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Extrait ajouté par Paraffine 2020-10-20T12:28:55+02:00

Je souris. Ils ne savent pas exactement pourquoi je suis là, mais moi je le sais très bien. On leur a dit que j’arrivais de Paris, que c’était une expérience intéressante d’enfermer une artiste toute une nuit dans le musée. Et ça a dû doucement les faire rire.

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Extrait ajouté par Paraffine 2020-10-20T12:28:25+02:00

Quand le portail a claqué dans mon dos, quelques instants auparavant, j’ai senti que j’entrais ailleurs, dans un espace clos et ouvert à la fois, dans ce jardin embrassé par le ciel criblé d’étoiles, avec au loin la bâtisse sombre du musée. C’est une belle maison reconstituée du XVIe siècle avec sa cuisine, son patio, ses meubles, ses instruments de musique, ses arbres, ses fontaines, son potager, ses herbes aromatiques. C’est un monde en soi, intime et accessible aux autres. Horaires stricts pour les centaines de touristes qui le parcourent chaque jour. Une nuit, une seule où je pourrai y déambuler loin de la foule. Il y a des pièces pour se cacher, des couloirs pour courir, une chapelle pour sortir le violon de son étui et écouter la résonance longue qui galopera sur la voûte et emplira mes oreilles.

Le violon pour faire vibrer l’espace vide, pour mettre en transe les particules de l’air, pour les mettre en danse afin que Doménikos me rejoigne. Et je ne doute pas de sa venue, comme il ne doute pas de mon désir. Mon seul désir.

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Extrait ajouté par Paraffine 2020-10-20T12:27:50+02:00

Juan me conseille d’utiliser la torche de mon téléphone pour me diriger dans le jardin. Il m’indique où sont les toilettes.

Là, un peu plus loin, il me montre du doigt une baraque. Il me dit aussi qu’il fera une ronde à l’intérieur du musée toutes les deux heures.

La première, à une heure du matin, me précise-t-il.

Il me sourit, tu vas jouer du violon ? J’ai l’impression que tu vas à une fête !

Je réponds oui, à tout.

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Extrait ajouté par Paraffine 2020-10-20T12:26:25+02:00

Doménikos vient de Crète, de Candie plus exactement, aujourd’hui Héraklion, une ville portuaire au cœur de la Méditerranée sous domination vénitienne depuis le XIIIe siècle. Un acte dressé par un notaire de l’île en 1566 confirme qu’il y travaille comme maître-peintre d’icônes dans la tradition byzantine orthodoxe, puisque Doménikos signe en bas du document : Maistro Ménegos Theotokópoulos, sgouraphos. Il a vingt-cinq ans, il vit dans la maison paternelle avec son frère Manoussos. Il est le seul artiste de la famille, les autres sont des commerçants. C’est ce que l’on croit savoir tout au moins, mais ce dont on est sûr, c’est que sa provenance lui a collé à la peau, qu’il l’a revendiquée. Il n’a jamais voulu qu’on oublie qu’il était crétois (krés). Il ajoutait souvent le nom de ce lieu à sa signature sur ses toiles.

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Extrait ajouté par dreamygirl 2023-06-26T08:21:39+02:00

El Greco, puisque c’est ainsi qu’il est connu, s’empare de la lumière à grands gestes, en quête d’invisibles, abandonnant sur sa route, avec un dédain certain, les incompréhensions de langage et les interdits de couleur.

Je t’aime, Doménikos, cette nuit, je te suivrai à dos de mule, j’arpenterai avec délices les sentiers de terres rouges de Castille, je traverserai l’embrasement de l’air sans complainte, pénitente comme il se doit, pénitente comme tu aimes,

à genoux, les yeux remplis de larmes.

Elles seront un coup de pinceau sur ma pupille dans la transparence de ta peinture blanche.

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Extrait ajouté par dreamygirl 2023-06-26T08:21:35+02:00

Doménikos vient de Crète, de Candie plus exactement, aujourd’hui Héraklion, une ville portuaire au cœur de la Méditerranée sous domination vénitienne depuis le XIIIe siècle. Un acte dressé par un notaire de l’île en 1566 confirme qu’il y travaille comme maître-peintre d’icônes dans la tradition byzantine orthodoxe, puisque Doménikos signe en bas du document : Maistro Ménegos Theotokópoulos, sgouraphos. Il a vingt-cinq ans, il vit dans la maison paternelle avec son frère Manoussos. Il est le seul artiste de la famille, les autres sont des commerçants. C’est ce que l’on croit savoir tout au moins, mais ce dont on est sûr, c’est que sa provenance lui a collé à la peau, qu’il l’a revendiquée. Il n’a jamais voulu qu’on oublie qu’il était crétois (krés). Il ajoutait souvent le nom de ce lieu à sa signature sur ses toiles.

Quand il s’installe à Tolède, après la fuite de Crète, après dix ans passés à Venise et Rome, après ses espoirs déçus de parvenir au zénith italien de la peinture, il est âgé de plus de trente-cinq ans. Et il n’essaie pas d’apprendre correctement le castillan. Non, il préfère s’exprimer avec un savant mélange de grec et de dialecte vénitien. Il teinte seulement ce mélange d’espagnol. On le comprend, et c’est suffisant. Ça lui permet de rester étranger en terre ibérique, d’avoir le verbe haut, de donner son avis dans une langue qui lui est propre. Ça ne mérite pas un effort supplémentaire, l’essentiel n’étant pas là, l’essentiel étant ce qu’il considère comme sa langue intime, une langue étrange, pour certains inintelligible : sa peinture. Il éprouve souvent un plaisir aigu à se savoir incompris, un sentiment puissant de supériorité sur celui qui décrypte une partie seulement de ce qui lui est montré, sur celui qui laisse hors de sa portée tout un monde.

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Extrait ajouté par dreamygirl 2023-06-26T08:21:24+02:00

Doménikos, je prie pour que tes mains soient aussi longues, aussi diaphanes, aussi éloquentes que celles que tu peins. Des mains qui, dans leurs mouvements, n’indiquent rien, qui prolongent le regard du personnage, en sont sa continuité expressive.

J’observe chacun des apôtres avec la torche de mon téléphone. La tache de lumière éclaire une petite zone de la toile laissant tout le reste se diluer dans l’obscurité. J’examine ainsi le tableau par fragments successifs, perdant toute idée d’ensemble, d’unité. J’essaie ensuite de reconstituer le puzzle dans mon esprit. Je n’y arrive pas.

Je prends quelques photos de détails pour ne pas oublier, mais le flash écrase la toile, la criblant d’éclaboussures blanches. J’aimerais me souvenir, retenir tous les instants de cette nuit, pouvoir y revenir demain et les jours suivants. Pouvoir y revenir toujours.

Quand tu seras là, Doménikos, il me faudra tout abandonner. Mes armes, l’écriture, le livre, l’espace que j’ai créé pour toi dans mon esprit. Une place de choix, mais sera-t-elle suffisante ? Je sais que tu ne viendras pas de si loin, même pour faire l’amour, si nous n’anéantissons pas nos temporalités respectives.

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Extrait ajouté par dreamygirl 2023-06-26T08:21:17+02:00

J’attends que les pas de Juan s’éloignent pour écouter l’eau qui s’écoule doucement des fontaines, le vent frémir dans les arbres. Puis, je referme la porte du musée derrière moi, je suis seule avec les tableaux, les caméras, et Doménikos qui est en chemin.

Je monte directement à la salle du haut où sont exposées la plupart de ses œuvres. Celles que j’ai vues plus tôt dans la journée en pleine lumière sont maintenant dans le noir. Seulement deux toiles sont encore éclairées. Je n’en reviens pas, je me demande pourquoi les gardes ont presque tout éteint. Pour des raisons de sécurité ? De conservation ? J’en perds mon latin. Je laisse tomber mon sac par terre. Comment examiner les apôtres dans la pénombre ?

Ils sont accrochés les uns à côté des autres sur un mur. Portraits en buste de douze hommes, chacun drapé de ses couleurs, de ses attributs, de son rôle, tous barbus, plus ou moins âgés, peints à l’huile sur toile, et qui devaient m’en dire plus sur Doménikos.

Il y a aussi, au fond de la salle, le célèbre Vue et plan de Tolède où la ville est peinte de manière très détaillée. Aucun éclairage sur ce tableau non plus. Impossible d’observer la restitution exacte qu’a faite le peintre.

J’avais espéré pouvoir fouiller ces tableaux en prenant mon temps, en prenant même une bonne partie de la nuit. À ma guise, à mon rythme, j’aurais exploré chacun des plissés, scruté leurs mains, mais je ne vois plus rien.

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Extrait ajouté par dreamygirl 2023-06-26T08:21:10+02:00

Juan me conseille d’utiliser la torche de mon téléphone pour me diriger dans le jardin. Il m’indique où sont les toilettes.

Là, un peu plus loin, il me montre du doigt une baraque. Il me dit aussi qu’il fera une ronde à l’intérieur du musée toutes les deux heures.

La première, à une heure du matin, me précise-t-il.

Il me sourit, tu vas jouer du violon ? J’ai l’impression que tu vas à une fête !

Je réponds oui, à tout.

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Extrait ajouté par dreamygirl 2023-06-26T08:21:06+02:00

Je suis émue.

Quand le portail a claqué dans mon dos, quelques instants auparavant, j’ai senti que j’entrais ailleurs, dans un espace clos et ouvert à la fois, dans ce jardin embrassé par le ciel criblé d’étoiles, avec au loin la bâtisse sombre du musée. C’est une belle maison reconstituée du XVIe siècle avec sa cuisine, son patio, ses meubles, ses instruments de musique, ses arbres, ses fontaines, son potager, ses herbes aromatiques. C’est un monde en soi, intime et accessible aux autres. Horaires stricts pour les centaines de touristes qui le parcourent chaque jour. Une nuit, une seule où je pourrai y déambuler loin de la foule. Il y a des pièces pour se cacher, des couloirs pour courir, une chapelle pour sortir le violon de son étui et écouter la résonance longue qui galopera sur la voûte et emplira mes oreilles.

Le violon pour faire vibrer l’espace vide, pour mettre en transe les particules de l’air, pour les mettre en danse afin que Doménikos me rejoigne. Et je ne doute pas de sa venue, comme il ne doute pas de mon désir. Mon seul désir.

Une nuit, une seule, avec lui.

Il n’y résistera pas. Pourquoi résister à l’amour ?

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