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Cet idiot sourit naïvement alors que je venais de me faire traiter d’étoile ! Leur plan approximatif en tête, les deux chasseurs amateurs se placèrent de chaque côté de la bête. D’un signe entendu du menton, ils lancèrent l’attaque.
Dionys courut se placer devant l’immense graoully qui louvoyait avec une étrange aisance entre les nombreux arbres. La femme agita sa hache à bout de bras pour attirer l’attention de l’animal. Celui-ci tourna la tête vers elle, sa langue bleue fourchue se glissant entre ses crocs pour goûter l’air. Ses gros yeux rouges jaugèrent sans amertume l’humaine, et préférèrent l’ignorer. La bête reprit son pas lent, soulevant des nuages de poussière à chaque mouvement. Puis un arôme dans le vent l’arrêta net. Celui du sang. Pas un sang ordinaire. Le sang d’un de ses enfants.
Afficher en entier— Par l’Orda, qu’est-ce que tu es ? beugla Dionys, les bras tremblants.
— Oh, une Ordalienne ? Je savais que tu étais une mauvaise fréquentation... soupirai-je en volant autour d’elle.
— De... quoi ?
Animée davantage par la peur que la colère, cette furie tenta de m’attraper à la gorge, mais ses doigts ne saisirent que du vide. Peu à peu, je m’effritai en un nuage de poussière d’étoiles sous ses yeux médusés. Puis je reformai derrière elle mon corps dans un autre éclat de lune. Cette sotte pensait pouvoir m’atteindre, moi ? Je caressais déjà ces terres bien avant que sa lignée vienne au monde. J’étais l’Esprit de la Lune, aussi belle qu’éternelle, aussi puissante que menaçante, aussi bienveillante que chatoyante !
— Tous les mêmes, les gens de ton espèce... narguai-je, sans même daigner la regarder.
Afficher en entierAprès un trop long voyage ensemble, Guibert et Dionys atteignirent Haronan, la cité de la jungle. Les bâtiments carrés en pierre beige s’extrayaient péniblement de la végétation. Les lignes droites de l’architecture se mêlaient à l’ondulation de la vie. Nouant nature et bâtisses, les lianes remontaient le long des façades ornées de sculptures de serpents. Les rues se pavaient autant de roches taillées que d’herbes sauvages. La cime des arbres unis aux charpentes des maisons offrait de l’ombre aux passants et cachait la cité à ses ennemis. Seuls les étages rectangulaires des pyramides osaient dépasser la végétation pour vénérer le soleil. Les deux aventuriers ne distinguèrent pas la frontière entre la jungle et la ville. Ils avancèrent dans les clameurs citadines mêlées aux chants des oiseaux. De nombreux orcs se côtoyaient et échangeaient fruits et viandes dans un désordre organisé. Ces géants à la peau verte s’harmonisaient parfaitement à cet environnement. Leur stature, d’une tête plus haute qu’un homme, pouvait soumettre cette nature impétueuse, mais en réalité, ils préféraient cohabiter avec.
Afficher en entierFace à l’inconnue se trouvait une effroyable créature à l’apparence de crocodile aux écailles colorées tel un arc-en-ciel et aux pattes de félins pour bondir sur ses proies. Un graoully. Les plus gros de cette race pouvaient ravager des villages entiers. Ces mastodontes à la peau impénétrable mesuraient jusqu’à deux mètres de haut, pour dix de long ! Celui-ci devait faire, tout au plus, une trentaine de centimètres. Peut-être seulement vingt ?
Afficher en entierDe hautes cimes filtraient en fils dorés la lumière venant baigner la terre brunie de cette jungle australe. Le cri redondant d’un toucan résonnait inlassablement derrière les branches et les lianes, se répercutant sur les troncs bouchant l’horizon. Entre la poussière et les feuilles desséchées, des colonnes d’insectes serpentaient en une vie mouvante et insaisissable. Enjambant ces rivières vivantes, des racines s’élevaient en arches parfaites, tels des vestiges d’une ancienne architecture végétale.
Une beauté nappée de mystères mortels.
Là était le merveilleux de cette nature sauvage. Chaque pas se faisait dans une perpétuelle découverte, parfois terrifiante. Précisément ce qui exaltait Guibert. Son cœur battait plus fort à chaque fois qu’il s’avançait à tâtons dans cette végétation. Une longue mèche blonde troublait sa chevelure châtain, comme sa silhouette dans ce paysage d’émeraude. Sa tunique couleur ciel se parait d’un veston noir écorché par les branches et les années. Non qu’il fût âgé, son visage en témoignait par ses traits lisses où trônait un gros nez. Un maigre défaut que ses yeux vairons éclipsaient sans mal. Un iris azur et un iris marron, au gré de mes envies.
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