
Afficher en entier19 heures, la petite entrée de l’appartement de ma mère. Là où le bonheur s’annonce toujours.
Afficher en entierLe sexe est un jeu, pas un enjeu !
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