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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-31T21:21:30+02:00

Cependant, juste sous mes yeux, s’alignaient sous la fenêtre les boîtes en bois de paulownia, fermées par une cordelière dorée. Et quand la soirée prendrait fin, ces boîtes qui recelaient les poupées partiraient dans la demeure lointaine de cet étranger de Yokohama… Et qui sait, elles s’en iraient peut-être jusqu’en Amérique… Assaillie par ces pensées, je n’y tins plus. Profitant que ma mère s’était assoupie, je m’éloignai de son chevet et me faufilai à l’intérieur du magasin. Bien qu’il fut particulièrement mal exposé, c’était incomparablement plus gai que l’intérieur du dozôy car au moins on y voyait l’animation de la rue. Lorsque j’arrivai, mon père était en train de vérifier les registres des comptes, et mon frère occupé dans un coin à piler dans un mortier de la racine de réglisse ou quelque chose de ce genre.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-31T21:21:23+02:00

Ce docteur Honma avait étudié la thérapie chinoise, et mon frère ne se gênait pas pour le traiter de charlatan à longueur d’année. Cette fois, dès que le médecin vit ma mère, il croisa les bras et prit un air dubitatif. Il diagnostiqua le charbon ou quelque chose de ce genre. C’est une infection bénigne, à condition de pouvoir pratiquer une incision, mais à cette époque on se contentait de faire prendre des infusions et d’appliquer des sangsues… Chaque jour, mon père venait au chevet de ma mère et lui préparait les décoctions que le médecin avait prescrites. Mon frère allait acheter pour quinze yens de sangsues. Quant à moi… j’allais prier le dieu Inari{10} près de la maison, en prenant bien garde que mon frère ne me voie pas, pour demander la guérison de ma mère. Je faisais cent fois le tour de l’enceinte, en joignant les mains à chaque passage. Il n’était évidemment pas question en de telles circonstances de proférer le seul mot de « poupées ». Pendant un certain temps même, personne ne jeta plus les yeux sur les trente boîtes en bois de paulownia rangées contre le mur, à commencer par moi.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-31T21:21:16+02:00

Sur ces entrefaites, vers la fin du mois, un jour de grand vent, ma mère déclara qu’elle ne se sentait pas bien et ne prit pas son petit déjeuner. Avait-elle pris froid ou était-ce à cause du bouton gros comme un grain de millet qui lui avait poussé à la lèvre inférieure, je ne saurais le dire. Après avoir mis de l’ordre avec moi dans la cuisine, elle reprit sa place devant la table-brasero et demeura immobile, la tête baissée, une main appuyée contre la tempe. Midi arriva bientôt. À un moment, elle leva la tête et c’est alors que je m’aperçus qu’elle avait la lèvre inférieure boursouflée et rouge, ni plus ni moins qu’une igname. D’ailleurs il suffisait de voir l’éclat anormal de ses yeux pour comprendre qu’elle avait une forte fièvre. J’étais affolée, vous vous en doutez. Je me précipitai comme une folle au magasin où se trouvait mon père. « Papa ! Papa ! Il est arrivé quelque chose à maman ! » Mon père… et, oui, je me souviens, mon frère aussi, accoururent dans la pièce du fond. Ils durent être frappés en voyant le visage de ma mère car même mon père qui d’ordinaire ne s’affole jamais resta pris de court et ne put proférer un mot pendant quelques instants. Au milieu de la stupeur générale, ma mère se força à sourire et dit : « Ce n’est rien, voyons. Je me suis seulement un peu grattée avec mon ongle… Je vais m’occuper du déjeuner.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-31T21:21:09+02:00

Ce soir-là, il fut décidé que les poupées seraient remises à l’Américain de Yokohama contre versement de la deuxième moitié de la somme. Pardon ? Vous voulez savoir à quel prix elles ont été vendues ? Quand j’y pense maintenant, la somme peut sembler dérisoire, puisque je crois me rappeler qu’elle s’élevait à trente yens. Mais compte tenu du coût de la vie de ce temps-là, c’était assurément une belle somme.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-31T21:20:55+02:00

Des larmes dans la voix, je fis mine de frapper à nouveau mon frère. J’avais totalement oublié la violence de son caractère. Avant que j’aie le temps d’abaisser mon bras, il m’envoya une gifle cinglante.

« Espèce d’idiote ! »

Inutile de vous dire que je me mis à pleurer. En même temps, ma mère donna un coup de règle sur la tête de mon frère. Celui-ci redressa immédiatement le buste et prit ma mère à partie. Mais elle ne se laissa pas intimider. D’une voix grave et tremblante, elle réprimanda mon frère qui lui tenait tête, et leur dispute dura un long moment.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-31T21:20:46+02:00

Sans prêter davantage attention à leur échange de paroles, je retournai à l’intérieur du dozô{8} qui nous servait d’habitation. La surface s’élevait peut-être à douze tatamis. C’était assez vaste donc, mais quand vous saurez que s’y alignaient commode et brasero, malles et étagères, vous comprendrez que l’endroit donnait l’impression d’un espace infiniment plus réduit. De tout ce qui occupait la pièce, c’étaient les trente et quelque boîtes en bois de paulownia brut qui attiraient immédiatement le regard. Il est, je crois, superflu de préciser que ces boîtes contenaient les poupées. On les avait empilées le long du mur, sous la fenêtre, de façon à pouvoir à tout moment les passer par l’ouverture qui était pratiquée de ce côté. Comme la lampe à huile avait été prise pour le magasin, le dozô n’était que vaguement éclairé par un andon{9} placé au milieu de la pièce… À la lumière de cette lampe d’un autre âge, ma mère cousait les petits sachets destinés à contenir les poudres et les tisanes, tandis que mon frère, assis devant une vieille table basse, consultait les livres en anglais dont je vous ai parlé. De quels livres il s’agissait, je ne saurais le dire. Ce soir-là, tout était donc comme à l’accoutumée. Mais lorsque machinalement je regardai ma mère, je remarquai au bord des cils de ses paupières baissées sur l’aiguille des larmes prêtes à couler.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-31T21:20:38+02:00

Après les salutations d’usage, il mit devant mon père l’argent enveloppé dans du papier. Ce versement partiel devait, je pense, faire partie du marché qui avait été conclu. Mon père posa seulement les mains à plat sur la table-brasero et s’inclina sans un mot. C’est à ce moment que, suivant les recommandations de ma mère, je vins servir le thé. Mais alors que je m’apprêtais à remplir les tasses, voilà Marusa qui lance brusquement d’une voix forte : « Ah non, pas de ça ! Il n’en est pas question ! » Me demandant si c’était à moi qu’il s’adressait, je restai un instant stupéfaite à l’idée qu’il refusait la tasse de thé que j’allais lui servir, quand je remarquai un autre petit paquet d’argent posé devant lui.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-31T21:20:31+02:00

Le lendemain du jour où la promesse de vente avait été conclue, Marusa vint le soir à la maison, à son retour de Yokohama.

J’ai dit « maison » mais je dois préciser qu’à la suite du troisième incendie, il avait été hors de question de reconstruire ce qui avait brûlé. C’est donc le bâtiment en pisé à l’épreuve du feu qui servait d’habitation à toute la famille, et nous utilisions en guise de magasin une construction de fortune. Il faut que je vous dise aussi qu’à cette époque, nous nous étions brusquement lancés dans la pharmacie, et on avait posé au-dessus du meuble où l’on enfermait les remèdes une enseigne qui portait, gravés en lettres d’or, les noms de médicaments les plus divers : pastilles Shôtoku, tisanes, potions contre l’eczéma des nourrissons, le tout éclairé par une lampe à huile qui ne s’éteignait jamais… Mais j’imagine que cela ne vous dit rien. Eh bien, ce qu’on appelait alors une « lampe éternelle », un quinquet si vous préférez, c’était un système d’éclairage qu’on utilisait autrefois, qui marchait à l’huile de colza à la place du pétrole. Vous allez rire, mais encore maintenant, quand je sens l’odeur des plantes médicinales telles que l’écorce de mandarine séchée ou la rhubarbe, je ne peux m’empêcher d’évoquer cet ancien système d’éclairage. Ce soir-là aussi flottait une odeur de pharmacie, et la lampe éclairait faiblement potions et onguents d’une lueur diffuse.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-31T21:20:23+02:00

Sur ces entrefaites, un antiquaire dénommé Marusa suggéra à mon père de vendre les poupées… Il est mort à présent, mais je me rappelle, il avait le crâne chauve. Passe pour la calvitie, mais ce qui était drôle, c’est qu’il avait juste au milieu du crâne un tatouage, qui était aussi noir que la pommade qu’on passe sur les égratignures. À ce qu’il paraît, il se l’était fait faire dans sa jeunesse pour dissimuler l’endroit où il manquait des cheveux, mais comme il n’avait pas prévu que la calvitie allait s’étendre, il ne lui était plus resté à la fin que le tatouage au sommet du crâne ! C’est ce que l’intéressé lui-même se plaisait à raconter… Quoi qu’il en soit, mon père éprouvait certainement de la compassion à mon égard (je n’avais que quinze ans à l’époque) car Marusa avait beau le presser, il hésitait à se séparer des poupées.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-07-31T21:20:15+02:00

Voici l’histoire qu’une vieille femme m’a contée.

… Promesse fut donc faite de céder les poupées{2} vers le mois de novembre à un Américain de Yokohama. Ma famille, qui porte le nom de Kinokuniya, avait assuré de génération en génération le rôle de créancier auprès des daimyôs{3}, et mon grand-père qui, je crois, s’appelait Shichiku, était un homme versé dans les divertissements. Au mépris de la modestie qui devrait nuancer mes paroles, force m’est de dire que ces poupées, mes poupées donc, étaient d’une très belle façon. Quand je vous aurai dit que la guirlande qui entourait le diadème de l’Impératrice était incrustée de corail et le brocart de la ceinture de l’Empereur tissé aux armoiries des jours ordinaires en alternance avec celles que l’on réserve aux jours de cérémonie, vous pourrez vous faire une idée de la qualité du travail de l’artisan qui les avait façonnées.

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